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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Nouvelle production de Porgy and Bess de Gershwin mise en scène par Robyn Orlin et sous la direction de Wayne Marshall à l’Opéra-Comique, Paris.

Porgy pris au piège
© Elisabeth Carecchio

La mode des chorégraphes-metteurs en scène d’opéra attire le public. Elle peut aussi avoir ses inconvénients. Celui notamment d’enfermer le spectacle dans un système d’images et de gestes répétitifs et vite lassants. Le nouveau Porgy and Bess présenté salle Favart et vu par Robyn Orlin le montre hélas clairement.
 

Opéra Comique - Salle Favart, Paris
Le 02/06/2008
GĂ©rard MANNONI
 



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  • Le grand metteur en scène Peter Stein avait certainement raison lorsqu’il affirmait que la mise en scène d’opĂ©ra est une affaire de spĂ©cialistes, Ă©ventuellement abordable par certains hommes du théâtre dramatique lorsque le livret s’y prĂŞte. Il citait par exemple PellĂ©as et MĂ©lisande, Don Giovanni, Wozzeck, certains Wagner, mais guère plus.

    Confier n’importe quoi à n’importe qui pour faire nouveau est un comportement qui a depuis longtemps envahi le monde de l’opéra. Pour une réussite de temps à autres, on a constaté surtout énormément d’échecs, ou au mieux d’approximations. Le dernier cri en la matière est de faire appel aux chorégraphes à la mode. Là encore, une réussite ne fait pas le printemps, et les limites d’un langage inadapté, voire linéaire, sont vite atteintes.

    C’est ce que l’on constate avec ce Porgy and Bess confié à la Sud-africaine Robyn Orlin, dont le travail sur Haendel au Palais Garnier ne manquait ni d’intérêt ni d’impact. Mais il s’agissait d’un tout autre ouvrage, d’un autre lieu, d’un métissage entre danseur et chanteurs, entre vidéo et théâtre, avec William Christie et les Arts Florissants dans la fosse. Dans le cadre beaucoup plus exigu de la salle Favart, avec un ouvrage beaucoup plus anecdotique racontant une vraie histoire jouée par de vrais personnages, le système Orlin affiche ses limites.

    Même si cette tournette aérienne est astucieuse, on se lasse vite d’y voir une nouvelle fois projetées des images des ghettos de Johannesburg ou autres qui captent l’attention tandis que se déroule en dessous une action réduite à une gestuelle de type chorégraphique sans vrai travail sur les personnages, à l’exception de Sportin’Life, à la limite de la caricature.

    La flamboyance des costumes très colorés sur fond de cyclo blanc n’évoquent, en outre, aucunement le contexte social qui est au cœur de l’œuvre. Les projections sur un drap amovible qui remplacent bébé, cercueils et autres accessoires ne sont pas une mauvaise idée, mais elles sont à peine lisibles tant ledit drap est en permanence froissé et mal manipulé. Alors tout le monde bouge en cadence, comme à un concert de Gospel.

    Reconnaissons que quelques images sont réussies, notamment celle du pique-nique, même si cette dernière est une reproduction à peu près conforme d’une scène de Revelations d’Alwin Ailey ! D’ailleurs, on sent que Robyn Orlin se trouve à l’étroit sur cette scène, car elle tente de l’agrandir en faisant à plusieurs reprises intervenir des protagonistes dans la salle, ce qui n’est ni très nouveau ni très efficace.

    Déferlement de décibels

    Côté musique, on trouve incontestablement de belles voix, de vraies voix d’opéra. C’est le point fort du spectacle, avec notamment la Serena d’Angela Renée Simpson et la Clara de Laquita Mitchell. Les hommes sont bien, mais il faut reconnaître que l’ensemble, et surtout l’orchestre, est extrêmement bruyant, trop pour la taille du lieu. Les finesses si magnifiques de la partition orchestrale disparaissent dans un déferlement ininterrompu de décibels.

    On pourra dire que c’est une approche de comédie musicale américaine, mais la majorité de ces dernières sont traitées sur place avec plus de subtilité. Ajoutée à l’uniformité des images scéniques qui ne parviennent ni d’ailleurs ne cherchent à différencier les lieux ou les moments de l’action, on a un peu l’impression d’un spectacle package très manichéen, et non d’un vrai travail en profondeur sur la partition, les personnages et les multiples messages – sociaux, psychologiques, politiques – de l’œuvre, dans un micro univers où le rêve côtoie la plus sordide réalité, où l’espoir vit avec le désespoir, où bons et méchants s’affrontent en restant à leur manière solidaire, unis par la même misère, où le seul rayon de soleil est l’indéfectible capacité d’amour de Porgy.

    Tout cela est exprimé dans l’œuvre de manière très subtile, dans un équilibre qui tient compte de ces contradictions, et que les images et le son très monolithiques de ce spectacle ne traduisent que de façon ponctuelle et fragmentaire. Dommage !




    Opéra-Comique, jusqu’au 20 juin




    Opéra Comique - Salle Favart, Paris
    Le 02/06/2008
    GĂ©rard MANNONI

    Nouvelle production de Porgy and Bess de Gershwin mise en scène par Robyn Orlin et sous la direction de Wayne Marshall à l’Opéra-Comique, Paris.
    Porgy and Bess
    Opéra en trois actes de George Gershwin, DuBose Heyward, Dorothy Heyward et Ira Gershwin (1935)

    Coproduction avec le Théâtre de Caen et le Festival international de Musique et de Danse de Grenade.

    The Atlanta Opera Chorus
    The World Symphony
    America's Orchestral Academy
    direction : Wayne Marshall
    mise en scène : Robyn Orlin
    scénographie : Alexandre de Dardel
    costumes : Olivier BĂ©riot
    Ă©clairages : Marion Hewlett
    vidéo : Philippe Lainé
    préparation des chœurs : Walter Huff

    Avec :
    Kevin Short (Porgy), Idira Mahajan (Bess), Daniel Washington (Crown), Angela Renée Simpson (Serena), Laquita Mitchell (Clara), Bonita Hyman (Maria), Eric Greene (Jake), Jermaine Smith (Sportin’Life), Chauncey Packer (Mingo), Calvin Lee (Peter / The Goney Man), Barron Coleman (Robbins), Uzee Brown Jr . (Frazier), Justin Lee Miller (Jim / Untertaker), Angela Owens (Annie), Pamela Dillard (Lily), Maria Clark (Strawberry Woman), Mel Foster (Nelson), Timothy Boyd Miller (Crab Man), Clement Ishmael (Jasbo Brown), Dominic Gould (Detective), Tercelin Layr Kirtley (Mr Archdale), Maxime Tortelier (Coroner).

     


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