|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
|
Concert de l’Orchestre de l’Opéra de Paris sous la direction de Philippe Jordan, avec la participation de la violoniste Isabelle Faust à l’Opéra Bastille, Paris.
Aux marges du sentiment
Effervescence des grands soirs à l’Opéra Bastille, pour les débuts du mandat de son nouveau directeur musical, le chef suisse Philippe Jordan, dans un programme très vingtième siècle, consacré à Richard Strauss et Ligeti, qui ouvre la saison des concerts symphoniques de l’orchestre maison. Deux œuvres que tout oppose en constituent le programme.
|
|
Bons baisers d’Eltsine
RĂ©gal ramiste
L'Étrange Noël de Mrs Cendrillon
[ Tous les concerts ]
|
Philippe Jordan a le goût du contraste. Faire succéder dans le même concert le très chambriste Concerto pour violon de Ligeti, créé en 1992, au mastodonte poème symphonique Une Symphonie alpestre, c’est tenter de réunir deux fractions très différentes du public amateur d’œuvres du XXe siècle.
Le problème restant le choix de la salle car dans l’énorme vaisseau bastillan l’œuvre de Ligeti se perd et le violon de son excellente soliste Isabelle Faust est, sauf dans les quelques passages à découvert, bien peu audible dans les hauteurs du théâtre. Mais la rareté du choix de cette œuvre poétique et raffinée dans son orchestration justifie largement sa présence à ce concert d’ouverture.
Le morceau de résistance, l’Alpensinfonie, est en revanche à son aise sur la vaste scène avec ses quelque cent-vingt musiciens et ses nombreux climax dans la description musicale de vingt-quatre heures de randonnée passées dans les Alpes de Haute-Bavière qu’affectionnait le compositeur, qui devait finir ses jours dans la célèbre station de Garmisch-Partenkirchen.
Pour une œuvre rare, elle a le vent en poupe, car Paris en entendait en un mois la troisième audition, Jordan succédant à Dudamel et Bychkov. Avant d’être nommé directeur musical par Nicolas Joel, le jeune chef s’est fait dans la capitale une réputation de straussien avec successivement Ariane et le Chevalier à la rose pour ne pas piquer la curiosité dans le répertoire purement symphonique du maître allemand.
Si l’Orchestre de l’Opéra lui offre ce soir ses pupitres impeccables, et particulièrement l’infaillibilité de ses vents et une assurance technique digne des très grandes phalanges européennes, il reste souvent en retrait du contenu émotionnel et de la dimension panthéiste, voire cosmique que peut procurer l’œuvre notamment dans les sonorités de Auf dem Gipfel (Au sommet) ou même de la simple contemplation du chromo naïf de Auf der Alm (Dans les alpages). Ainsi, cette partition exigeant que l’on joue le jeu de son programme peut paraître affadie par une interprétation trop sereine.
Attendons toutefois d’avoir entendu Philippe Jordan sous ses nouveaux habits de directeur musical, et dans la fosse pour les deux premiers volets du Ring au printemps, avant de nous prononcer. On pourra également retrouver le Suisse dans un nouveau programme symphonique le 26 mars, en partie dans le répertoire français dont son père, le regretté Armin Jordan, lui a transmis ses affinités.
| | |
|
Opéra Bastille, Paris Le 14/11/2009 Olivier BRUNEL |
| Concert de l’Orchestre de l’Opéra de Paris sous la direction de Philippe Jordan, avec la participation de la violoniste Isabelle Faust à l’Opéra Bastille, Paris. | György Ligeti (1923-2006)
Concerto pour violon (1992)
Isabelle Faust, violon
Richard Strauss (1864-1949)
Eine Alpensinfonie op. 64 (1915)
Orchestre de l’Opéra national de Paris
direction : Philippe Jordan | |
| |
| | |
|