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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre national de Lyon sous la direction de Simone Young à l’Auditorium Maurice Ravel de Lyon.
Poigne et sens dramatique
Dans un programme dense et très contrasté, composé de l'immense 6e symphonie de Mahler et du Concert de Messiaen, Simone Young mène le National de Lyon avec intelligence. Privilégiant la transparence dans Messiaen, elle fait preuve d'un vrai sens dramatique dans Mahler, même si l’on aurait apprécié que la couleur fasse aussi l'objet de son attention chez le compositeur viennois.
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Hommage à Mozart, Rameau et Scarlatti, le Concert à quatre pour flûte, hautbois, violoncelle, piano et orchestre de Messiaen est une œuvre posthume, achevée par Yvonne Loriod sous les yeux bienveillants de George Benjamin et Heinz Holliger. Si les diverses références, allant jusqu'à Moussorgski, s'intègrent parfaitement au style de Messiaen et peuvent passer inaperçues, le Concert apparaît comme un ouvrage de facture presque classique, notamment par son aspect rafraîchissant, facile d'accès, débarrassé de toute évocation mystique.
Somme toute, un retour à l'essentiel séduisant par son évidence rhétorique, défendu de manière irréprochable par Simone Young et l'ONL. D'emblée, on distingue la poigne du chef, et l'orchestre, tout comme les solistes qui en sont issus, attachent une importance capitale à la couleur instrumentale comme à la transparence de l'ensemble.
En seconde partie, on est saisi aussitôt par une plongée cursive dans la 6e symphonie de Mahler, au gré d'une lecture alerte et essentiellement horizontale, mais avec ce qu'il faut de corps et de verticalité pour que l'ensemble trouve incarnation. Les tempi sont gérés avec cohérence et continuité tandis que les tutti sonnent avec force et souplesse. Simone Young dessine avec vigueur les contours dramatiques de cette symphonie, si bien que sa construction en ressort avec évidence.
Animée de la même volonté qu'avait Salonen cet été à Lucerne de faire ressortir l'aspect haletant de l'ouvrage, elle ne tombe pas pour autant dans le même écueil. Là où le Finlandais en venait à annihiler toute respiration viennoise, notamment dans les passages lyriques, Young, avec un troisième mouvement assez allant, conduit l’ouvrage autant avec une lame de fond sous-jacente qu'avec les affects nécessaires. L'ensemble de se tient d'ailleurs fort bien et saisit là où Salonen finissait par assommer.
N'en demeurent pourtant pas moins quelques imperfections qu'il convient de souligner. La texture de l'orchestre reste tout de même compacte ; dans le foisonnement orchestral mahlérien en résulte un manque d'aération, comme une absence de travail sur l'aspect expressif du timbre, élément fondamental de ce style, au profit du seul discours dramatique.
Dans le même esprit, quelques détails, petits ou gros, manquent de finition : la couleur quelquefois trop métallique des harpes, un pupitre de cors manquant d'envergure et de sûreté ou encore l'épaisseur insuffisante des violons constituent autant d'éléments qui laissent un goût d'inachevé. Quant aux coups de marteau, culminant au summum du tragique, ils sont tout bonnement ratés, plus proches du claquement agressif que de la masse implacable.
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Auditorium Maurice Ravel, Lyon Le 14/11/2009 Benjamin GRENARD |
| Concert de l’Orchestre national de Lyon sous la direction de Simone Young à l’Auditorium Maurice Ravel de Lyon. | Olivier Messiaen (1908-1992)
Concert à quatre, pour flûte, hautbois, violoncelle, piano et orchestre (1990-1991)
Emmanuelle Réville, flûte
Guy Laroche, hautbois
Edouard Sapey-Triomphe, violoncelle
Elisabeth Rigollet, piano
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 6, en la mineur « Tragique » (1903-04)
Orchestre national de Lyon
direction : Simone Young | |
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