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CRITIQUES DE CONCERTS 22 décembre 2024

Dernier volet de la Trilogie du diable au Grand Théâtre de Genève, avec les Contes d’Hoffmann d’Offenbach mis en scène par Olivier Py et sous la direction de Patrick Davin.

Trilogie du diable (3) :
Hoffmann rafle tout

© GTG / Isabelle Meister

Conclusion en apothéose pour la Trilogie du diable présentée par le Grand Théâtre de Genève, avec des Contes d’Hoffmann qu’Olivier Py débarrasse de leurs oripeaux boulevardiers sans pour autant sombrer dans l’intellectualisme. Une distribution excellente comme on en a rarement entendu et la direction idéale de Patrick Davin complètent un véritable sans-faute.
 

Grand Théâtre, Genève
Le 09/11/2008
Yannick MILLON
 



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  • Après un FreischĂĽtz moyen mais qui parvenait tout de mĂŞme Ă  questionner, une Damnation de Faust aux images marquantes, la mise en scène des Contes d’Hoffmann par Olivier Py passerait presque pour un classique. Exit la violence, le trash, on ne gardera ici qu’un Ă©rotisme sporadique pour secouer un peu le spectateur.

    Car hormis les faunes dénudés qui font office d’esprits de la bière, une Olympia crûment livrée au voyeurisme de la bonne société et un acte de Venise où se mêlent sexes confondus les corps dans une lascivité chorégraphiée très bien assortie aux moiteurs de la lagune, on ne voit guère ce qui pourrait heurter les âmes même particulièrement sensibles.

    Le plus important reste que Py réussit le pari de faire oublier les Contes d’Hoffmann de pacotille mille fois portés sur scène au ras de pâquerettes au petit QI, en conférant une vraie noblesse à ce chef-d’œuvre qui est bien un opéra, sans pour autant sombrer dans une relecture au dixième degré.

    On retiendra notamment l’idée poétique de la ressemblance de toutes les femmes dont Hoffmann tombe amoureux, comme si par-delà leurs différences, c’était l’« éternel féminin », celui vanté par le Faust de Goethe, idéalement reproduit ici sous les traits de Louise Brooks, qui lui était vital. Il est d’ailleurs jusqu’au fantôme de la mère d’Antonia d’apparaître sous les traits de la Lulu américaine.

    Le metteur en scène sait aussi, dans une scénographie éminemment seria, distiller la juste dose de buffa pour obtenir un parfait équilibre des composantes de la dramaturgie, mêler comique et tragique dans une direction d’acteurs au cordeau, en dressant une savoureuse galerie de portraits.

    Marc Laho (Hoffmann) / © Isabelle Meister

    Autre élément de poids, une distribution proche de l’idéal, qui confirme de surcroît une qualité de préparation au français qu’on ignore de plus en plus souvent dans les grandes salles hexagonales, et qui vaut même aux infortunés privés de surtitrage de suivre sans le moindre effort le texte d’un bout à l’autre de la représentation.

    Égarons-nous quelques instants dans un catalogue à la Leporello : toujours impeccable, le Luther en Bacchus à gros bidon de René Schirrer ; suprêmement caractérisé, le Schlémil de Bernard Deletré ; un peu exotique mais admirablement couinant, le Spalanzani de Francisco Vas ; touchant par son paternalisme bougon, le Crespel de Gilles Cachemaille ; loin de toute ruine vocale, la mère d’Antonia d’une Nadine Denize défiant les ans ; sans oublier les quatre valets bien différenciés d’Éric Huchet.

    Les rôles principaux ne sont pas en reste. S’il n’a pas la voix du bon Dieu des grands diables d’antan, Nicolas Cavallier campe quatre personnages démoniaques tout en sournoiserie, avec une distinction de gentilhomme tirant les ficelles et embobinant son monde l’air de rien.

    Plus approximative de diction que le reste du plateau, l’Antonia de Rachel Harnisch compense des moyens modestes par une finesse d’intentions qui confère à sa cantatrice un réel potentiel expressif. En Giulietta, conformément à la mise en scène, Maria Riccarda Wesseling fait presque l’effet d’une furie sans une once de charme vénéneux, pure créature assoiffée de sexe, et avec volontarisme.

    D’une belle présence dans un rôle souvent ingrat, Stella Doufexis réussit tant la Muse que Nicklausse, avec un instrument qui peut tout tenter, du murmure enjôleur au lyrisme franc, d’un grave juste assez ouvert à un aigu d’une superbe flamme. On se souviendra aussi du sauvetage in extremis de l’Olympia aphone de Patricia Petibon par une Jane Archibald gonflée à bloc et faisant claquer jusqu’au contre-sol des coloratures au laser parmi les plus impressionnantes depuis Natalie Dessay.

    Un Hoffmann dans le plus pur style français

    Qu’on nous pardonne enfin un accès cocardier devant l’Hoffmann francophone dans le plus pur style du Belge Marc Laho. Dans un emploi si souvent confié à des bêtes de scène, prétexte à des déchirements tristanesques, on applaudit cette émission haute et claire, cette ligne de chant équilibrée, cette diction dont on ne manque pas une syllabe. Et qu’importe la relative légèreté des moyens devant une élégance et une sobriété qui sont un baume après l’histrionisme de tous les Shicoff de la terre !

    Une leçon qu’on désespérait de réentendre un jour, la même que donne en fosse la baguette de Patrick Davin, qui partage l’ennoblissement sans prétention d’Olivier Py à la scène, dans une lecture trouvant en permanence le tempo giusto et défendant admirablement la version déjà caduque de Fritz Oeser. Après les errements de John Nelson, l’Orchestre de la Suisse romande retrouve des couleurs idoines et une sonorité d’ensemble attrayante.

    À l’heure des comptes, ces Contes sont bien, dans une Trilogie du diable parmi les événements lyriques majeurs de la saison 2008-2009, la production qui rafle tout.




    Grand Théâtre, Genève
    Le 09/11/2008
    Yannick MILLON

    Dernier volet de la Trilogie du diable au Grand Théâtre de Genève, avec les Contes d’Hoffmann d’Offenbach mis en scène par Olivier Py et sous la direction de Patrick Davin.
    Jacques Offenbach (1819-1880)
    Les Contes d’Hoffmann, opéra fantastique en cinq actes (1881)
    Livret de Jules Barbier et Michel Carré

    Version de Fritz Oeser, avec emprunts à l’édition Choudens

    Coproduction avec le Théâtre de Caen

    Chœur du Grand Théâtre
    Orchestre de la Suisse romande
    direction : Patrick Davin
    mise en scène : Olivier Py
    décors et costumes : Pierre-André Weitz
    préparation des chœurs : Ching-Lien Wu

    Avec :
    Marc Laho (Hoffmann), Stella Doufexis (La Muse / Nicklausse), Nicolas Cavallier (Lindorf / Coppélius / Miracle / Dapertutto), Éric Huchet (Andrès / Cochenille / Frantz / Pitichinaccio), Jane Archibald (Olympia), Rachel Harnisch (Antonia), Maria Riccarda Wesseling (Giulietta), Nadine Denize (la mère d’Antonia), Francisco Vas (Spalanzani), Bernard Deletré (Schlémil), René Schirrer (Luther), Gilles Cachemaille (Crespel), Bisser Terziyski (Nathanaël), Romaric Braun (Hermann), Delphine Beaulieu (Stella).

     


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