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CRITIQUES DE CONCERTS 30 décembre 2024

Elias de Mendelssohn par le Chœur de Radio France et l’Orchestre national de France sous la direction Kurt Masur au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.

Mendelssohn fêté en force

Concert de haut niveau pour cet Elias de Mendelssohn peu souvent entendu, grâce à la qualité des chœurs, de l’Orchestre national de France et de certains solistes et malgré la direction assez monolithique de Kurt Masur. Mais le public a tenu à rendre hommage au grand chef qui a quitté voici peu la tête de cette formation.
 

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 10/01/2009
Gérard MANNONI
 



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  • Comme les oratorios de Haendel, ceux de Mendelssohn ne sont guère loin du théâtre lyrique. Il s’en faut de peu pour qu’Élias ne puisse bénéficier d’une vraie représentation théâtrale. Certains raccourcis du livret, une construction parfois trop elliptique poseraient-ils finalement plus de problèmes aux metteurs en scène que la Damnation de Faust ?

    En tout état de cause, la puissance de la partition s’impose sans mal en version de concert, avec ses chœurs omniprésents, son orchestre magistralement construit et ses interventions de solistes quasiment distribuées comme dans un opéra. Nous sommes ici loin d’un Mendelssohn hâtivement jugé trop joyeux et superficiel. C’est toute sa culture juive héréditaire qui trouve un exutoire, comme dans Paulus, son autre grand oratorio.

    Sans vouloir livrer comme Bach dans ses Passions un message religieux, Mendelssohn illustre néanmoins avec ardeur un épisode clé de l’Ancien Testament, se rattachant donc directement à la foi de ses ancêtres. D’où la sincérité et l’ampleur du langage et la volonté de ne pas basculer totalement dans le spectaculaire imagé.

    Si les déchaînements des chœurs, les affrontements de solistes voulus par le texte et les situations ont une force incontournable, il y a aussi de nombreux passages où la poésie, le charme doivent avoir leur place, où le spirituel s’exprime de manière plus évanescente, plus translucide. Et c’est là que la direction très emportée en permanence de Kurt Masur, qui célèbre à la manière forte le bicentenaire de la naissance du compositeur, révèle quelques failles.

    On aurait aimé que ces moments d’apaisement s’imposent de façon plus contrastée, bénéficient d’une autre lumière, d’une dynamique différemment élaborée, que tout ne soit pas ainsi découpé à la hache. Certes, la qualité exceptionnelle des Chœurs et de la Maîtrise de Radio France, tout comme celle de l’Orchestre national dans un de ses grands soirs, rééquilibrent d’une certaine manière spontanément ces outrances, sans pourtant parvenir à rendre justice à bien des subtilités de l’écriture tant est impérieuse la battue du chef.

    La célèbre basse britannique Alastair Miles tient avec beaucoup d’éclat, de vaillance et de sûreté vocale le rôle-titre, lourd avec ses quatre airs. Iris Vermillion, même si la voix n‘a plus toute sa projection ni son homogénéité, reste une interprète d’une absolue musicalité et d’une grande intelligence. Les airs de ténor sont sans doute les plus difficiles à défendre, tant par leur écriture un peu hybride que par la manière dont ils interviennent. Werner Güra s’en tire avec le professionnalisme d’un interprète chevronné de ce type de répertoire.

    Plus difficile à définir est la voix de la très jolie soprano suédoise Malyn Byström. Les moyens sont évidents, avec un timbre clair, bien frappé, une facilité sur toute la tessiture. Pourtant, il est dommage que l’émission ait une telle agressivité dans les forte, alors que la voix est naturellement sonore et ne nécessite pas une projection en force de cette nature.

    Et puis, la chanteuse, sauf à la toute fin, semble ignorer toute nuance médiane, passant sans cesse aux extrêmes de la dynamique en un aller-retour systématique, comme si les sons étaient accrochés à un élastique et revenaient d’eux-mêmes au fond de son gosier chaque fois qu’elle les lance trop loin.

    Très belle présence des huit anges, quatre hommes et quatre femmes, avec une mention spéciale pour la soprano Dorothée Lorthiois, au timbre lumineux et à l’émission parfaitement contrôlée. Et n’oublions pas non plus l’intervention purement céleste du petit garçon de la Maîtrise !

    Le public a bien ovationné Kurt Masur, hommage à celui qui a présidé ces dernières années aux destinées du National. Une toute autre personnalité lui a succédé, avec le très brillant Daniele Gatti qui ouvre sans aucun doute de nouvelles pages passionnantes dans l’histoire de la formation.




    Théâtre des Champs-Élysées, Paris
    Le 10/01/2009
    Gérard MANNONI

    Elias de Mendelssohn par le Chœur de Radio France et l’Orchestre national de France sous la direction Kurt Masur au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
    Felix Mendelssohn Bartholdy (1809-1847)
    Elias, oratorio biblique
    Texte de Julius Schubring

    Alastair Miles (Elias)
    Malin Byström, soprano
    Iris Vermillion, mezzo-soprano
    Werner Güra, ténor
    Dorothée Lorthiois, soprano
    Khatouna Gadelia, soprano
    Sophie Pondjiclis, mezzo-soprano
    Blandine Staskiewicz, mezzo-soprano
    Stanislas de Barbeyrac, ténor
    Paolo Fanale, ténor
    Thomas Dolié, baryton
    Nahuel Di Pierro, basse
    Victor Wetzel, enfant de la Maîtrise

    Maîtrise de Radio France
    Chœur de Radio France
    Orchestre national de France
    direction : Kurt Masur

     


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