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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise des Maîtres Chanteurs mis en scène par Götz Friedrich, sous la direction de Donald Runnicles, en clôture des Wagner-Wochen de la Deutsche Oper de Berlin.
Meister Friedrich
© André Rival / Deutsche Oper Berlin
En janvier et février 2010, la Deutsche Oper Berlin atteignait à la culmination des Wagner Wochen entamées avec Tristan à l’automne et poursuivies au début de cette année avec un nouveau Rienzi et des reprises de Tannhäuser, Lohengrin, le Vaisseau Fantôme. En guise de point final, la reprise des emblématiques Meistersinger du maître des maîtres Götz Friedrich.
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La crise artistique que traverse la Deutsche Oper, cette institution phare et majestueuse dans l’ancienne ville indépendante (avant 1920) de Charlottenburg dans Berlin-Ouest, n’aura été que trop apparente pendant ces semaines Wagner pendant lesquelles, entre le 22 novembre 2009 et le 14 février 2010, cinq des dix opéras donnés à Bayreuth, plus Rienzi, ont été représentés.
Il faut bien reconnaître que la mort du géant-intendant Götz Friedrich en 2000 a laissé un grand vide jamais comblé. Pour preuve, seules ses mises en scène auront été entièrement convaincantes durant la manifestation. L’autre crise de cette maison à l’histoire illustre, de nature musicale, depuis le départ de Thielemann en 2004 et l’intérim honteux de Renato Palumbo (2006-2008), semble avoir été résolue en septembre dernier par l’arrivée de Donald Runnicles, qui avait brillamment dirigé le Ring il y a deux ans, après quoi il avait été élu sans hésitation nouveau directeur musical.
Après un Tristan acclamé avec Evelyn Herlitzius en Isolde, un Tannhäuser remarquable sous la direction de Runnicles et avec Stephen Gould dans le rôle-titre, une première de Rienzi mitigée, un Vaisseau fantôme horriblement dirigé et un Lohengrin d’une envergure majeure, les semaines Wagner se terminaient donc par la reprise des Maîtres chanteurs dans la mise en scène de Götz Friedrich de 1993.
Il serait sans doute exagéré d’affirmer que la direction de Runnicles est décevante. Pourtant, ce n’était ni la maîtrise absolue du Ring de 2007, ni cette clarté des structures dramatiques du Tannhäuser de septembre, mais plutôt une lecture bizarrement raide et uniforme. Il faut concéder que le son est plein et riche, surtout dans des cordes presque viennoises, mais jamais on atteint à ce que l’on pourrait qualifier de vraie interprétation.
Le plateau est d’un bon niveau d’ensemble. Si l’incarnation du caractère posé et calme du cordonnier révèle encore une authentique stature de Heldenbaryton, toute l’expérience de James Johnson n’empêche pas son Sachs de ne plus tenir vocalement l’ensemble du rôle, où la voix finit par ne plus porter au bout de quatre heures trente de représentation.
Klaus Florian Vogt montre une nouvelle fois qu’il est sans doute le meilleur Walther von Stolzing du moment : beauté du legato, phrasé clair, et juste puissance aux moments opportuns. Markus Brück chante un Beckmesser magnifique, avec une solidité absolue, un la aigu conquérant et un talent de comédien inouï. À l’inverse, l’Eva de Michaele Kaune reste aussi honteusement insuffisante qu’à Bayreuth. Un vibrato qui tient du trémolo, et des aigus perçants en guise d’incarnation ne conviennent pas à la douceur et à la fraîcheur de la fille de Veit Pogner. Ce dernier est royalement chanté par Kristinn Sigmundsson, avec toute la gravité du maître orfèvre respecté par toute la cité de Nuremberg. Il est presque inutile d’ajouter que les chœurs préparés par William Spaulding sont de nouveau un régal.
Seulement, l’élément qui place cette soirée au-dessus d’un spectacle bien chanté et solidement dirigé, reste la mise en scène, qui bien que portant la trace de son temps, s’avère d’une pertinence de la direction d’acteurs, d’un goût des costumes et des décors toujours en phase avec la musique, et fait oublier une esthétique évidemment traditionnelle.
Depuis la captation vidéo de 1995, le spectacle n’a rien perdu de sa fraîcheur ni de son élégance, surtout avec un cast de chanteurs aussi bons comédiens. Avec un grand chef – comme Thielemann, dont le subtil rubato a toujours fait merveille dans les Meistersinger –, on aurait même pu assister à une grande soirée wagnérienne.
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Deutsche Oper, Berlin Le 14/02/2010 Hermann GRAMPP |
| Reprise des Maîtres Chanteurs mis en scène par Götz Friedrich, sous la direction de Donald Runnicles, en clôture des Wagner-Wochen de la Deutsche Oper de Berlin. | Richard Wagner (1813-1883)
Die Meistersinger von Nürnberg, comédie en trois actes (1868)
Livret du compositeur
Chœur et Orchestre de la Deutsche Oper Berlin
direction : Donald Runnicles
mise en scène : Götz Friedrich (1er mai 1993)
décors : Peter Sykora
costumes : Kirsten Dephoff & Peter Sykora
préparation des chœurs : William Spaulding
Avec :
James Johnson (Hans Sachs), Kristinn Sigmundsson (Veit Pogner), Thomas Blondelle (Kunz Vogelgesang), Simon Pauly (Konrad Nachtigall), Markus Brück (Sixtus Beckmesser), Stephen Bronk (Fritz Kothner), Jörg Schörner (Balthasar Zorn), Peter Maus (Ulrich Eißlinger), Burkhard Ulrich (Augustin Moser), Klaus Lang (Hermann Ortel), Jörn Schümann (Hans Schwarz), Hyung-Wook-Lee (Hans Foltz), Klaus Florian Vogt (Walther von Stolzing), Paul Kaufmann (David), Michaela Kaune (Eva), Ulrike Helzel (Magdalena), Krzysztof Szumanski (Ein Nachtwächter). | |
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