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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise de Louise de Charpentier mise en scène par André Engel, sous la direction de Patrick Davin à l’Opéra de Paris.
Louise en manque de style
Proche du vérisme à la française, Louise de Gustave Charpentier exige une distribution capable de faire oublier le réalisme daté d’une œuvre qui eut son heure de gloire. La reprise de la production d’André Engel, dirigée avec beaucoup d’élan par Patrick Davin, ne réussit pas à convaincre pleinement par la faute de certains interprètes peu en phase avec ce style à mi-chemin entre Bizet et Massenet.
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Avec Louise, tout est affaire d’équilibre et de justesse. Comment, dans une société où le désir d’individualité l’emporte, comprendre ces personnages d’un autre âge proches, par leurs préoccupations, de l’univers de Zola qui peut paraître suranné et à mille lieues de cette mondialisation si éloignée du sentiment collectif prolétarien ?
Le metteur en scène André Engel a bien senti – hors du cliché des midinettes – tout le sens de cette histoire d’amour entre Louise et Julien, le charme des scènes d’ensembles et le poids moral judéo-chrétien qui pèse sur la société de l’époque. Pourtant, loin de l’image de carte postale du Paris montmartrois, quelque chose semble artificiel dans ces décors comme agencés les uns à la suite des autres, malgré une présence théâtrale prégnante et une véritable atmosphère.
Servie heureusement par la direction du chef belge Patrick Davin, bien plus souple et vivante que celle de Cambreling lors de la série de représentations passée, dynamique, construite et d’une belle plasticité, cette Louise ne bénéficie hélas pas – du moins lors de la dernière représentation – d’un plateau vocal d’une totale authenticité stylistique et surtout d’une clarté de diction appropriée.
Dans le rôle-titre, la Canadienne Guylaine Girard, qui succède à Mireille Delunsch, paraît en deçà de ce que l’on est en droit d’attendre – français incompréhensible, aisance scénique honorable mais sans rayonnement, difficultés à se mouvoir dans le registre aigu. Cette carence apparaît même dans le fameux air flatteur Depuis le jour où je me suis donnée.
En revanche, en Julien, le ténor italien Luca Lombardo a la vaillance sinon la jeunesse et surtout un phrasé et une prononciation d’une belle évidence dès le I. En Père de Louise, Alain Vernhes n’est pas aussi suggestif que jadis José van Dam – la colère au IV était un sommet théâtral –, il gagne en qualité de timbre et surtout en projection de la voix avec une tendresse qui contraste avec l’ampleur vocale de la Mère, la mezzo américaine Jane Henschel, plus probante dans les rôles straussiens et wagnériens que dans la demi-teinte spécifique à la musique française. Incompréhensible par ses vociférations tenant parfois du sabir, elle occupe l’espace mais semble à contre-emploi vocal même si la puissance en est impressionnante.
Les rôles secondaires sont bien tenus, en particulier le Chiffonnier de René Schirrer, le Chansonnier de Jason Bridges et plus encore les couturières qui, au deuxième tableau du II, dans l’atelier de confection, chantent et jouent une scène d’anthologie. En dépit d’un intérêt évident – celui de ne pas oublier ce qui fut un chef-d’œuvre admiré de nos grands-parents mais aussi de Mahler qui le fit connaître à Vienne en 1904 –, au sortir de cette Louise, le sentiment de frustration prédomine.
Cette réalisation qui réserve de beaux et bons moments laisse une impression d’inachèvement, sans doute car l’homogénéité des voix n’est plus aujourd’hui un facteur déterminant dans la mise en œuvre des spectacles lyriques.
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Opéra Bastille, Paris Le 12/07/2008 Michel LE NAOUR |
| Reprise de Louise de Charpentier mise en scène par André Engel, sous la direction de Patrick Davin à l’Opéra de Paris. | Gustave Charpentier (1860-1956)
Louise, roman musical en quatre actes (1900)
Livret du compositeur
Chœurs et Orchestre de l’Opéra national de Paris
direction musicale : Patrick Davin
mise en scène : André Engel
décors : Nicky Rieti
costumes : Chantal de La Coste Messelière
éclairages : André Diot
chorégraphe : Frédérique Chauveaux
dramaturgie : Dominique Muller
préparation des chœurs : Allessandro Di Stefano
Avec :
Guylaine Girard (Louise), Luca Lombardo (Julien), Jane Henschel (La mère), Alain Vernhes (Le père), Marie-Paule Dotti (Irma), Natacha Constantin (Camille), Anne Salvan (Gertrude / la laitière / la glaneuse), Elisa Cenni (L’apprentie / la plieuse / une petite chiffonnière), Laurence Collat (Elise), Adriana Simon (Blanche), Letitia Singleton (Suzanne), Cornelia Oncioiu (Marguerite / la Reine de Paris / la balayeuse), Daniela Encheva (Madeleine), Caroline Bibas (Un apprenti), Thomas Morris (Un noctambule / le pape des fous / le marchand d’habits), René Schirrer (Un chiffonnier), Jason Bridges (Un chansonnier), Bartiomiej Misiuda (Un colleur d’affiches / le bricoleur / premier et deuxième gardien de la paix), Myoung-Chang Kwon (Un bohème), Hyoung-Min Oh (Un peintre), Rodrigo Garcia (Un philosophe), David Fernandez-Gainza (Deuxième philosophe), Shin Jae Kim (Un jeune poète), Hyun-Jong Roh (Un étudiant), Pascal Meslé (Un sculpteur), Marie-Cécile Chevassus (La rempailleuse), Joumana Amiouni (La marchande d’artichauts), Fernando Velasquez (Le marchand de carottes), François Bidault (Le marchand de chiffons). | |
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