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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Nouvelle production de Mignon de Thomas dans une mise en scène de Jean-Louis Benoit et sous la direction de François-Xavier Roth à l’Opéra Comique, Paris.

Plus que mignon
© Elisabeth Carecchio

Deux mille soixante-deuxième représentation de Mignon, ce 10 avril. Succès de la salle Favart depuis sa création en 1866, l’opéra-comique d’Ambroise Thomas y revient grâce à Jérôme Deschamps, désuet, charmant, dans une nouvelle production traditionnelle mais parfaitement adaptée, avec la pimpante fraîcheur d’une époque révolue.
 

Opéra Comique - Salle Favart, Paris
Le 10/04/2010
Nicole DUAULT
 



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  • Depuis trois ans, l’OpĂ©ra Comique sous la direction de JĂ©rĂ´me Deschamps rĂ©habilite les ouvrages qui ont fait sa popularitĂ©. Après Zampa d’HĂ©rold ou, en dĂ©but de saison, Fortunio de Messager, Mignon va sĂ©duire Ă  nouveau le public de la salle Favart. La tragĂ©die lyrique d’Ambroise Thomas est tirĂ©e des AnnĂ©es d’apprentissage de Wilhelm Meister de Goethe.

    L’héroïne est une bohémienne sans famille. Elle retrouvera son père, un nom et un mari au cours de cette histoire à rebondissements dans laquelle intervient une troupe de comédiens. C’est alors du théâtre dans le théâtre particulièrement bien intégré à l’action avec un incendie qui enflamme la scène où les comédiens sont censés jouer le Songe d’une nuit d’été.

    La fiction fut dépassée par la réalité à la 784e représentation. C’était le 25 mai 1887 : un véritable incendie ravagea la salle Favart. Elle renaîtra de ses cendres quelques années plus tard. Sans superstition, on reprendra Mignon qui put fêter sa millième représentation le 13 mai 1894 en présence du compositeur. Mais inutile de dire que lors du deuxième acte, aujourd’hui encore, chacun surveille…

    Cette nouvelle production n’est pas le choc de la saison, mais Mignon fait fi de toutes les craintes de ringardise. Comment ce mĂ©lange de poĂ©sie germanique allĂ©grement trahie en divertissement français peut-il passer la rampe au dĂ©but du XXI siècle ? « Il y a trois sortes de musique : la bonne, la mauvaise et celle d’Ambroise Thomas Â», disait ironiquement Emmanuel Chabrier. Certes, Hamlet, opĂ©ra postĂ©rieur de Thomas, est un chef-d’œuvre que personne ne remet en cause. Sans ĂŞtre de la mĂŞme veine, Mignon est une Ĺ“uvre bien construite, facile, lĂ©gère et mĂ©lodique.

    Il était certes impossible d’actualiser une prose, une histoire et une musique aussi datées. Le metteur en scène, Jean-Louis Benoit, ne s’y est pas risqué et propose une lecture fidèle : c’est joli et sans prétention. La seule est celle de François-Xavier Roth qui a imaginé d’installer dans la fosse les musiciens à l’ancienne, face à la scène comme les spectateurs. Le chef a précisé qu’il souhaitait ainsi favoriser le dialogue entre les musiciens et les chanteurs.

    C’est lui parfois qui le perd, risquant de temps en temps un regard par-dessus l’épaule pour lancer un coup d’œil aux chanteurs sur le plateau. C’est assez cocasse. Cela n’apporte ni ne détruit rien. Le chef, les musiciens du Philharmonique de Radio France et les chanteurs semblent suffisamment rodés pour supporter cette fantaisie dans une partition à laquelle est insufflé du charme, de la délicatesse et du romantisme.

    La distribution est elle aussi pleine d’attraits, avec de jeunes voix qui ne sont pas des stars. Le ténor Ismael Jordi possède une diction un peu trop hispanisante mais son timbre est séduisant. La soprano Malia Bendi-Merad roucoule de jolies vocalises et la mezzo Marie Lenormand, dans le rôle-titre, donne à Mignon toute sa crédibilité.




    Opéra Comique - Salle Favart, Paris
    Le 10/04/2010
    Nicole DUAULT

    Nouvelle production de Mignon de Thomas dans une mise en scène de Jean-Louis Benoit et sous la direction de François-Xavier Roth à l’Opéra Comique, Paris.
    Ambroise Thomas (1811-1896)
    Mignon, opéra-comique en trois actes (1866)
    Livret de Jules Barbier et Michel Carré d’après les Années d’apprentissage de Wilhelm Meister de Goethe.

    Accentus
    Orchestre philharmonique de Radio France
    direction : François-Xavier Roth
    mise en scène : Jean-Louis Benoit
    décors : Laurent Peduzzi
    costumes : Thibaut Welchlin
    éclairages : Dominique Bruguière

    Avec :
    Marie Lenormand (Mignon), Ismael Jordi (Wilhelm Meister), Malia Bendi-Merad (Philine), Nicolas Cavallier (Lothario), Blandine Staskiewicz (Frédéric), Christophe Mortagne (Laërte), Frédéric Goncalves (Jarno), Laurent Delvert (un serveur).

     


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