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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de la Staatskapelle Berlin sous la direction de Daniel BarenboĂŻm au Teatro Coliseo, Buenos Aires.
Barenboïm maître sur ses terres
La visite de l’enfant prodige adulé par tout un peuple était sans aucun doute le grand événement de ce début de saison à Buenos Aires. Deux concerts, aux programmes différents, le premier dans l’immense Luna Park, le deuxième au Coliseo, désormais bien connu pour servir de salle de remplacement en cette période de rénovation du Teatro Colón.
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Nous n’avons malheureusement pu assister qu’au deuxième concert de Daniel Barenboïm à Buenos Aires, celui où le chef d’origine argentine et la Staatskapelle de Berlin interprétaient les Variations de Schönberg et la 9e symphonie de Bruckner.
Chacun s’est mis sur son trente et un, la haute société de Buenos Aires se réunissant pour ce concert aux tarifs prohibitifs. Les manteaux de fourrure et les parures de bijoux sont inhabituellement de sortie pour un concert portène. Il faut dire que Barenboïm est l’enfant chéri du pays, lui qui est né sur les bords du Rio de la Plata avant de partir pour Israël. A l’instar de Carlos Gardel, Fangio, Astor Piazzola ou Maradona, il fait figure de gloire nationale et est traité comme tel en demi-dieu.
Au vu de ce concert, c’est amplement mérité. D’une part, la maîtrise technique de l’orchestre berlinois est à couper le souffle, d’une précision chirurgicale, avec un son d’une netteté époustouflante. D’autre part, son chef ose avec un programme plutôt exigeant et dirigé avec force et puissance.
La première partie, avec les Variations pour orchestre op. 31 de Schönberg, courtes et efficaces à la fois, sert de mise en jambes pour le public. Le premier violon, Wolf-Dieter Batzdorf, est excellent, irréprochable à tout instant et pris dans l’interprétation au point de casser plusieurs crins de son archet au cours du concert. Ces variations, première œuvre symphonique construite sur les normes du modèle dodécaphonique, semblent toutefois assez arides pour la salle, qui ne se laisse pas encore totalement emporter.
Cela viendra après l’entracte, avec la 9e symphonie de Bruckner, dans sa version originale inachevée. L’orchestre y fait alors véritablement parler la poudre, dans une interprétation pleine de puissance, tout en gardant cette finesse germanique qui aura ébloui Buenos Aires ce soir, malgré la médiocrité de l’acoustique du Teatro Coliseo. Rien à redire sur des instrumentistes au-delà de toute réserve, en saluant tout particulièrement la teneur des cuivres, cinglants, bruts et précis. Vingt minutes de standing ovation n’étaient pas de trop pour saluer cette performance.
Il faut dire que le contraste était assez flagrant avec les quelques concerts qui ont eu lieu depuis le début de l’année dans le cadre des célébrations du centenaire du Teatro Colón, où un certain manque de préparation confinant souvent à l’amateurisme n’a guère satisfait un public habitué à bien mieux. Le théâtre commence à terriblement à manquer.
Heureusement, le temps d’un soir, le tumulte autour des travaux du Colón était oublié, et si actuellement la scène musicale portène laisse à désirer, on a vu avec ce concert que ce n’est pas par manque de talents prestigieux.
Dimanche, à la fin de son concert au Luna Park, devant environ quatre mille personnes et retransmis en direct à la télévision, Daniel Barenboïm avait pris le micro pour rappeler son attachement à ce théâtre et pour dénoncer le retard des travaux, avant de reprendre sa baguette pour jouer l’hymne national.
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Teatro Coliseo, Buenos Aires Le 02/06/2008 Arthur RICHER |
| Concert de la Staatskapelle Berlin sous la direction de Daniel Barenboïm au Teatro Coliseo, Buenos Aires. | Arnold Schönberg (1874-1951)
Variations pour orchestre op. 31
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie n° 9 en ré mineur
Staatskapelle Berlin
direction: Daniel BarenboĂŻm | |
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