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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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RĂ©cital du pianiste Stephen Kovacevich dans le cadre de Piano**** Ă la salle Pleyel, Paris.
Un immense musicien
Retour attendu de Stephen Kovacevich à Paris, dans une salle Pleyel malheureusement clairsemée, pourtant dans le cadre de la saison Piano**** avec un copieux programme, dont les 33 variations sur une valse de Diabelli de Beethoven, cheval de bataille que le pianiste croato-américain a enregistré deux fois en l’espace de quarante ans.
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Pleyel n’était pas à son comble pour rendre justice à ce grand pianiste américain mais le public était fervent et connaisseur, pas comme pour certaines vedettes où l’on a pu entendre récemment (récital de Krystian Zimmerman en février) des applaudissements non seulement entre les mouvements de sonates de Chopin mais au cours d’un des Scherzi ! Salle présidée, si l’on ose écrire, par Martha Argerich, dont il a été l’époux, et à qui, nous apprend la biographie qui lui est récemment consacrée en français, il a offert il y a peu une partition des Variations Diabelli.
Si le corps du programme comprend son répertoire d’élection, Kovacevich commence de façon originale pour un concert parisien avec un cycle court du compositeur japonais, élève d’Olivier Messiaen, Toru Takemitsu, Uninterrupted Rest composé entre 1952 et 1959. Très proches par la forme et le minimalisme des œuvres de la Seconde École de Vienne, ces trois pièces sur des poèmes de Shuzo Takiguchi, poète adepte du surréalisme, sont un modèle de concentration et une magnifique façon d’ouvrir un concert consacré à des compositeurs de la grande forme.
Pourquoi ensuite refuser à la Sonate n° 22 en la majeur D. 959 de Schubert la majesté que lui confèrent les reprises ? Stephen Kovacevich paraît en deçà des interprétations qu’il a données et gravées de ce monument, assez imprécis dans les longs traits de l’Allegro initial et chiche de sonorité dans l’ensemble de la sonate prise à un train un peu trop radical.
Ne se serait-on pas contenté des 33 Variations (ou transformations, Veränderungen, comme le souligne à juste titre le programme) sur une valse de Diabelli de Beethoven qu’il est un des rares à se risquer à jouer sur scène ? Les deux enregistrements qu’il en a réalisés montrent bien la grande maturité qu’il a atteinte dans cette œuvre qu’il a été un des premiers à réhabiliter en Europe dans les années 1960 alors qu’il se produisait sous le nom de Stephen Bishop.
Il en donne une interprétation magistrale, sans aucune défaillance, constamment captivante depuis les premières variations si proches du thème original jusqu’aux quatre grandes finales et immatérielles qui constituent à elles seules l’équivalent métaphysique d’une des dernières sonates. Durant la quasi petite heure que dure ce chef-d’œuvre tardif, il reste à un niveau inouï d’énergie, de couleurs et de concentration qui forcent l’admiration.
On conseille vivement à ceux qui n’ont jamais ou que peu entendu cet immense musicien, de ne pas attendre, comme pour Claudia Arrau et Aldo Ciccolini, qu’il soit octogénaire pour lui rendre justice avec des salles pleines.
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Salle Pleyel, Paris Le 31/03/2010 Olivier BRUNEL |
| RĂ©cital du pianiste Stephen Kovacevich dans le cadre de Piano**** Ă la salle Pleyel, Paris. | Toru Takemitsu (1930-1996)
Pause ininterrompue
Franz Schubert (1797-1828)
Sonate pour piano en la majeur D. 959
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
33 Variations sur une valse de Diabelli op. 120
Stephen Kovacevich, piano | |
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