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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert autoportrait Marc Monnet au festival du Printemps des arts de Monaco 2009.
Bleus à l’âme et bosses au cœur
Bluffé, c’est ainsi que se définissait Jean-Christophe Maillot, chorégraphe et directeur du Ballet de Monte-Carlo, à l’issue de la création mondiale que Marc Monnet a écrite pour lui et ses danseurs. Une pièce clôturant un programme en cinq volets qui dessine du directeur du Printemps des arts un autoportrait à chaque fois différent.
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Pour cet autoportrait de compositeur, Marc Monnet directeur, appliquant le précepte qu’on n’est jamais si bien servi que par soi-même, a choisi les meilleurs, les musiciens de l’ensemble Court Circuit sous la direction de Pierre-André Valade, le Quatuor Parisii, le contre-ténor Daniel Gloger et le pianiste François-Frédéric Guy.
Celui-ci débute la soirée avec Imaginary Travel, pièce pour piano et électronique, accompagnée de projections de photos prises par le cinéaste Wim Wenders lors du tournage de son film Paris,Texas. Si Wenders dans ces clichés, notamment à travers d’immenses champs aux reflets d’or, apprivoise la lumière, Marc Monnet apprivoise un espace sonore démultiplié par l’électroacoustique.
Le quatuor Parisii joue ensuite une composition – le 6e quatuor à cordes – où, entre tensions et attractions, ce sont surtout quelques instants d’abandon qui séduisent. Le contre-ténor allemand Daniel Gloger, entendu naguère au Palais Garnier dans Melancholia de Georg Friedrich Haas, est ensuite l’interprète d’une adaptation du poème Die Heimker de Heinrich Heine, accompagné par deux pianos, deux percussionnistes et par l’Ensemble Court Circuit.
Le texte du maître du romantisme allemand est, volontairement, à peine audible. Les paroles peu intelligibles sont compréhensibles d’une autre manière, à travers les vocalises, les borborygmes et autres bruits de bouches, sans compter les froissements de journaux que le chanteur malaxe devant des micros qui en amplifient la manipulation.
Deux pianos également dans cette autre très curieuse pièce ironique, cocasse et impertinente : Bosse, crâne rasé, nez crochu associe 19 instruments électroniques. Au-delà de ce drôle de titre qui fait allusion à des personnages de la Commedia dell’arte, il s’agit d’un déploiement sonore à la fois mélancolique, grave et drolatique. Une introduction à la poignante pièce suivante, commande du directeur du Ballet de Monte-Carlo, Jean Christophe Maillot, à Marc Monnet.
Des bosses là aussi, mais des bosses au cœur tant un sentiment de déchirement intime, de douleur insidieuse sourd dans les deux solos frémissant du violon de Tedi Papavrami. Ils sont entrecoupés d’un déferlement de sonorités aux couleurs tragiques. À l’issue de ces vingt-cinq minutes d’une tension ininterrompue, Maillot, qui entend l’œuvre pour la première fois, paraît interloqué.
Pas une parole, puis il lève sa main droite, pouce pointé vers le ciel. Comment voit-il le ballet qu’il va écrire sur cette partition enregistrée ces jours-ci ? « Je le vois très féminin, à la fois violent et douloureux, avec un ensemble de danseuses que j’imagine en amazones ». Le ballet – qui n’a pas encore de nom – sera créé le 14 juillet prochain. Marc Monnet fait à la fois le printemps et l’été à Monaco.
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Auditorium Rainier III, Monaco Le 09/04/2009 Nicole DUAULT |
| Concert autoportrait Marc Monnet au festival du Printemps des arts de Monaco 2009. | Printemps des arts 2009
Autoportrait-Nuit insolite
Marc Monnet (*1947)
Imaginary Travel, pour piano et Ă©lectronique
Quatuor à cordes n° 6
Musique en boîte à retour, pour voix et ensemble
Bosse, crâne rasé, nez crochu
Épaule cousue, bouche ouverte, cœur fendu
François-Frédéric Guy, piano
Daniel Gloger, contre-ténor
Quatuor Parisii
Ensemble Court Circuit
direction : Pierre-André Valade
réalisation informatique musicale IRCAM : Gilbert Nouno
réalisation informatique musicale : Thierry Coduys | |
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