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CRITIQUES DE CONCERTS |
22 novembre 2024 |
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Concert de lancement de la série Pollini Perspectives sous la houlette du pianiste Maurizio Pollini à la salle Pleyel, Paris.
Pollini roi de la perspective
Il est des concerts coups de cœur. Celui qu’ont donné le 7 mars à la salle Pleyel Maurizio Pollini et ses amis du quatuor Hagen et du Klangforum de Vienne sous la direction de Peter Eötvös restera d’anthologie par sa programmation, l’intelligence et la subtilité de ses interprètes réunis autour du numéro un du piano d’aujourd’hui.
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Voici donc l’un des premiers programmes de la série de concerts où Maurizio Pollini met en perspective la continuité du discours musical entre le postromantisme et le XXe siècle. Cela s’appelle Pollini Perspectives et cette série courra jusqu’en juin 2010. Ce samedi était programmé le Quintette de Brahms après des œuvres de Stockhausen et de Schoenberg. Rien là d’innocent puisque les deux compositeurs du XXe siècle, mais surtout Schoenberg, vouaient au maître de Hambourg un culte passionné.
Pollini, bizarrement fagoté dans son habit, cheveux trop courts qui accentuent sa tête d’œuf de Pâques, n’est pas du premier cercle du glamour. À un détail près : son regard, sa gestuelle étriquée sont tellement tournés vers l’intérieur qu’ils interpellent. Le physique est toujours révélateur. Plus encore aujourd’hui.
Quand il entame les Klavierstücke VII, VIII et IX pour piano seul de Karlheinz Stockhausen, il accomplit une merveille d’équilibre, de rigueur et de sensibilité. Certes, l’infaillibilité de ses doigts, sa clarté d’une rigueur architecturale et son approche sensible n’y sont pas pour rien. Sans doute est-il le seul aujourd’hui à maîtriser à ce point de telles œuvres fondatrices de notre époque. C’est le début d’un tour de force où le musicien Pollini invente d’autres formes subjuguantes : on est ébloui.
La suite, c’est encore Stockhausen avec des œuvres de sa première période. Le décor d’abord : sur la scène de Pleyel, sans spectateurs à l’arrière-plan, comme toujours pour la musique de chambre, trois espaces ont été figurés. Voilà une belle idée qui renforce l’intimité. Peter Eötvös dirige à la tête du Klangforum Wien plusieurs pièces, dont le Kreuzspiel pour piano, hautbois et clarinette basse ou encore le délicieux Zeitmasse pour instruments à vents.
Sans doute la perfection existe-t-elle comme on l’a ressentie lors de Kontra-Punkte. Sous les doigts de Pollini, les pièces de l’opus 11 de Schoenberg prennent une densité poétique, une intensité subtile, un lyrisme superbe. Après cette évocation aussi ardue que passionnante, le pianiste et le Quatuor Hagen donnent une chaleureuse, impulsive et sensible interprétation du Quintette en fa mineur de Brahms.
Pollini Perspectives : une suite de concerts qui s’annonce de tout premier plan, avec l’excellente surprise pour cette soirée de lancement d’une salle Pleyel remplie. Par la grâce seule de Pollini, cela pouvait déjà se comprendre. Mais peut-être la musique de notre époque devienrait-elle enfin familière ?
Futurs concerts de la série Pollini Perspectives les 31 mars, 8 septembre, 13 octobre, 16 novembre, 7 décembre 2009, et le 22 juin 2010.
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Salle Pleyel, Paris Le 07/03/2009 Nicole DUAULT |
| Concert de lancement de la série Pollini Perspectives sous la houlette du pianiste Maurizio Pollini à la salle Pleyel, Paris. | Karlheinz Stockhausen (1928-2007)
KlavierstĂĽcke VII, VIII & IX
Kreuzspiel
Zeitmasse
Kontra-Punkte
Maurizio Pollini, piano
Klangforum Wien
direction : Peter Eötvös
Arnold Schoenberg (1874-1951)
Trois pièces pour piano op. 11
Maurizio Pollini, piano
Johannes Brahms (1833-1897)
Quintette pour piano et cordes en fa mineur op. 34
Maurizio Pollini, piano
Quatuor Hagen | |
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