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CRITIQUES DE CONCERTS |
22 décembre 2024 |
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Première à l’Opéra de Lorraine de la Cenerentola de Rossini mise en scène par Stephan Grögler, sous la direction de Paolo Olmi.
PĂ©tulante Cendrillon
Que du bonheur ! Cette formule naïve et agaçante s’applique pourtant parfaitement à La Cenerentola de Rossini programmée en cette fin d’automne par l’Opéra de Lorraine à Nancy. Onirique, comique et grinçante, la production pétulante d’énergie de Stephan Grögler pétille à l’image des contes de Cendrillon dont elle est d’assez loin adaptée.
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Le merveilleux dans l’opéra de Rossini jaillit plus de la musique et du chant que de l’intrigue. C’est ce merveilleux absent que le metteur en scène suisse Stephan Grögler rajoute dans la Cenerentola. Le plateau ressemble à une brocante hétéroclite et à une chambre d’enfants jonchée de poupées et de jouets. Sur son lit d’enfant, Angelina (Cendrillon) et ses sœurs lisent des histoires à se faire peur et à rêver.
La chambre se transforme en forêt magique et surgissent des personnages de contes de fée : un petit chaperon rouge poursuivi par un grand méchant loup, Alice au pays des merveilles, les sept nains. Ils s’effacent quand apparaissent un prince, un palais avec des lustres aux cristaux étincelants, des valets à la française portant des perruques poudrées. Nous voilà dans le conte !
À peine : anachronisme désopilant, une armée de paparazzi, sortant de l’Hollywood des années 1930, flashent à tout va. Pas de pantoufle de vair, un simple bracelet. Quand Cendrillon revêt sa robe pour le bal, celle-ci est portée par les nains de Blanche-Neige. Enfin, clin d’œil aux opéras populaires qu’aimait tant Rossini, les portes claquent comme dans tout bon vaudeville. Tout cela s’enchaîne avec esprit entre caricature, dérision et attendrissement.
À la baguette, le chef Paolo Olmi, alerte, mène son orchestre à un train d’enfer, se jouant de tous les pièges de cette partition si difficile. Roulades, arabesques, les chanteurs s’en donnent à cœur joie. La distribution est dominée par le drolatique Don Magnifico de Donato di Stefano, qui s’est fait cette année une spécialité de ce rôle puisqu’il l’a déjà chanté à la Monnaie de Bruxelles. Excellent Alidoro également de la basse Nicolas Testé.
Du côté des chanteuses, Natacha Kowalski (Clorinda) et Blandine Folio-Peres (Tisbe) s’amusent dans leur emplois de harpies frénétiques. La déception, en ce soir de première, vient de la mezzo Violetta Radomirska (Angelina), apparemment intimidée, mal à l’aise dans ce vent de folie et hésitant entre mièvrerie, sentimentalisme et sérieux.
Cette production créée à Lausanne en 2001 est passée par Angers-Nantes. Quand une mise en scène est de cette qualité, il est indispensable qu’elle voyage. Le public de Lausanne est différent de celui de Nantes ou de Nancy. Il est dommage que Paris ne dispose pas d’une salle où l’on puisse importer les grandes productions des régions. Jean-Pierre Brossman avait initié au Châtelet un Festival des Régions. Cette initiative a été malheureusement interrompue, elle montrait pourtant combien est créative la province.
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