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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Variations Goldberg de Bach par la claveciniste Céline Frisch dans la série des Grands Interprètes à la salle Molière, Lyon.
Variations de caractère et de phrasé
Jouer les Variations Goldberg en concert représente toujours une gageure pour quelque interprète que ce soit tant l’ampleur de la partition n’admet la moindre faiblesse de jeu ni de ressources interprétatives. Le problème se pose d’autant plus pour le clavecin, aux effets plus limités que le piano moderne.
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Gagner l’adhésion d’un auditoire n’est pas chose simple pour un claveciniste tant son instrument requiert des ressources expressives particulières ; défendre les Variations Goldberg s’impose d’autant plus comme un défi. La sûreté technique à elle seule ne suffit pas mais doit nécessairement s’ajouter à un sens inné de la caractérisation.
Céline Frisch défend dès l’Aria introductive un Bach lyrique, fluide, où la clarté des lignes apparaît comme un ressort expressif autant que l’inégalisation d’accords presque arpégés. En résulte une conception élastique du phrasé comme du temps musical, qui contraste astucieusement avec des moments plus mécaniques dans le débit rythmique ; le déploiement des lignes reste une clef de cette interprétation. L’Aria reste cependant sous-tendue par cette même respiration, lente et profonde, et la même pièce clôturant également cette arche fabuleuse, cette seule respiration suffit à donner une cohérence et une unité à cet univers en soi.
Au sein de l’œuvre, la claveciniste joue de la légèreté des gigues et de la clarté des rythmes de danse, cultivant la diversité de la texture de l’instrument par l’usage de différents jeux. Malgré une évidente maturité technique, elle commet un certain nombre d’impairs, trop nombreux pour les passer sous silence, sans pour autant que ceux-ci n’entament la charpente de l’ensemble. Le jeu du clavier reste toutefois volubile, d’une virtuosité presque joueuse ou alors dans des envolées enflammées d’une fulgurance bien sentie.
Maîtres mots au clavecin, les jeux rythmiques et d’articulations brossent autant de caractères différents, jusqu’à apposer un cachet sonore pour chaque pièce. L’inspiration de Céline Frisch séduit diversement voire ne suscite ici pas toujours l’adhésion, à l’image de l’articulation intentionnellement boiteuse, presque fantasque des trilles de la 14e variation. En revanche, elle s’épanche avec plus de bonheur dans les passages lyriques de la 15e où chaque phrasé mûrement posé et senti creuse l’œuvre dans sa profondeur sonore et expressive.
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Salle Molière, Lyon Le 22/05/2008 Benjamin GRENARD |
| Variations Goldberg de Bach par la claveciniste Céline Frisch dans la série des Grands Interprètes à la salle Molière, Lyon. | Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Variations Goldberg
CĂ©line Frisch, clavecin | |
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