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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction d’Eivind Gullberg Jensen, avec la participation du pianiste Vladimir Feltsman à la salle Pleyel, Paris.
Le maestro taxi passe à la vitesse supérieure
Surprise mercredi soir à l’Orchestre de Paris : Michael Tilson Thomas indisposé est remplacé au pied levé par Eivind Gullberg Jensen. À 37 ans, ce maestro norvégien s’impose avec aisance aux côtés de l’étonnant pianiste Vladimir Feltsman. Tous deux offrent des visions très personnelles et originales d’œuvres aussi rabâchées que séduisantes du répertoire russe.
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On pourrait l’appeler le maestro taxi tant Eivind Gullberg Jensen est un spécialiste des remplacements. C’est ainsi qu’il a commencé à être connu et se fait peu à peu un nom. Voici plusieurs années, Didier de Cottignies, délégué général de l’Orchestre national, cherchant un assistant à Kurt Masur, lui fit visionner une vidéo que lui avait envoyé le jeune Norvégien.
« Trop bon pour être assistant », répliqua Masur. « Il faut l’inviter dans la saison ». Pas de place. Mais à deux reprises, face à la défaillance de chefs très connus, Cottignies fit appel au jeune homme : deux triomphes. Peu à peu, celui-ci s’est fait une place de moins en moins petite, dirigeant même à nouveau le National lors de l’édition 2007 des Victoires de la musique.
Mercredi soir, indisposition à la dernière minute de Tilson Thomas : Didier de Cottignies, désormais chargé de la politique artistique de l’Orchestre de Paris, réquisitionne le Norvégien. Nouveau succès. Le sourire du violon solo Roland Daugareil, à l’issue du concert, ne saurait tromper. La qualité du chef, déjà reconnue à l’étranger puisqu’il prendra à l’automne la tête de la NDR de Hanovre, est si évidente qu’il reviendra diriger la formation parisienne en juin 2010, cette fois en titulaire.
Vladimir Feltsman est un pianiste intelligent et turbulent, hautain et désinvolte, virtuose et brillant. Sautillant sur son siège, soufflant, pestant, mains en tension puis en extension, il semble n’en avoir rien à faire de la mélancolie de ce 1er concerto de Tchaïkovski si souvent joué avec mièvrerie. Il en offre une vision cassante, tranchante, rigoureuse qui, dans sa précipitation à en ciseler l’éclat, fait parfois déraper sa technique pourtant prodigieuse. L’orchestre peine à le suivre. Et l’âme dans tout cela ? Elle est restée au vestiaire. Felstman est pourtant capable de sentiment comme il le prouve dans un joli bis, une transcription d’un Lied de Schumann par Liszt.
Après l’entracte, l’heure est venue pour le chef – visage aux cheveux bouclés et silhouette de fin d’adolescence – de montrer sa capacité à donner une vision en profondeur de la 5e symphonie de Chostakovitch. Avec maîtrise, il souligne l’équilibre des masses sonores. Il entraîne les musiciens dans cette méditation douloureuse, violente, angoissante avec parfois des moments « hurleurs » comme l’écrit Marcel Marnat dans le programme.
De cette partition pleine d’ambiguïtés, d’espoir et de désespoir, de désolation et de désarroi, écrite en pleines purges staliniennes, le chef fait progresser la tension émotionnelle jusqu’à l’éclatant final où certains, à l’époque, avaient cru voir une apothéose et que l’on sent aujourd’hui comme un cri vertigineux au comble de l’une des tragédies de l’histoire. Le public ovationne le chef et les musiciens dans leur meilleure forme.
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Salle Pleyel, Paris Le 22/04/2009 Nicole DUAULT |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction d’Eivind Gullberg Jensen, avec la participation du pianiste Vladimir Feltsman à la salle Pleyel, Paris. | Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893)
Concerto pour piano n° 1 en sib mineur, op. 23
Vladimir Feltsman, piano
Dimitri Chostakovitch (1906-1975)
Symphonie n° 5 en ré mineur, op. 47
Orchestre de Paris
direction : Eivind Gullberg Jensen | |
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