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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital du pianiste Richard Goode au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
L’art de dire
Par la densité et l’intériorité de son jeu, le pianiste américain Richard Goode, assez peu connu de ce côté-ci de l’Atlantique, a rappelé au public du Théâtre des Champs-Élysées qu’il s’inscrivait dans la plus grande tradition des interprètes du clavier moins sensibles à l’apparence qu’à la justesse du style.
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À voir et entendre Richard Goode dès qu’il s’installe au piano, on a intuitivement le sentiment qu’il va se passer quelque chose d’incomparable. Peu connu en France – il n’y a d’ailleurs pas donné de concert depuis trois ans – le pianiste américain est un monstre sacré – son enregistrement des 32 sonates de Beethoven est une référence aux États-Unis – que le public parisien, sans doute par méconnaissance, ne situe pas à la hauteur de son immense talent. Issu d’une tradition qui remonte à Schnabel, Serkin et Horszowski, à 65 ans, Goode est un pianiste dont l’art est au service des œuvres qu’il défend avec une conscience d’honnête homme, remettant sans cesse l’ouvrage sur le métier.
Son Bach – celui que vénérait précisément Chopin – fuit toute idée de système – le Prélude et Fugue en ut majeur BWV 870 comme les Inventions à trois voix ont une simplicité naturelle – car le pianiste n’est pas Glenn Gould et il ne cherche pas à hypnotiser l’auditeur. S’il le capte, c’est par d’autres moyens : par un art du chant, une attention à la polyphonie qui plonge au plus profond des partitions – la Sonate au clair de lune de Beethoven est d’une perfection à couper le souffle –, dégageant l’important de l’accessoire, le bon grain de l’ivraie.
À cet égard, il a une manière très personnelle d’aborder Chopin (4e scherzo, Polonaise op. 44, Quatre Mazurkas, Impromptu n° 2 op. 36) qui rappelle par bien des aspects la pâte sonore de Mieczyslaw Horszowski, avec un contrôle qui n’interdit pas la passion et une capacité à fouiller les partitions pour leur faire rendre l’inouï. Il serait dommage, à en juger par la qualité du récital en hommage à Chopin donné au TCE, que l’on attende encore des années – comme ce fut le cas jadis d’Arrau – pour s’apercevoir de sa maîtrise hors pair.
Il représente en effet une exception culturelle dans un monde où la flamboyance et les effets de manche sont monnaie courante – comme la dernière prestation dans le cadre de Piano**** de Yundi Li salle Gaveau le 5 mai, plus brillante qu’émouvante. Une leçon à méditer.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 14/05/2008 Michel LE NAOUR |
| Récital du pianiste Richard Goode au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Bach, Beethoven, Chopin
Richard Goode, piano | |
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