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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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RĂ©cital de la pianiste Yuja Wang au festival de Verbier 2009.
Verbier 2009 (2) :
Pianiste de l’ère Facebook
Après Lang Lang et Yundi Li, DG a parié de nouveau sur la Chine en incorporant à son écurie pianistique la jeune Yuja Wang, 22 ans, dont les doigts infaillibles et l’apparence physique sont ceux d’un parfait produit marketing. Au mépris malheureusement d’une donnée fondamentale dans ce circuit où l’on peut disparaître aussi vite que l’on est apparu : la maturité.
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Dernière signature de Deutsche Grammophon, la jeune pianiste chinoise Yuja Wang a tous les atouts pour plaire à un certain type de public. Air mutin, tenues glamour, doigts infaillibles, itinéraire express l’ayant menée, après des débuts européens fulgurants à Zurich puis américains à Ottawa, à faire partie avec Lang Lang et Yundi Li du Top 3 des pianistes chinois choisis par le label jaune pour infiltrer le marché asiatique.
Un Vol du bourdon de Rimski-Korsakov dans la transcription de Cziffra publié par Medici Arts dans le DVD Highlights Verbier Festival 2008 n’est certainement pas la meilleure carte de visite possible pour cette pianiste qui à 22 ans, a déjà remplacé au concert des artistes tels Radu Lupu ou Murray Perahia.
À Verbier, où elle revient après des débuts triomphaux l’été dernier, elle donne sous la direction de Kurt Masur le 1er concerto de Mendelssohn, et le lendemain à l’église un récital au programme alléchant. Hélas, le résultat n’est pas à la hauteur et, devant la salle comble d’un public conquis d’avance, elle effleure quelques sonates de Scarlatti, joue en en dérangeant l’ordre les Variations sur un thème de Paganini op. 35 de Brahms, avec certes beaucoup de panache digital, mais sans que beaucoup de musique n’affleure.
À ce niveau pianistique, c’est bien le minimum de se produire sans embûches dans la 2e sonate de Chopin : un peu plus de couleur, d’idées musicales et de respiration auraient pourtant été bienvenues. Le compositeur russe Rodion Shchedrin, né en 1932, est présent au Verbier Festival chaque année et compose des œuvres spécialement à son intention. La création de ses Artless pages, sept impromptus pour piano, au cours de ce concert au programme jusque-là bien structuré, alourdit terriblement le propos.
Yuja Wang ne fait qu’une bouchée de ces exercices ingrats, faisant tomber la tension du concert qui s’achève par des extraits de la Suite Petrouchka de Stravinski seulement brillants et quelques bis racoleurs. Comme pour ses concitoyens cités plus haut, on peut regretter qu’un tel talent digital soit propulsé aussi vite devant des publics qui, en les adulant à un tel stade d’immaturité musicale, ne leur rendent pas service à long terme.
La veille du concert, la jolie Miss Wang déclarait à un quotidien suisse : « Je passe trop de temps sur Facebook au lieu d’écouter Jean Sébastien Bach ». Cela résume assez bien la situation.
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Église, Verbier Le 01/08/2009 Olivier BRUNEL |
| RĂ©cital de la pianiste Yuja Wang au festival de Verbier 2009. | Domenico Scarlatti (1685-1757)
Sonate pour clavier en sol majeur K 427
Sonate pour clavier en si mineur K 87
Sonate pour clavier en mi majeur K 380
Sonate pour clavier en sol majeur K 455
Johannes Brahms (1833-1897)
28 Variations sur un thème de Paganini en la mineur op. 35
Frédéric Chopin (1810-1849)
Sonate pour piano n° 2 en sib mineur op. 35
Rodion Shchedrin (*1932)
Sept Impromptus pour piano
Création mondiale
Igor Stravinski (1882-1971)
Petrouchka, suite pour piano
Yuja Wang, piano | |
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