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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise du Chevalier à la rose de Strauss mis en scène par Herbert Wernicke, sous la direction de Christian Thielemann au Festspielhaus de Baden-Baden.
Entre délices et déceptions
Renée Fleming (la Maréchale)
Evénement de la saison d’hiver du festival permanent proposé par le Festspielhaus de Baden-Baden, un Rosenkavalier réunissant LE trio féminin du moment en tête d’un casting somptueux dirigé par le spécialiste du répertoire germanique qu’est Christian Thielemann, à la tête de ses Münchner Philharmoniker. Une soirée de délices straussiens, mais aussi de déceptions.
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Avant son étape parisienne au Théâtre des Champs-Élysées le 4 février pour un concert unique considéré comme un des moments privilégiés de la saison lyrique parisienne, le Rosenkavalier de rêve dirigé par Christian Thielemann a été affiché pour trois représentations scéniques à Baden-Baden. Outre un trio féminin de choc comportant les actuelles interprètes de référence, la station thermale s’est offert le luxe d’un plus non négligeable : la production signée par le regretté Herbert Wernicke pour le festival de Salzbourg 1995. Coproduit avec l’Opéra national de Paris alors dirigé par Hugues Gall, ce Chevalier à la rose a fait sensation à l’Opéra Bastille en 1998 puis en 2002, avant d’être repris sous Gerard Mortier en 2006.
La splendide réalisation de Wernicke a le mérite de renouveler le cadre viennois rococo du livret en proposant une approche contemporaine de Richard Strauss, dans un espace intemporel, tout en respectant l’esprit de l’œuvre. Elle reste donc un modèle de relecture perspicace et aboutie. Baden-Baden ne pouvait faire un meilleur choix que de reprendre ce spectacle hors mode, aussi neuf aujourd’hui que lors de sa création, pour la réalisation d’un DVD enregistré en direct pendant les trois représentations.
Musicalement, vocalement et dramatiquement, on attendait beaucoup de cette soirée. Trop, peut-être… D’où la déception ressentie malgré une qualité générale incontestable : on ne s’est jamais senti transporté sur le petit nuage qui caractérise les représentations d’exception. À qui la faute ? Avec ses panneaux pivotants et ses éblouissants jeux de miroirs, le spectacle est toujours un enchantement. La mise en scène a été retravaillée avec une direction d’acteurs qui rend justice au travail initial de Wernicke.
Même si on a connu autrefois des Octavian aux moyens plus opulents – Ludwig avec Karajan ou Fassbender avec Kleiber –, Sophie Koch est, sur tous les plans, un Quinquin idéal, avec sa longue silhouette d’adolescent, sa spontanéité et la parfaite musicalité d’un chant toujours expressif. Diana Damrau, l’autre triomphatrice de la soirée, est une Sophie au chant radieux, beaucoup plus corsée que les habituelles titulaires du rôle, autant sur le plan vocal que théâtral. Ici, pas de petite fille naïve et réservée mais une jeune femme volontaire qui n’est jamais une fragile pâtisserie viennoise peu compatible avec la haute taille de l’interprète.
Renée Fleming, qui a perdu, surtout dans l’aigu, son incomparable timbre crémeux, n’est d’évidence pas dans un de ses grands jours pour cette matinée de première. Pourtant, ce que son chant a perdu en brillant et en hédonisme est compensé en expressivité. Surtout, le style straussien et le raffinement dans la mezza voce pour le monologue de la Maréchale, restent exemplaires, même si le célèbre terzetto du III est quelque peu éclipsé par l’ultime duo entre Sophie et Octavian.
Franz Hawlata est un Ochs sans surprise, un peu routinier, plus à l’aise dans le grave que dans la tessiture aiguë de son rôle. Luxueux comprimarii, Franz Grundheber en Faninal, Jane Henschel en Annina. Cerise sur le gâteau (DVD oblige) et surprise du chef, Jonas Kaufmann – qui ne sera pas à Paris ni à Munich pour les versions concertantes – en chanteur italien ! On ne boude pas son plaisir, même si cet air est idéalement destiné à la voix plus légère d’un véritable tenore di grazia.
Si la mayonnaise n’a pas pris, c’est sans doute la faute de l’orchestre et du chef. Certes, le Münchner Philharmoniker n’est pas la Philharmonie de Vienne, ni pas non plus le meilleur des trois orchestres de la capitale bavaroise. Pourtant, la direction raide et nerveuse, souvent dure et sèche et parfois trop lourde et à la limite de la brutalité de Christian Thielemann, semble avant tout porter la responsabilité de notre déception.
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Festpielhaus, Baden-Baden Le 25/01/2009 Monique BARICHELLA |
| Reprise du Chevalier à la rose de Strauss mis en scène par Herbert Wernicke, sous la direction de Christian Thielemann au Festspielhaus de Baden-Baden. | Richard Strauss (1864-1949)
Der Rosenkavalier, comédie en musique en trois actes (1911)
Livret de Hugo von Hofmannsthal
Theaterkinderchor am Helmholtzgymnasium
préparation : Waltraud Kutz
Philharmonia Chor Wien
préparation : Walter Zeh
MĂĽnchner Philharmoniker
direction : Christian Thielemann
mise en scène, décors & costumes : Herbert Wernicke
Avec :
Renée Fleming (la Maréchale), Franz Hawlata (le Baon Ochs), Sophie Koch (Octavian), Franz Grundheber (Faninal), Diana Damrau (Sophie), Irmgard Vilsmaier (Marianne), Wolfgang Ablinger-Sperrhacke (Valzacchi), Jane Henschel (Annina), Jonas Kaufmann (un chanteur italien), Andreas Hörl (un commissaire de police), Wilfried Gahmlich (le majordome de la Maréchale), Lynton Black (un notaire), Jörg Schneider (le majordome de Faninal). | |
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