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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise de Rigoletto de Verdi dans la mise en scène de Jérôme Savary, sous la direction de Daniel Oren à l’Opéra de Paris.
Le meilleur de la routine
Énième reprise du Rigoletto de Jérôme Savary à la Bastille et plutôt une bonne surprise à l’arrivée, grâce à une mise en scène sage et lisible mais toujours vivante et à un plateau de belle constitution, sinon grâce à la direction très superficielle et inutilement agitée de Daniel Oren. Une soirée verdienne tout à fait honorable.
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On ne s’attardera pas sur la mise en scène souvent reprise du Rigoletto de Jérôme Savary, d’un grand classicisme et sans vertige intellectuel, mais d’une parfaite intégrité qui a au fond quelque chose de rassurant à l’heure du tout expérimental.
Sans parler de génie de la direction d’acteurs, les situations sont parfaitement crédibles et le spectacle, plutôt vivant, se regarde avec un certain plaisir, notamment grâce à l’immense décor de ruines sur plateau tournant qui offre de nombreuses possibilités dramatiques, et au parti pris de faible éclairage qui anticipe d’entrée de jeu le sombre dénouement de l’intrigue inspirée de Victor Hugo.
Dans la fosse, Daniel Oren s’agite beaucoup, accumule grands gestes et moulinets qui ne font pas pour autant une interprétation plausible de la partition. Trop expédiée, trop superficielle, sa battue a pour effet de lisser le drame et d’affaiblir le rendu des quelques épisodes vraiment explosifs. La routine dans ce qu’elle a de moins attrayant.
En revanche, le plateau présenterait plutôt ladite routine sous son meilleur jour, c’est-à -dire celui d’une soirée lambda avec des interprètes solides et sérieux mais aucune prestation digne de figurer dans les annales de la maison. On pourrait presque exclure de cette catégorie la Gilda ravissante d’Ekaterina Syurina, timbre d’une exceptionnelle luminosité, avec une couleur à la Janowitz dans le médium, une délicatesse et un soin de l’émission et des intentions musicales qui lui valent la plus belle acclamation aux saluts.
On retombe d’un cran avec le Duc de Mantoue de Stefano Secco, beau ténor clair mais au haut-médium curieusement émis, à la mezza voce détimbrée et au volume plutôt modeste, généreux en négligence des attaques mais se surveillant crescendo en cours de soirée : d’un Questa o quella bien raide à un Ella mi fu rapita plus maîtrisé, à un La Donna è mobile d’une belle homogénéité.
Véritable phénomène avec son physique de Rigoletto plus vrai que nature, Ambroggio Maestri est un bouffon au timbre idoine mais d’une totale irrégularité dans le maintien comme dans l’art vocal. D’une émission insolente et d’un authentique pathétisme dans Pari siamo, d’éclats admirablement projetés, il sombre dans une justesse chaotique dans les ensembles, dans un style débraillé et des aigus poussifs, avant de se ressaisir dans un Cortigiani, vil razza à l’éclat très italien.
Un Comte de Monterone sonore et noir mais sans grand rayonnement, un Sparafucile un peu anonyme mais au grave somptueux, d’excellentes Maddalena et Giovanna complètent une distribution d’un bon niveau et achèvent de faire de cette reprise l’illustration de ce que la routine peut avoir de meilleur au théâtre lyrique.
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Opéra Bastille, Paris Le 28/10/2008 Yannick MILLON |
| Reprise de Rigoletto de Verdi dans la mise en scène de Jérôme Savary, sous la direction de Daniel Oren à l’Opéra de Paris. | Giuseppe Verdi (1813-1901)
Rigoletto, opéra en trois actes (1851)
Livret de Francesco Maria Piave d’après le Roi s’amuse de Victor Hugo
Chœurs et Orchestre national de l’Opéra de Paris
direction : Daniel Oren
mise en scène : Jérôme Savary
décors : Michel Lebois
costumes : Jacques Schmidt & Emmanuel Peduzzi
Ă©clairages : Alain Poisson
préparation des chœurs : Alessandro Di Stefano
Avec :
Stefano Secco (Il Duca di Mantova), Ambroggio Maestri (Rigoletto), Ekaterina Syurina (Gilda), Kristinn Sigmundsson (Sparafucile), Varduhi Abrahamyan (Maddalena), Cornelia Oncioiu (Giovanna), Carlo Cigni (Il Conte di Monterone), Igor Gnidii (Marullo), Jason Bridges (Matteo Borsa), Yuri Kissin (Il Conte di Ceprano), Claudia Galli (La Contessa), Anna Wall (Paggio della Duchessa), Jian-Hong Zhao (Usciere di corte). | |
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