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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig sous la direction de Riccardo Chailly, avec la participation du pianiste Saleem Abboud Ashkar au festival de Lucerne 2009.
Lucerne 2009 (4) :
Brasier symphonique
Alors que Riccardo Chailly fait preuve d’une lecture toujours éclairée et équilibrée entre classicisme et romantisme dans Mendelssohn, notamment avec le concours du pianiste Saleem Abboud Ashkar, la seconde partie du concert termine sur un véritable brasier dans des Tableaux d’une exposition de Moussorgski aussi achevés que poignants.
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Après sa prestation remarquée de l’été passé, Riccardo Chailly revient à Lucerne à la tête de l’Orchestre du Gewandhaus, avec un programme consacré en première partie aux œuvres de l’illustre fondateur de la phalange de Leipzig. En bon hommage à son prédécesseur, Chailly respecte scrupuleusement l’équilibre inhérent et propre à l’esthétique de Mendelssohn, cultivant un compromis entre une sensibilité romantique et une certaine lumière héritée du classicisme, loin des tumultes schumanniens. En résulte dans l’ouverture des Hébrides une impétuosité typique du compositeur du Songe d’une nuit d’été, qui se ressent notamment dans les attaques franches, dans la corde, tandis que l’équilibre classique se retrouve dans une orchestration parfaitement maîtrisée.
Le Concerto pour piano, lui, apparaît d’emblée dans une optique plus beethovénienne. Un dialogue fécond entre l’orchestre et Saleem Abboud Ashkar crée un équilibre naturel, alors que le jeu d’une volubilité toute mendelssohnienne, très clair et perlé du pianiste, éludant sensiblement les graves, se trouve compensé par une certaine épaisseur orchestrale, si bien que le soliste trouve dans l’accompagnement de l’orchestre ses fondements naturels. Ce Mendelssohn sonne dès lors avec simplicité et évidence, et surtout, respire d’une même intensité, témoignage d’une osmose entre chef et concertiste.
En lecteur scrupuleux et attentif, Chailly plonge dans le romantico-réalisme de Moussorgski avec un orchestre encore bien plus consistant, d’une poignante corporalité. Si Une nuit sur le Mont Chauve apparaît avec une évidence théâtrale tout en détenant une réelle ampleur symphonique, les Tableaux d’une exposition sont encore plus réussis : gérant les différents tableaux avec un art consommé de la description et du contraste, Chailly, qui déjà s’était distingué jusqu’ici par une présence peu commune, ajoute à celle-ci un brillant orchestral époustouflant, allant du velouté et du coloris extraordinaire de chaque solo aux tutti les plus telluriques.
Toutes les pièces valorisant les pupitres des bois, comme Tuileries ou le Ballet des poussins, sonnent avec un bonheur sans pareil. Les couleurs du Gewandhaus apparaissent dans toute leur magnificence. En somme, Chailly réconcilie les deux facettes de l’œuvre de Moussorgki : l’aspect romantique par son goût de la démesure et de l’excès et l’aspect réaliste, par sa description scrupuleuse, voire son travail sur le timbre, le chef n’hésitant pas à recourir jusqu’à la saturation même des tutti de cuivres.
Cette pièce qui passe souvent pour une partition de chef d’orchestre montre ici qu’elle est un véritable chef-d’œuvre de la musique russe, capable de susciter l’enthousiasme le plus puissant dans la culmination d’une Grande porte de Kiev s’imposant comme une véritable lame de fond dans une interprétation les plus creusées qui soient. Rarement, quoi qu’il en soit, avons-nous eu autant l’impression de plonger dans l’incandescence d’un brasier symphonique que dans ces Tableaux-là .
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Konzertsaal, Kultur- und Kongresszentrum, Luzern Le 12/09/2009 Benjamin GRENARD |
| Concert de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig sous la direction de Riccardo Chailly, avec la participation du pianiste Saleem Abboud Ashkar au festival de Lucerne 2009. | Felix Mendelssohn (1809-1847)
Les HĂ©brides ou la grotte de Fingal, op. 26 (1833)
Concerto pour piano et orchestre n° 1 en sol mineur, op. 25 (1831)
Saleem Abboud Ashkar, piano
Modest Moussorgski (1839-1881)
Une nuit sur le Mont Chauve (1867)
RĂ©orchestration de NikolaĂŻ Rimski-Korsakov (1886)
Tableaux d’une exposition (1874)
Version orchestrale de Maurice Ravel (1922)
Gewandhausorchester Leipzig
direction : Riccardo Chailly | |
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