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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de Simon Boccanegra de Verdi mise en scène par Jorge Lavelli et sous la direction de Marco Armiliato au Théâtre du Capitole, Toulouse.
Simon hors les murs
Pour l’ouverture de sa première saison à la direction artistique du Théâtre du Capitole de Toulouse, Frédéric Chambert a choisi une œuvre de Verdi qui n’est plus aussi rare en France qu’elle ne l’était il y a encore dix ans, son opéra politique Simon Boccanegra, et a fait appel pour cela au metteur en scène Jorge Lavelli.
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Metteur en scène argentin fétiche et emblématique des années 1970, ayant débuté au théâtre avec des auteurs tels Gombrowicz, Arrabal et Copi, Jorge Lavelli restera, pour toute une génération de spectateurs, l’un des précurseurs d’un certain type de relecture des ouvrages lyriques et une signature esthétique très forte et caractéristique du tandem qu’il formait avec le plasticien suisse Max Bignens.
Que diraient aujourd’hui ceux qui sifflaient leur Faust à Garnier en 1975 au vu des spectacles concoctés par MM. Marthaler, Warlikowski ou Nordey ? Le Théâtre du Capitole lui consacre avec la collaboration de la Bibliothèque nationale et l’Opéra de Paris une exposition présentée à Toulouse principalement à la Halle aux Grains où débute cette saison hors les murs en raison de travaux au Capitole, lieu qu’il inaugura en tant que scène lyrique en 1977 avec Fidelio.
S’il est resté très actif au théâtre parlé, Lavelli a quelque peu délaissé les scènes lyriques durant ces dix dernières années. La réalisation scénique qu’il propose de Simon Boccanegra puise plus son originalité dans l’imagination de l’utilisation de l’espace et la façon de rendre le spectacle plus proche du spectateur que par le renouvellement de ses options esthétiques.
Les costumes de Francesco Zito, les perruques taillées au carré, les maquillages blafards ressemblent à s’y méprendre à ceux de ses productions des 1970 et 1980. Le mélange de costumes bourgeois fin XIXe, époque de la création, et plus historiques pour les conseillers, évoque aussi irrésistiblement son Faust. Tout homme de théâtre qu’il est, Lavelli ne cherche pas (ou ne réussit pas ?) à débarrasser les chanteurs de leurs mauvaises habitudes gestuelles et posturales.
Mais, à son actif, une recherche de proximité du spectacle, un vrai plus pour le spectateur par rapport au théâtre à l’italienne, et une grande lisibilité de l’action, ce qui avec un livret aussi embrouillé que celui de Boccanegra n’est pas monnaie courante. Une sobriété dans les effets que vient seulement contredire l’intervention compliquée d’anges noirs à la mort de l’enfant de Maria et à celle de Simon.
Musicalement, le spectacle est d’un niveau satisfaisant, pour les chanteurs du moins. Dominée par l’Adorno de Stefano Secco, aux aigus vaillants, sûrs et clairs, la distribution masculine comporte en Simon le baryton polonais Andrzej Dobber un habitué des rôles verdiens, notamment sur la première scène lyrique néerlandaise, chanteur qui, s’il n’a pas toute l’étendue vocale du rôle-titre, en a la vaillance et l’autorité.
Moins convaincante, la basse arménienne Arutjun Kotchinian n’a pas les graves qui doivent impressionner dans le rôle de Fiesco. Le Paolo de Robert Bork est magnifique, meilleur que le Pietro de Yuri Kissin un peu terne. La voix du soprano grec Alexia Voulgaridou n’est pas celle que l’on attend pour l’angélisme et les aigus lumineux du personnage de Maria/Amelia, mais là aussi autorité et sûreté vocale sont des atouts qui en font un personnage convaincant.
Déception, malgré la constante qualité de l’Orchestre du Capitole, de la part du chef Marco Armiliato, qui reste très en retrait du drame et souvent un peu à la remorque des chanteurs. Beau début de saison cependant et bonne prise en mains pour Frédéric Chambert qui a la partie difficile avec une première saison hors les murs dont les autres temps forts annoncés sont Iolanta de Tchaïkovski dirigé par Tugan Sokhiev dans une mise en scène de Jacques Osinski et un triptyque Erwartung/Pierrot lunaire/la Voix humaine mis en scène par Christian Rizzo.
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