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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich sous la direction de David Zinman, avec la dernière apparition parisienne du pianiste Alfred Brendel à la salle Pleyel, Paris.
Une page se tourne…
Avec cet ultime concert parisien d’un Alfred Brendel qui poursuit sa tournée d’adieux, c’est une page de la grande histoire pianistique de notre époque qui se tourne. L’immense pianiste avait choisi de jouer le Concerto Jeunehomme de Mozart avec l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich. Une soirée d’exception à Pleyel.
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L’événement était bien sûr cette ultime apparition d‘Alfred Brendel devant le public parisien qui l’acclame depuis tant d’années grâce à la série Piano**** d’André Furno. La salle Pleyel est plus que comble, ce qui est normal, d’autant que l’orchestre à lui seul valait le déplacement. Adieux tout en nuance et en subtilité pour l’Autrichien, avec le très populaire 9e concerto de Mozart. Que dire qui n’ait jamais été dit et redit sur l’art de ce géant du piano ?
Brendel n’a jamais rien joué comme les autres. Il a toujours apporté au répertoire fort vaste qu’il a pratiqué et où la musique germanique a tenu la première place la richesse d’une sensibilité à fleur de peau exceptionnelle. On a vécu avec une lui une sorte de métaphysique de l’instrument, un rapport à la fois purement physique et totalement intellectuel, osmose bien rare et quasiment unique dans cette dimension.
La réflexion, l’analyse, la culture ont toujours tenu une place importante dans son art, mais en même temps, c’était l’art d’une écorché vif, sensibilisé à une myriade d’impressions intimes totalement subjectives et imprévisibles. Un chemin vraiment personnel dans le répertoire mais totalement exaltant, sans nouveau, enrichissant pour l’auditeur.
Alors, ce concerto de Mozart, mené dans ce climat miraculeux, avec un orchestre zurichois absolument magique de son, de présence, de finesse et d’intelligence, est en tout point à la hauteur des circonstances. Deux bis effleurés, discrets, nostalgiques, un geste de la main, et Brendel est une ultime fois happé par les coulisses de cette salle aux multiples avatars.
Le concert, sous la baguette sans concessions de David Zinman, chef titulaire depuis treize ans de l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich, l’une des plus belles salles européennes, avait commencé par la très attrayante pièce de Berio Quattro versioni originali della « Ritirata notturna di Madrid » di Luigi Boccherini, sorte d’habile démonstration d’orchestration colorée, légère comme une belle bulle scintillante, construite en un savant crescendo-decrescendo bien original.
En deuxième partie, la 1re symphonie de Mahler permet au chef et à ses musiciens de rappeler qu’ils tiennent une place primordiale parmi les meilleures interprètes européens. Sonorité magnifique de tous les pupitres, maîtrise impressionnante des cuivres et des bois mis à rude épreuve dans cette œuvre mais toujours sonnant beau, expressif, musical, et vaste vision d’ensemble de la partition.
Un Mahler dans une lumière franche ponctuée de zones d’ombres, dans une dynamique magistralement pensée et ordonnée. Entre son Opéra qui multiplie les succès de haut niveau et cet orchestre, la ville de Zurich est décidément bénie des muses !
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Salle Pleyel, Paris Le 06/10/2008 Gérard MANNONI |
| Concert de l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich sous la direction de David Zinman, avec la dernière apparition parisienne du pianiste Alfred Brendel à la salle Pleyel, Paris. | Luciano Berio (1925-2003)
Ritirata notturna di Madrid (1975)
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour piano et orchestre n° 9 en mib majeur KV 271 « Jeunehomme » (1776)
Alfred Brendel, piano
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 1 en ré majeur « Titan » (1888)
Orchestre de la Tonhalle de Zurich
direction : David Zinman | |
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