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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de la Staatskapelle de Dresde sous la direction de Myung-Whun Chung, avec la participation du pianiste Lars Vogt au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Standing ovation pour Dresde
C’est à Pleyel que l’on voit d’habitude Myung-Whun Chung diriger le Philharmonique de Radio France dont il est le patron. Exception ce jeudi, le maestro coréen était au TCE à la tête de la Staatskapelle de Dresde, pour un concert à marquer d’une pierre blanche. Depuis Karajan, on n’avait pas entendu une 5e de Beethoven d’une telle intensité.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 29/05/2008
Nicole DUAULT
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De la Staatskapelle de Dresde, Karajan disait qu’elle avait « l’éclat du vieil or ». Elle l’a montré avec une telle magnificence que Chung, à la fin du concert, rejoignant le public, demanda aux spectateurs de se lever pour saluer l’orchestre. Cette standing ovation était bien méritée, pas seulement pour célébrer une phalange qui entre dans le sixième siècle de son existence, mais pour rendre hommage à une prestation exceptionnelle.
La Staatskapelle possède une sonorité allemande bien à elle qui fait fi de l’uniformité si répandue en ces temps de mondialisation. Cette sonorité est reconnaissable dès la première pièce que Chung avait mise au programme : les Offrandes oubliées, œuvre de jeunesse d’Olivier Messiaen. Dans la tension suspendue du dernier mouvement, avec ces cordes subtilement émouvantes, l’orchestre nous entraîne davantage vers Wagner que chez le Messiaen poétique et rigoriste auquel on est habitué.
On songe alors à l’Enchantement du Vendredi Saint. Messiaen aimait Wagner sur lequel il avait donné tant de conférences. Chung, très attaché à Messiaen qui lui dédia sa dernière composition, paraît hyper sensible à cette fusion étonnante. Il faut dire que Wagner, Weber, Strauss ont tellement imprégné l’orchestre qu’il en est marqué à jamais.
Lumière dans la nuit, miroitement d’espérance dans le drame, le 20e concerto pour piano de Mozart, le seul en ré mineur, tonalité du Requiem et de l’ouverture de Don Giovanni, est l’un des plus joués. Fascinant, il hisse l’auditeur au summum du sentiment tragique de la vie. Tourné vers l’orchestre dont il s’imprègne de l’atmosphère fiévreuse, le soliste est l’Allemand Lars Vogt, récitaliste accompli, pas assez connu à Paris. Dans la romance, il suspend le temps à travers les murmures d’une mélodie rêveuse. En bis, il donnera un nocturne de Chopin qui prolongera la même atmosphère méditative et intériorisée.
Une 5e de Beethoven ciselée comme jamais
Après l’entracte, la Staatskapelle est à son comble. C’est peu dire que la 5e symphonie de Beethoven fait vibrer corps et âmes la centaine de musiciens. Beethoven fait intrinsèquement partie d’eux : cordes somptueuses, charnelles et subtiles, clarinettes inspirées, cors en état de grâce, on a l’impression d’entendre chaque note ciselée comme jamais.
L’orchestre possède si bien la partition que certains se demandent quelle est la part du chef. Ceux qui ne l’aiment pas – ils sont légion parmi les critiques – récriminent : « pas difficile de conduire une Rolls Royce ! ». Yeux fermés, gestique qui fait souvent songer à celle de Karajan à la fin de sa vie, Chung intervient à chaque instant dans ce magnifique édifice si bien architecturé, ne serait-ce qu’en accentuant les silences et en infléchissant la formation vers une interprétation plus intense et plus spectaculaire.
On a l’impression d’entendre la 5e non comme une symphonie mais chaque timbre chantant comme les personnages d’un opéra. En bis, Chung donne à l’orchestre l’occasion de jouer son must : l’ouverture du Freitschütz, que Weber en personne créa avec cette formation. Elle jubile, et nous aussi.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 29/05/2008 Nicole DUAULT |
| Concert de l’Orchestre de la Staatskapelle de Dresde sous la direction de Myung-Whun Chung, avec la participation du pianiste Lars Vogt au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Olivier Messiaen (1908-1992)
Offrandes oubliées
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour piano et orchestre n° 20 en ré mineur K. 466
Lars Vogt, piano
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie n° 5 en ut mineur, op. 67
Sächsische Staaskapelle Dresden
direction : Myung-Whun Chung | |
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