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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Récital du pianiste Nikolaï Luganski dans le cadre de Piano aux Champs-Élysées au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Montagnes russes
Très attendu comme toujours, le rĂ©cital du grand NikolaĂŻ Luganski dans la sĂ©rie Piano aux Champs-ÉlysĂ©es du TCE, aura quelque peu surpris. Entre une belle Sonate 1905 de Janáček et une superbe 1re sonate de Rachmaninov, le public aura eu droit Ă un Chopin Ă©trangement pâle et indiffĂ©rent. Un Ă©tonnant trou inspiration dans ce programme en montagnes russes.
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Luganski est sans conteste l’une des figures majeures du monde pianistique actuel. Immense virtuose et musicien très subtil, son parcours est jusqu’à présent quasiment sans faute, tant au concert qu’au disque. D’où l’étonnement produit par ce récital quelque peu en montagnes avec ses hauts et ses bas.
La soirĂ©e commence avec l’étrange sonate fort peu jouĂ©e de Janáček, intitulĂ©e 1.X.1905. Étrange, car ne comportant que deux mouvements, dont seul le premier se rĂ©fère vraiment Ă la forme sonate et parce que Janáček mit si longtemps Ă l’aimer qu’il en brĂ»la le troisième mouvement et tenta de dĂ©truire les deux autres après leur crĂ©ation. Ils avaient heureusement Ă©tĂ© sauvĂ©s par l’interprète qui avait pris soin de les recopier.
Brève et d’une émotion forte, dense, l’œuvre commémore la mort d’un ouvrier lors des manifestations organisées pour l’implantation d’une université tchèque à Brno alors sous contrôle allemand. Luganski sait en traduire ce caractère à la fois lyrique et rude, concentré et expressif, avec beaucoup de finesse, de goût, d’instinct. Un très beau moment.
On est d’autant plus impatient d’entendre la 3e sonate en si mineur op. 58 de Chopin, compositeur dont Luganski est l’un des grands porte-drapeau de notre époque. D’où la déception ressentie à l’écoute d’une approche linéaire, sans couleurs, sans âme, sans investissement autre que purement technique. Une sorte d’électroencéphalogramme musical plat, d’où tout contraste, toute idée un peu personnelle, sont exclus.
Les doigts courent sur le clavier à une vitesse souvent vertigineuse, dans les deuxième et quatrième mouvement en particulier, presque trop vite d’ailleurs, mais sans rien raconter d’autre qu’un discours minimal et vite lassant. Luganski ennuyeux avec la 3e sonate ? Une sorte de cauchemar que l’on va s’efforcer d’oublier, très vite !
D’autant qu’en deuxième partie du récital, nous retrouvons toute l’ardeur, tout l’investissement émotionnel et sonore habituels du pianiste avec la 1re sonate de Rachmaninov. Largement développée, la partition évoque de manière très prolixe et colorée les personnages de Faust, Marguerite et Méphisto, un par mouvement. L’œuvre est d’une écriture extrêmement technique, on ne peut plus lisztienne avec ses avalanches d’accords, la fulgurance de ses traits, ses contrastes dynamiques. Une vraie fête pour tous ceux qui aiment jouer et entendre ce type de grand piano romantique orchestral.
Rachmaninov avait d’ailleurs songé un moment à transformer cette sonate en symphonie, tant ses idées étaient abondantes, larges, généreuses. Très inspiré, Luganski brosse cette impressionnante fresque avec les moyens pianistiques et sensibles qu’on lui connaît et qui font sa très grande réputation. Énorme succès final, bien sûr, tant pour l’effet incontestable produit par la force expressive de l’œuvre que pour la joie d’être remonté sur le sommet espéré !
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 14/01/2009 Gérard MANNONI |
| RĂ©cital du pianiste NikolaĂŻ Luganski dans le cadre de Piano aux Champs-ÉlysĂ©es au Théâtre des Champs-ÉlysĂ©es, Paris. | Janáček, Chopin, Rachmaninov
NikolaĂŻ Luganski, piano | |
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