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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam sous la direction de Daniele Gatti à l’Auditorium de Dijon.
Une clarté miraculeuse
Somptueuse rentrée symphonique à l’Auditorium de Dijon, avec la venue du parangon des orchestres néerlandais, le Concertgebouw d’Amsterdam. Une formation divinement sonnante sous la baguette de Daniele Gatti dans une Pastorale de Beethoven du plus limpide classicisme et un Concerto pour orchestre de Bartók de premier plan.
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Chaque escale à l’Auditorium de Dijon est l’occasion de redire à quel point la Bourgogne a précisément la salle de concert qui manque à Paris : un espace moderne et vaste où les tutti les plus fracassants ne provoquent jamais une miette de saturation, une salle high-tech avec de la place pour les jambes, des fauteuils tout confort et une température idéale, loin des habituelles fournaises.
Mais un auditorium ne fait pas tout, et serait insuffisant sans une programmation digne de ce nom. Même sans les moyens faramineux de la capitale, Dijon a toujours su créer un événement symphonique par saison. Nous serons ressorti pour notre part de celui-ci beaucoup plus emballé que lors du précédent passage du même orchestre avec Riccardo Chailly il y a sept ans.
Placé sous les feux de l’actualité par son début de mandat à la tête de l’Orchestre national de France, qui l’a choisi pour succéder à Kurt Masur, Daniele Gatti est un chef inégal et laissant rarement indifférent, souvent intéressant dans sa démarche, parfois suprêmement inspiré – le Parsifal de cet été à Bayreuth –, parfois calamiteux – la prestation lucernoise avec les Wiener Philharmoniker.
En cet après-midi d’automne, dans la Symphonie pastorale de Beethoven, le chef italien fait acte de la plus belle majesté, dirigeant très peu, parfois d’un seul geste pour deux mesures complètes, avec une main gauche sollicitant les violons d’une manière élégante et expressive. Une interprétation d’un classicisme et d’un équilibre absolus, sans excentricités ni effets de loupe, toujours attentive, à la manière italienne, à ne jamais laisser s’enliser le discours.
Manquerait seulement un rien de précision rythmique dans la mise en place du fait de l’ampleur de la battue, et donc des premiers violons plus synchronisés. Avec une formation opulente en nombre d’exécutants sinon en définition sonore, les graves ronronnent paisiblement, malgré l’étrange idée de confronter huit violoncelles seulement aux six contrebasses. Mais avec les Néerlandais, jamais cette assise n’est synonyme de noirceur ou d’épaisseur comme chez les Berliner.
Gatti dirige avant tout les cordes, avec quelques impulsions qui auraient parfois tendance à faire presser les instrumentistes. Et si la Scène au bord du ruisseau coule avec prestesse, et l’Allegretto final sans une once de retenue ou de solennité pré-brucknérienne, la Réunion joyeuse de paysans traîne rustiquement, et l’Orage, dramatique juste le nécessaire, passe vraiment comme une parenthèse dans une lecture alerte qu’on pourrait qualifier de viennoise.
Splendeur sonore
Après l’entracte, toujours de mémoire, Gatti défend un Concerto pour orchestre de Bartók d’un geste unifié, soignant au maximum les transitions et ménageant idéalement les ruptures de climat, de métrique d’une partition souvent taxée de composite. La sonorité d’ensemble reste claire, les contours bien définis, les arêtes saillantes. D’une rare splendeur sonore, le Concertgebouw a tout loisir d’étaler la somptuosité de ses timbres – les bois –, la vigueur de ses cordes et l’excellence de certains pupitres – la trompette génialement aiguisée et nette de Petr Masseurs.
Refusant toute angoisse indélébile, l’Élégie joue au contraire de nuances dans l’infiniment petit, de mystère vaporeux, et de traînées sonores à la manière d’une voie lactée. Et si les développements du Finale voient la battue un rien fléchir, les traits d’ironie de l’Intermezzo interrotto et l’humour du Jeu de couples font mouche à pareil degré de caractérisation. Un après-midi symphonique de tout premier plan, prolongé en bis par un Nimrod des Variations Enigma d’Elgar aux cordes à pleurer, dans une salle dont les Parisiens feraient bien de venir goûter les délices.
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Auditorium, Dijon Le 05/10/2008 Yannick MILLON |
| Concert de l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam sous la direction de Daniele Gatti à l’Auditorium de Dijon. | Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie n° 6 en fa majeur op. 68 « Pastorale » (1808)
BĂ©la BartĂłk (1881-1945)
Concerto pour orchestre (1944)
Koninglijk Concertgebouworkest
direction : Daniele Gatti | |
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