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CRITIQUES DE CONCERTS |
23 novembre 2024 |
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Récital de l’organiste Marie-Claire Alain au festival Bach en Drôme des Collines de Saint-Donat 2009.
L’enchantement intact de Marie-Claire Alain
Au festival Bach en Drôme des Collines de Saint-Donat, le récital que donne Marie-Claire Alain chaque été est cette année consacré à Bach et à son frère Jehan Alain. Des œuvres d’une grande dimension spirituelle où de la première à la dernière note, cette grande artiste nous plonge dans un au-delà , transcendant la musique.
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Lights, camera, action !
Vigueur et courants d’air
En passant par la mort
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Quand Marie-Claire Alain expose les premières notes de basse de la Fantaisie et fugue en sol mineur de Bach, le public est déjà transporté. La déclamation si profonde du thème, dont on aime la générosité, la respiration lente et méditative de l’interprétation nous plonge d’emblée dans un autre univers. Cette ardeur vibrante mais toute en retenue du jeu, seule une grande artiste en est capable.
Marie-Claire Alain y dévoile toute son âme. La musique sort d’elle même. « À 83 ans, oui, je peux dire que j’ai gagné en maturité » avouera-t-elle à la fin du concert. « Les barres de mesure, je les envoie balader ! » poursuit-elle. La fugue est en effet très libre, et pourtant ô combien rigoureuse. Cette inexorable montée vers l’illumination, elle la traduit par une extraordinaire graduation de l’intensité qu’elle met dans son jeu, plus que de crescendo stricto sensu. Jusqu’à l’apothéose finale.
Le Jardin suspendu de son frère Jehan dévoile une mélodie souple et volubile, éthérée (avec recours à la registration Flûte de 4) qui vient trancher et se superposer au halo mystérieux de la ligne de basse. Mais c’est sans doute dans Deuils, la pièce centrale du triptyque Danse funèbre, qu’elle bouleverse le plus. Rien n’y est funeste, tout tend vers la lumière. Elle a l’art de poser les notes et de conduire le phrasé dans une respiration naturelle où tout coule de source. Les passages immatériels viennent nimber la gravité d’un ostinato aux basses lugubres et lancinantes dans un contraste saisissant.
La seconde partie fait entendre trois préludes de chorals de Bach sur Allein Gott in der Höh sei Ehr (Gloire à Dieu au plus haut des cieux »), dédiés à la Trinité du Père, du Fils et du de l’Esprit, et se terminant par une invocation sur la paix. Là encore, on est saisi par l’intériorité du jeu, par le sens de chaque note. Des nuances toujours conduites avec tant de maîtrise, comme si elle dévoilait progressivement la nature même de la musique. Et avec beaucoup d’imagination, comme si la musique s’écrivait sous ses doigts. Indicible, sublime. Marie-Claire Alain est si incarnée.
Pour clore le concert, quatre pièces de son frère, dont Deux danses à Agni Yavishta et la 2e fantaisie témoignent du goût pour l’ailleurs du compositeur et de son phrasé imaginaire. La première, qui puise dans les modes indiens, fait entendre une succession de tableaux, de climats. Alors que la seconde expose une mélodie d’influence hébraïque, vibrante et presque insolente sous ses doigts et dont elle aime à avouer : « je m’amuse beaucoup à la jouer dans une église ! »
Et enfin, comme un rituel, c’est par les Litanies, l’œuvre la plus connue et mondialement jouée de Jehan, qu’elle pose le point d’orgue à ce récital qu’elle donne chaque année depuis 1962 à Saint-Donat. Une pièce incisive, jouée avec brio, exaltante. Une rythmique appuyée, une explosion de couleurs ; Marie-Claire Alain jubile totalement, et nous aussi !
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Collégiale, Saint-Donat-sur-l'Herbasse Le 22/07/2009 Pauline GARAUDE |
| Récital de l’organiste Marie-Claire Alain au festival Bach en Drôme des Collines de Saint-Donat 2009. | Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Fantaisie et fugue en sol mineur, BWV 542
Trois préludes de choral, BWV 659, BWV 663, BWV 664
Jehan Alain (1911-1940)
Variations sur un thème de Clément Janequin, JA 118
Le Jardin suspendu, JA 7
Deuils (Danse funèbre pour honorer une mémoire héroïque), JA 120
Johann Sebastian Bach
Trois Préludes de choral, BWV 667, BWV 658, BWV 653
Jehan Alain
Choral dorien, JA 67
Deux danses Ă Agni Yavishta, JA 77-78
2e fantaisie, JA 117
Litanies, JA 119
Marie-Claire Alain, orgue | |
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