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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise sous la direction de Mariss Jansons au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Le grand style
À chacune de ses apparitions parisiennes, Mariss Jansons est désormais assuré d’un triomphe. Ce concert de dimanche soir au TCE avec l’Orchestre de la Radio Bavaroise n’aura pas dérogé à la tradition, tant pour un Mozart vigoureux que pour un Bruckner chanté jusqu’à la dernière double croche. Le grand style dans tout son faste.
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Jansons est-il en train de devenir le chef symphonique préféré des mélomanes parisiens ? Il y a de multiples raisons de le croire, à voir l’accueil triomphal que lui réserve le public de la capitale à chacune de ses nouvelles apparitions, que ce soit à la tête du Philharmonique de Vienne, du Concertgebouw d’Amsterdam, ou ce soir de l’Orchestre de la Radio bavaroise.
Technicien d’orchestre abbreuvé à la science des plus grands, bosseur acharné, le Letton a de surcroît le triomphe modeste et l’attitude un rien réservée qui ont su au fil des ans séduire un large public. Pour autant, Jansons ne comptera sans doute jamais parmi les monstres sacrés, en raison d’une certaine irrégularité qu’avait si bien soulignée en 2002 une série de trois concerts lucernois à la tête des Wiener, d’un certain manque de personnalité dans des lectures parfois trop sages et policées.
Pour autant, voilà bien un chef à qui l’on ne reprochera sans doute jamais le bâclage d’une préparation, ou la complaisance nombriliste de tant de petits maestri de notre époque qui se croient grands. Ce soir, c’est d’ailleurs sous le meilleur jour que se présente en première partie l’actuel patron du Bayerischer Rundfunk, dans une Symphonie Linz de Mozart classique de facture mais d’une vitalité, d’une exubérance assez inattendues.
Les archets, dominants comme dans toute lecture hors des sentiers baroquisants, s’en donnent d’ailleurs à cœur joie, particulièrement dans les levées rubato, à la viennoise, d’un Menuet très chaloupé, et dans les syncopes toujours bien courtes et pleines de vigueur du Finale. Mais Jansons sait aussi ménager une intériorité propice à la rêverie dans un Andante au magnifique cantabile.
En deuxième partie, on sera moins séduit par les options d’une 4e de Bruckner large et tout en legato, aux contours rythmiques émoussés au profit de l’horizontalité des lignes, d’une ampleur – un rien asphyxiante à nos oreilles – dépourvue de tout effet, d’une épaisseur qui ne convient pas idéalement à la pâte sonore de la Romantique, mais plutôt aux symphonies plus tardives à bois par trois – la 8e et la 9e.
L’art prématuré du lang gezogen
Jansons soigne néanmoins, avec un art contestable dans la production intermédiaire de Bruckner, le caractère lang gezogen – indication récurrente dans les ouvrages de la dernière période et chez Mahler, visant à étirer les notes –, chantant et vibrant sur la totalité des sons, jamais écourtés ou attaqués de manière tranchante, atténuant de fait la sensation polyphonique et verticale et s’attardant le plus souvent sur les arpèges qui accompagnent les épisodes à caractère choral.
C’est d’ailleurs le mouvement lent qui s’accommode le mieux de ces particularités, unifié par cette magistrale conduite des lignes, et dont le pas régulier et tranquille annoncerait le Compagnon errant. On sera plus gêné par le statisme endémique du premier mouvement, par la profondeur des sillons de la chasse du Scherzo, mais on ne résistera pas à l’architecture d’un Finale porté par un souffle épique.
L’Orchestre de la Radio bavaroise demeure l’instrument d’autorité façonné jadis par Jochum et Kubelik, dense de cordes, assis de cuivres, même s’il lui manque comme autrefois une vraie personnalité des solos – un hautbois bien terne, une clarinette forcée, un cor délicat sinon souverain – pour se faire l’égal des toutes meilleures phalanges brucknériennes.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 30/11/2008 Yannick MILLON |
| Concert de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise sous la direction de Mariss Jansons au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Symphonie n° 36 en ut majeur K. 425 « Linz » (1783)
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie n° 4 en mib majeur A. 95 « Romantique » (1881)
Version 1878-1880, Ă©dition Nowak
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks
direction : Mariss Jansons | |
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