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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital de la soprano Patricia Petibon accompagnée par l’Ensemble Amarillis sous la direction d’Heloïse Gaillard au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
La rousse rigolote s’étiole en gravité
La jolie rouquine au minois mutin du chant français s’achète une conduite de gravité le temps des trois quarts d’un concert tout baroque. Les déplorations à la sincérité parfois douteuse de Patricia Petibon séduisent sans convaincre dans un Théâtre des Champs-Élysées pourtant tout acquis à sa cause.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 03/06/2009
Nicole DUAULT
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Elle agace certains. Elle en amuse d’autres par son look détonnant pour une chanteuse classique. Mèches portées en couettes ou encore en cornes comme une licorne à deux défenses érigées sur le sommet de la tête, cela ajouté à des tenues toutes aussi rousses que sa chevelure et ponctuées de vert, voilà qui n’est pas banal pour une diva.
On s’est tellement habitué à cette farfelue qui a fait de sa malice une image de marque que, quand elle apparaît cheveux tirés en chignon sage, robe noire juste un peu beaucoup échancrée, ses admirateurs qui emplissent le Théâtre des Champs-Élysées sont stupéfaits. D’autant qu’elle avance sur la scène yeux baissés, l’air contrit. On nous l’a donc changée ? Cet air de componction est-il sincère ? C’est là que le bât blesse.
Durant tout le concert, on sent que cette austérité figée, cette majesté étudiée n’est pas elle. L’enchanteresse Alcina au cœur brisé qui s’abandonne dans les larmes avant de retrouver, dans la trahison de Ruggiero, du souffle pour une vengeance implacable, est bien plus intense, méchante et ensorceleuse que notre jolie rouquine.
Patricia Petibon arbore une mine chafouine. Sa voix bouge un peu dans ses registres et se perd dans des fortissimi parfois si durs qu’ils la déforment. On ne croit pas plus à sa colère et à ses sanglots dans le motet In furore justissimae irae de Vivaldi. Artificiel.
Retour à Haendel avec un petit instant de grâce, l’arioso d’Ariodante : cœur épris d’amour, cette félicité lui convient, beaucoup mieux que le Lascia ch’io pianga d’Almirena de Rinaldo. Voilà une déploration qui ne reste qu’en surface. Certes, des applaudissements pleuvent, mais l‘air est tellement sublime qu’il arracherait des larmes aux cœurs les plus endurcis.
La Petibon se retrouve dans l’air amoureux de Morgana, toujours dans Alcina. Son Je t’ai déjà donné mon cœur possède un charme ironique délicieux. Et, visiblement contrainte par le programme qu’elle a forgé elle-même, on la sent libérée. Elle s’épanouit dans deux bis épatants, notamment l’un de Charpentier, d’une drôlerie virtuose.
Ce récital cependant plein de charme était accompagné par l’ensemble Amarillis d’Héloïse Gaillard : dix musiciens superbes certes, mais un peu restreints autant dans le Concerto en ut majeur de Vivaldi que dans le 3e concerto grosso de Haendel. On aurait aimé un effectif plus ample, plus chaleureux et plus intense. Ce spectacle est un de ceux que l’on aurait portés au pinacle de n’importe quel festival estival tant il associe grâce et charme. Mais au TCE, il en faut encore plus.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 03/06/2009 Nicole DUAULT |
| Récital de la soprano Patricia Petibon accompagnée par l’Ensemble Amarillis sous la direction d’Heloïse Gaillard au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Stradella, Falconieri, Vivaldi, Haendel
Patricia Petibon, soprano
Ensemble Amarillis
direction : Héloïse Gaillard
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