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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Susanna de Haendel par les Arts Florissants sous la direction de William Christie Ă la salle Pleyel, Paris.
La Christie's touch
Les Arts Florissants fêtent leurs trente ans avec un festival de concerts organisés à Paris par la salle Pleyel et la Cité de la Musique en coproduction avec le Barbican Center de Londres, qu’inaugurait le rare Susanna, oratorio de la période anglaise de Haendel. Une soirée marquée par la touche Bill Christie, malgré une distribution comme souvent trop faible.
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Très belle salle bien garnie avec ministre, ambassadeurs, et un discours de Laurent Bayle pour le coup d’envoi des festivités du trentième anniversaire des Arts Florissants. La rareté de l’oratorio Susanna de Haendel y était, gageons-en, pour beaucoup. Composé en 1748, la même année que Solomon sur un livret resté anonyme d’inspiration biblique, Susanna fut créé au Théâtre de Covent Garden comme un oratorio, sans mise en scène selon les prescriptions de l’époque.
C’est un petit chef-d’œuvre qui comporte des airs de facture théâtrale avec leur structure à da capo, les airs des vieillards assez comiques et un des chœurs fugué qui se hisse à la hauteur des splendeurs du Messie. Quelques longueurs, ralentissant l’action dans la seconde partie, mériteraient çà et là quelques coups de ciseaux mais ce n’est pas une pratique en usage chez les Arts Florissants !
Pour ce concert, une velléité de mise en espace se résume à quelques mouvements calculés, mais seuls les deux vieillards réussissent à donner du relief à leurs personnages. Le résultat du travail des Arts Florissants est sans surprise, Haendel étant parmi les compositeurs qu’ils réussissent indiscutablement le mieux tant aussi bien les instrumentistes que le chœur sont rompus aux ruptures de ce style si particulier. Et puis il y a un parfum de rigueur, de perfection, un polish très particulier qui fait toujours mouche auprès du public.
Le point négatif éternel reste le choix des chanteurs qui ne sont jamais exceptionnels et ne brillent pas par leur volume. Il n’y a pas de risque qu’ils fassent de l’ombre ni à l’ensemble ni à leur chef. La règle souffre parfois, bien rarement, des exceptions comme on pourra en juger les 9 et 12 février prochains, toujours à Pleyel, avec un Giulio Cesare qui comportera parmi ses solistes Cecilia Bartoli et Philippe Jaroussky.
Pour Susanna, la sensation aurait dû venir du contre-ténor Max Emanuel Cencic, lequel a annulé tous ses concerts parisiens prévus cette semaine. Le canadien David DQ Lee, qui devait à l’origine tenir le rôle de David, le remplace pour le mieux mais ce n’est ni une véritable personnalité vocale, ni une voix propre à projeter dans les hauteurs de Pleyel.
Pas plus que celle de Sophie Karthäuser, jolie petite voix qui montre nettement ses limites dans les parties où elle doit s’affirmer contre les accusations des deux vieillards. Ceux-ci, la basse Alan Ewing et surtout le ténor William Burden, sont parfaitement choisis pour leurs types vocaux et leur caractère dramatique.
Emmanuelle de Negri, dans l’épisodique rôle de la Servante mais aussi en remplacement dans celui plus crucial de l’enfant Daniel, tire parfaitement son épingle du jeu en fine musicienne et avec une projection acceptable. Ce n’est pas le cas du baryton néerlandais Maarten Koningsberger, plus connu comme chanteur de Lieder, dans le rôle de Chesias et encore moins de Ludovic Provost, chanteur du chœur pour le rôle court mais décisif du Juge.
Une bonne soirée cependant, qui augure d’une belle saison festive pour les Arts Flo’.
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Salle Pleyel, Paris Le 20/10/2009 Olivier BRUNEL |
| Susanna de Haendel par les Arts Florissants sous la direction de William Christie Ă la salle Pleyel, Paris. | Georg Friedrich Haendel (1685-1759)
Susanna, oratorio en deux parties (1749)
Sophie Karthäuser (Susanna)
David DQ Lee (Joacim)
William Burden (premier vieillard)
Alan Ewing (second vieillard)
Emmanuelle de Negri (servante / Daniel)
Maarten Koningsberger (Chelsias)
Ludovic Provost (Juge)
Les Arts Florissants
direction : William Christie | |
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