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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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RĂ©cital de la pianiste Yuja Wang dans le cadre de Piano**** Ă la salle Pleyel, Paris.
L’ardeur de la jeunesse
La pianiste chinoise Yuja Wang était à nouveau l’invitée de la série Piano**** dans un récital très éclectique salle Pleyel. Un vrai talent et un grand tempérament pour cette jeune femme toute frêle, dont les années à venir tempéreront une ardeur parfois excessive, notamment quant à la vivacité fulgurante de certains tempi.
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À 22 ans, jouer du piano de manière aussi intéressante dans un difficile répertoire qui n’est pas celui de votre culture de naissance, cela étonnera toujours. Née à Pékin dans une famille d’artistes, Yuja Wang commença ses études dans sa ville natale avant de les poursuivre en occident, notamment au Curtis Institute de Philadelphie quand elle eut 15 ans. Dès l’année suivante, elle commençait une brillante carrière internationale, ce qui paraît tout à fait normal vu les immenses qualités dont elle est dotée.
Il y a tout d’abord le son. Bien sûr, la technique digitale est fabuleuse, mais ce n’est pas une exception chez les jeunes actuels qui rivalisent au plus haut niveau en ce domaine. Ce qui frappe chez Yuja Wang, c’est la qualité du son, charnu, généreux, ample, chaleureux, qui ne perd jamais la richesse de ses harmoniques quelle que soit l’intensité de la dynamique ou la vitesse d’exécution. Ce qui est déjà beaucoup plus rare.
On s’étonne d’autant plus de cette puissance en profondeur que cette jeune femme a la minceur et la silhouette d’une libellule à la taille si mince dans ses ravissantes robes, la première blanche à traîne, la seconde d’un beau violet profond. C’est très probablement une question d’énergie intérieure, de concentration dans un rapport sans agressivité avec le clavier. Tout le programme en bénéficie, malgré les réserves que l’on peut faire sur l’approche de telle ou telle partition.
De celle des Études symphoniques de Schumann en particulier, abordées dans des tempi bien trop rapides en permanence, qui ne laissent se développer ni le rêve ni les tourments intérieurs de ces pages d’une densité exceptionnelle. On est dans un ouragan permanent dont la prouesse pianistique fascine mais qui passe à la vitesse d’un TGV et ne laisse guère de marque sur l’âme de l’auditeur.
On le regrette d’autant plus que le son, une fois encore, reste superbe, même dans les avalanches de notes les plus précipitées. Tout avait pourtant bien commencé avec quatre sonates de Scarlatti détaillées avec une finesse et une habileté très appréciables, dans une lumière très poétique.
Après l’entracte, c’est le tour de trois Lieder de Schubert dans les transcriptions de Liszt, aujourd’hui très à la mode chez les pianistes. On est en droit de ne pas les aimer car, si elles permettent de belles démonstrations de virtuosité, elles sont en général bien étrangères à l’esprit de simplicité et de pudeur qui est à la base des œuvres originales.
Ici, Gretchen am Spinnrade, Auf dem Wasser zu singen et même Der Erlkönig n’ont vraiment plus rien de schubertien tel que Liszt les a revus. Rentré chez soi, on se précipite sur sa chaîne pour écouter Schwarzkopf ou quelque autre interprète géant de ce répertoire. Fort heureusement, le récital s’achève sur une 6e sonate de Prokofiev absolument fulgurante. Sens de la construction, des accentuations indispensables pour rendre le propos torrentiel du compositeur compréhensible, splendeur des sonorités et technique qui donne le vertige, comme un cadeau supplémentaire.
On a alors la confirmation de ce potentiel immense qui affleure partout ailleurs de manière plus ou moins évidente et qui laisse penser que cette très belle artiste nous réservera à l’avenir d’autres moments de cette intensité dans le plus vaste répertoire quand elle saura aussi maîtriser l’enthousiasme et l’ardeur parfois excessifs de la jeunesse.
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Salle Pleyel, Paris Le 16/12/2009 GĂ©rard MANNONI |
| RĂ©cital de la pianiste Yuja Wang dans le cadre de Piano**** Ă la salle Pleyel, Paris. | Domenico Scarlatti (1685-1757)
Sonate en sol mineur K. 427
Sonate en si mineur K. 87
Sonate en mi majeur K. 380
Sonate en sol majeur K. 455
Robert Schumann (1810-1856)
Études symphoniques, op. 13
Franz Schubert (1797-1828)
Gretchen am Spinnrade
Auf dem Wasser zu singen
Der Erlkönig
(Arrangements de Franz Liszt)
Serge Prokofiev (1891-1953)
Sonate pour piano n° 6 op. 82
Yuja Wang, piano | |
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