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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital de Matthias Goerne accompagné par des membres de l’Orchestre national de France au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Le baryton et la hautboĂŻste
Après une Belle Maguelone de Brahms et Paulus de Mendelssohn, c’est le troisième volet d’une série de concerts de Matthias Goerne que l’on vient d’entendre au TCE avec un programme consacré à Bach et Hanns Eisler, avec le concours de solistes de l’Orchestre national de France. Passionnant programme malgré la relative méforme de ce colossal baryton.
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Le concert baptisé Récital Matthias Goerne semble avoir subi des modifications dans sa programmation. Initialement prévu avec David Fray et des Lieder de Schubert et de Beethoven, il a été donné avec une programmation plus concentrée et aussi plus logique : que des œuvres créées à Leipzig, trois cantates pour baryton de Bach et une œuvre méconnue d’Eisler, ses Chants sérieux pour baryton et orchestre à cordes.
Lourd programme pour ce chanteur allemand qui semble se spécialiser dans les œuvres écrites dans sa langue maternelle. Salle pleine et enthousiaste avec quelques accompagnateurs fameux : Leif Ove Andsnes (qui devait y jouer le lendemain) et le maestro Eschenbach avec qui Goerne a donné à Paris ses plus beaux Liederabende.
Hélas, le baryton semble bien enrhumé et l’on espère que ce n’est que la raison pour laquelle ces trois cantates de Bach sont partiellement décevantes. Goerne semble fâché avec la mesure, notamment dans Ich will den Kreuzstab tragen, où l’orchestre de chambre composé d’éléments du National a bien du mal à se coordonner avec des vocalises un peu périlleuses.
Mais surtout, son timbre sonne bien gris et la voix réticente dans la tessiture grave de ces œuvres où sont plus à l’aise les barytons-basses. Cela n’enlève rien à l’enthousiasme et à l’interprétation très vivante et sobre qu’il en donne, surtout grâce à l’excellence des solistes de l’orchestre, notamment la très brillante violoniste Sarah Nemtanu faisant office de chef, et l’exceptionnelle hautboïste Nora Cismondi qui fait merveille dans ses soli de Ich habe genug.
Goerne avait demandé, et plus étonnant encore obtenu, que l’on n’applaudisse pas entre cette cantate et les hants sérieux d’Eisler. Certainement pour rester dans un climat de recueillement bien nécessaire pour découvrir cette œuvre créée en 1963, dernier opus d’un compositeur déçu par le régime de la RDA qu’il avait rejointe par idéologie après son expulsion de l’exil américain.
Est-ce parce que la voix y est utilisée dans un registre plus central, mais Goerne est métamorphosé pour chanter ce très émouvant ensemble de Lieder d’une quarantaine de minutes composés sur des poésies de Friedrich Hölderlin, Giacomo Leopardi , Bertold Viertel et même un extrait du XXe Congrès du Parti communiste de l’Union Soviétique.
Œuvre magnifique et déchirante à laquelle il sait donner toutes ses teintes automnales, désespérées, et redevenir l’impeccable chanteur de Lieder qu’il est. Pourquoi avoir cédé ensuite aux demandes d’un public qui n’en a jamais assez et ne saisit pas toujours que la perfection dans la composition d’un programme exclut la possibilité d’un bis ? On retombe alors dans une grisaille vocale qui ne s’est pas arrangée, pour un retour de l’aria de Ich habe genug et cela malgré les mélismes ensoleillés du hautbois de Mademoiselle Cismondi, que notre baryton méritant semble fort apprécier.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 10/12/2009 Olivier BRUNEL |
| Récital de Matthias Goerne accompagné par des membres de l’Orchestre national de France au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Cantate BWV 158
Cantate BWV 56
Cantate BWV 82
Hanns Eisler (1898-1962)
Ernste Gesänge pour baryton et orchestre à cordes
Matthias Goerne, baryton
Sarah Nemtanu (violon)
Raphaël Perraud (violoncelle)
Maria Chirokoliska, (contressebasse)
Nora Cismondi (hautbois)
Christophe Henry (orgue)
Urszula Cuvellier (soprano)
Elodie Salmon (alto)
Pascal Bourgeois (ténor)
Patrick Radelet (baryton) | |
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