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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de David Zinman, avec la participation de la pianiste Hélène Grimaud à la salle Pleyel, Paris.
Le feu et la glace
Le public emplissant presque totalement la salle Pleyel était venu pour la belle Hélène Grimaud. Et c’est finalement un vieux routier de la direction d’orchestre, l’Américain David Zinman, qui fut surtout ovationné. Avec raison tant sa direction à la tête de l’Orchestre de Paris dans Beethoven et Chostakovitch aura été un éblouissement.
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Il ne tarit pas d’éloges sur la formation parisienne, le chef David Zinman. Les musiciens le savent et lui rendent ses compliments en jouant sous sa direction d’une manière efficace, superbe, magique. On pense alors que cet orchestre est l’un des grands. Zinman, septuagénaire alerte, chef assistant à ses débuts du légendaire Pierre Monteux, ne possède pas la notoriété qu’il mérite malgré une discographie abondante.
Il se fait rare en France. Aussi, chacun des concerts qu’il donne avec l’Orchestre de Paris est un événement. On se souvient, en 2007, de sa très poétique et suave interprétation du ballet de Bartók le Prince de bois. Le voici avec la pianiste Hélène Grimaud. Ils se connaissent bien pour avoir réalisé plusieurs enregistrements ensemble, notamment des concertos pour piano de Beethoven. De plus, l’un et l’autre vivent le plus souvent en Suisse, la pianiste depuis qu’elle a laissé ses loups américains dans leurs forêts, et le maestro depuis qu’il est directeur musical de l’Orchestre de la Tonhalle à Zurich.
En résulte ce soir une osmose incontestable avec les musiciens dans une clarté somptueuse. Pourtant, Hélène Grimaud est un cas. Physique toujours ravissant à l’approche de la quarantaine, dans son ensemble tunique-pantalon blanc, elle irradie d’un lumineux sourire. Célébrissime dès l’adolescence, la pianiste au toucher puissant et subtil, à la technique impeccable, à la sensibilité évidente, paraît toujours un peu absente, lointaine.
Elle reste à la surface des notes, elle semble enfermée dans des rêves auxquels elle ne nous fait pas participer. Étrange et étrangère dans sa vision rigoureuse du magnifique 4e concerto de Beethoven, en apnée, elle ne communique aucune émotivité. Elle demeure glaciale sans jamais qu’aucun feu ne nous brûle.
Avec ses références en forme de clins d’œil à Rossini et à Wagner, la 15e symphonie de Chostakovitch est un melting pot dans lequel le musicien alors malade – il mourra quatre ans plus tard, en 1975 – semble n’avoir plus rien à faire du régime soviétique oppressant et de ses contraintes. Il se permet même des percées vers des références dodécaphoniques.
Dans le très poétique texte du programme, l’écrivain Marcel Marnat évoque « la large et poignante musique dont l’auteur gardait le secret ». Pourquoi cette symphonie est-elle si rarement jouée ? Sans doute faut-il, à la tête de chaque pupitre, de très grands solistes : ceux de l’Orchestre de Paris ont démontré sous la baguette pleine de feu et de rigueur de Zinman qu’ils en ont l’envergure.
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Salle Pleyel, Paris Le 18/03/2009 Nicole DUAULT |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de David Zinman, avec la participation de la pianiste Hélène Grimaud à la salle Pleyel, Paris. | Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour piano n° 4 en sol majeur, op. 58 (1807)
Hélène Grimaud, piano
Dmitri Chostakovitch (1906-1975)
Symphonie n° 15 en la majeur, op. 141 (1971)
Orchestre de Paris
direction : David Zinman | |
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