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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Moins facile d'approche que les plus anecdotiques Jenufa ou Katia Kabanova, moins décorative que La petite renarde rusée, L'Affaire Makropoulos s'impose pourtant comme une partition encore plus importante à tous égards. La réussite première de la très intelligente mise en scène de Pierre Médecin et des décors et costumes d'Hubert Monloup - déja vus à Toulouse en 1998- est de rester poétique, mystérieuse et dramatique sans trahir la portée philosophique de l'oeuvre. Elle procure une réelle lisibilité.
Au premier abord, l'intrigue tirée de la pièce de Karel Capek semble d'une extrême complication. En fait, le livret de Janacek traite du thème de l'immortalité humaine et artistique, incarné ici par une cantatrice de 337 ans ( !), Emily Marty, aussi avide d'exercer éternellement son pouvoir de séductrice, de mère et d'artiste que lassée de cette vie qui n'en finit plus. C'est à la fois " être ou ne pas être " et " dis-moi que je suis belle et que je serai belle éternellement! " Créature d'une séduction absolue, c'est une fleur mangeuse d'hommes, une flamme où se brûlent tous ceux qui l'approchent de trop près et qui finira par la consumer elle-même. Lisbeth Baslev est une interprète idéale de ce rôle magnifique, par sa stature de vraie tragédienne lyrique, par sa beauté, par son grand tempérament scénique. Qu'il s'agisse de Patrick Raftery en Albert Mac Gregor, de James Johnson en Jaroslav Prus ou de Frank Bard en Janek, tous ses partenaires masculins lui donnent une parfaite réplique aussi bien dramatique que musicale. L'homogénéité du spectacle, due aussi à la baguette d'Arthur Fagen a donné toute son ampleur et sa portée à cette partition majeure du XXe siècle qui devrait être bien plus présente au répertoire de nos théâtres lyriques malgré son incontestable difficulté d'exécution.
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Opéra, Montpellier Le 08/06/2000 Gérard MANNONI |
| L'Affaire Makropoulos à l'Opéra de Montpellier, France. | L'Affaire Makropoulos de Leos Janacek
Direction musicale : Arthur Fagen
Mise en scène : Pierre Médecin
Décors et costumes : Hubert Monloup
Lumières : Alain Vincent
Avec Lisbeth Baslev (Emilia Marty), Patrick Raftery (Albert Gregor), Ludovit Ludha (Vitek), Caroline Ménard (Kristina), James Johnson (Jaroslav Prus), Frank Bard (Janek), Rolf Haunstein (Dr. Kometany), Ivan Matiakh (Le Comte Hauk Sendorf), Patrick Vilet (un machiniste), Mireille Dufour (une habilleuse), Omga Tichina (une femme de chambre). | |
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