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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Liederabend de Christine Schäfer accompagnée au piano par Ingo Metzmacher au festival de Salzbourg 2008.

Salzbourg 2008 (7) :
Romantisme et contrition

© Oliver Hermann

Programme original et bien conçu pour un Liederabend décevant où Christine Schäfer, abandonnée par le piano inexistant d’Ingo Metzmacher, se débat dans une recherche de lyrisme superflue et inadéquate à ses moyens vocaux, sacrifiant la littéralité et le naturel de l’émission aux mirages du gros son.
 

Haus fĂĽr Mozart, Salzburg
Le 21/08/2008
Thomas COUBRONNE
 



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  • Si le pari du programme est d’une certaine manière tenu, et qu’il ressort quelque chose de tout Ă  fait intĂ©ressant de cette intrusion du sacrĂ© du XVIIIe siècle dans le romantisme mâtinĂ© de mĂ©diĂ©val et de mysticisme de Lieder de Mahler et Wolf excellemment choisis, la rĂ©alisation reste en revanche assez problĂ©matique.

    Il y a, bien sûr, la musicienne Schäfer, son sens du phrasé, son intelligence du texte, son application à le restituer d’une manière sensible. Malheureusement, on est dérangé ce soir par les perpétuels défauts d’une émission qui semble devenir poussive alors qu’elle n’était que facilité il y a encore quelques années. Nous ne voulons pas ici enfoncer le clou, ni esquisser un tableau plus noir que nature ; mais enfin la voix bouge, la justesse est souvent courte – le haut médium – et la ligne de souffle toujours en péril, sans pour autant que le volume ou la projection en soient améliorés.

    C’est comme si la soprano avait Ă  cĹ“ur de dĂ©guiser sa voix en un instrument plus lourd, plus chaleureux, qui ne lui convient pas et dans lequel s’épuisent des ressources naguère d’autant plus gĂ©nĂ©reuses qu’elles Ă©taient spontanĂ©es. Fatigant, ce « ou Â» profond qui tend Ă  remplacer systĂ©matiquement toutes les voyelles Ă  partir du passage ; laborieuse, cette couverture anticipĂ©e dès le bas mĂ©dium ; inexpressive, cette seule voix blanche pour varier la couleur au grĂ© du texte.

    Un piano d’une absence criante

    D’autant que le piano impalpable – cela du moins doit lui être accordé – de Metzmacher est d’une absence criante et d’une platitude à écraser les plus beaux reliefs d’une musique passionnante. Pas un accent, pas une articulation franche – sauf le dernier accord du programme, ne soyons pas injuste, qui annonce avec une soudaine brusquerie le moment d’applaudir –, pas une couleur qui ne soit alanguie, pas un phrasé qui ne sombre dans un rubato affecté et négligent – on jurerait un exercice de déchiffrage où le pianiste prend le temps de poser chaque accord difficile à jouer ou à lire.

    Il ressort de là quelques moments de grâce – O Röschen rot, apparemment si céleste qu’un spectateur en a perdu pied et a laissé tomber on ne sait trop quoi avec tant de naturel que Schäfer elle-même en a sursauté –, de surréalisme – les Bach où la voix étonnamment alourdie donne l’impression d’une Walkyrie accompagnée par un piano plus plat que tout ce qu’on peut imaginer de plus caricatural des années 1920 – ou de lyrisme – Wolf qui n’empêche pas un spectateur inspiré de laisser sonner deux fois son téléphone à quelques secondes d’intervalle.

    Mais le plus souvent, c’est avec engagement que Schäfer se débat entre un piano fantomatique et une voix qui essaie vainement de se faire trop épaisse, perdant l’intelligibilité du texte et une admirable légèreté naturelle qui ressurgit ici ou là. Dommage !




    Haus fĂĽr Mozart, Salzburg
    Le 21/08/2008
    Thomas COUBRONNE

    Liederabend de Christine Schäfer accompagnée au piano par Ingo Metzmacher au festival de Salzbourg 2008.
    I – Gustav Mahler (1860-1911)
    Erinnerung
    Rheinlegendchen
    Verlor’ne Müh
    Ich ging mit Lust
    Wer hat dies Liedlein erdacht ?

    II – Johann Sebastian Bach (1685-1750)
    Liebster Herr Jesu, wo bleibst du so lange ? (Strophe 1)
    Gustav Mahler
    Das irdische Leben
    Johann Sebastian Bach
    Liebster Herr Jesu, wo bleibst du so lange ? (Strophe 2)
    Gustav Mahler
    Wo die schönen Trompeten blasen
    Johann Sebastian Bach
    Bist du bei mir, geh’ ich mit Freuden
    Gustav Mahler
    Urlicht (O Röschen rot)

    III – Hugo Wolf (1860-1903)
    Drei Lieder nach Gedichten von Eduard Mörike :
    Schlafendes Jesuskind
    Auf ein altes Bild
    Karwoche
    Vier Lieder aus dem Spanischen Liederbuch :
    Die ihr schwebet
    Ach, des Knaben Augen
    Müh’voll komm’ ich und beladen
    Wunden trägst du, mein Geliebter

    IV – Hugo Wolf
    Sieben Lieder nach Gedichten von Eduard Mörike :
    Auf einer Wanderung
    Frage und Antwort
    Im FrĂĽhling
    Zitronenfalter im April
    In der FrĂĽhe
    An den Schlaf
    Neue Liebe

    Christine Schäfer, soprano
    Ingo Metzmacher, piano

     


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