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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Création française d’On the Town de Leonard Bernstein et Jerome Robbins dans la mise en scène de Jude Kelly au Théâtre du Châtelet, Paris.
Les matelots de Bernstein font escale au Châtelet
La comédie musicale On the Town était très attendue. Elle est la première de Leonard Bernstein et n’avait jamais été présentée en France. Après Candide et West Side Story, elle est le troisième musical de Bernstein à l’affiche, en trois saisons, au Théâtre du Châtelet, devenu progressivement une sorte de Broadway-sur-Seine.
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Voici la meilleure production du Châtelet depuis la rentrée. Et pas seulement parce que chaque air, chaque mélodie résonne à nos oreilles comme quelque chose de connu. On the Town, comédie musicale de Leonard Bernstein et de Jerome Robbins, annonce leur chef-d’œuvre, West Side Story, dont elle a le parfum. Mais surtout, parce que la production de l’English National Opera est vive, dynamique et bien interprétée.
Jerome Robbins (1918-1998) et Leonard Bernstein (1918-1990) ont le même âge, 26 ans, quand, en cette année 1943, ils se rencontrent. De l’entente entre ces deux inconnus, le premier, danseur de l’American ballet, le second compositeur et assistant chef d’orchestre au New York Philharmonic, va naître une merveille de petit ballet, Fancy free. Le succès est immédiat.
Les deux créateurs sont invités à développer ce thème dans une comédie musicale. C’est, en 1944, On the Town. Plus de 400 représentations suivent avant que le musical auquel Bernstein apporte des ajouts, devienne le célèbre film de Stanley Donen Un jour à New York avec Gene Kelly et Frank Sinatra. Pour les Français, l’histoire n’ira pas plus loin. Bernstein et Robbins seront ensemble célèbres surtout comme auteurs de West Side Story.
Il revient à Jean-Luc Choplin, directeur du Châtelet, après une nouvelle version de West Side Story, d’avoir fait découvrir Candide – plus opéra que musical –, avant de porter On the Town à la scène. L’histoire est celle de trois matelots en escale à New York pour vingt-quatre heures. Ils y font des conquêtes féminines qu’ils savent sans lendemain. L’Amérique est alors en guerre.
Derrière l’insouciance de ces permissionnaires en goguette perce une quête désespérée de l’amour, mais aussi, ce que rend très bien la musique, une certaine inquiétude et un brin de mélancolie. Tout cela culmine quand l’un deux, Ozzie, chante au milieu de ses camarades Chip et Gabey, Une autre fois : « Je n’ai pas eu le temps d’me réveiller à tes côtés, Et d’te trouver non maquillée, Nous rattraperons cela, Une autre fois. »
L’originalité d’On the Town est dans le mélange classique, jazz et swing que réalise à la perfection Bernstein même si on ne lui doit pas toutes les orchestrations. Partition virtuose, souvent copiée, elle possède de ravissantes mélodies ainsi qu’une belle énergie rythmique. Dommage que l’orchestre Pasdeloup joue si fort et que la sono soit si puissante. Elle aplatit tout et gomme les trouvailles et les aspérités de l’écriture de Bernstein.
Dommage encore que le chorégraphe anglais Stephen Mear n’ait pas la patte de Robbins et n’ait pu reprendre ce qu’avait réussi le génial créateur. Les interprètes possèdent tous ce professionnalisme exemplaire qui est la marque de l’English National Opera. Ils sont inconnus en France à part Lucy Schaufer (Claire de Loone) entendue à l’Opéra de Monte Carlo en Sesto de Giulio Cesare.
Toute la distribution de chanteurs-acteurs est de grande qualité. Malheureusement le dynamisme de la production ne cache pas la minceur de l’histoire. Pas de quoi tenir deux heures et demie ! À chaque instant, on regrette la tonicité amusante de Fancy Free présenté sur cette même scène du Châtelet voici plusieurs saisons lors d‘un hommage à Robbins. Pour le public d’aujourd’hui, impatient et zappeur, des coupes dans les dialogues auraient été nécessaires.
En dehors de ces petites déceptions et grâce à une mise en scène allègre où, dans un décor acidulé, solistes, choristes et figurants bougent en permanence, On the Town est un spectacle idéal pour des fêtes en famille. Il est encore un hommage à la Grosse Pomme et donne envie de s’envoler pour Broadway.
Théâtre du Châtelet, jusqu’au 4 janvier.
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Théatre du Châtelet, Paris Le 10/12/2008 Nicole DUAULT |
| Création française d’On the Town de Leonard Bernstein et Jerome Robbins dans la mise en scène de Jude Kelly au Théâtre du Châtelet, Paris. | On the town, musical en deux actes
idée originale : Jerome Robbins
musique : Leonard Bernstein
livret et lyrics : Betty Comden & Adolph Green
chorégraphie originale : Jerome Robbins
chorégraphie : Stephen Mear
mise en scène : Jude Kelly
scénographie : Robert Jones
éclairages : Mark Henderson
Production de l’English National Opera
Création française
Chœur du Châtelet
Orchestre Pasdeloup
direction : David Charles Abell & Samuel Jean | |
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