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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de Mignon de Thomas dans une mise en scène de Jean-Louis Benoit et sous la direction de François-Xavier Roth à l’Opéra Comique, Paris.
Plus que mignon
Deux mille soixante-deuxième représentation de Mignon, ce 10 avril. Succès de la salle Favart depuis sa création en 1866, l’opéra-comique d’Ambroise Thomas y revient grâce à Jérôme Deschamps, désuet, charmant, dans une nouvelle production traditionnelle mais parfaitement adaptée, avec la pimpante fraîcheur d’une époque révolue.
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Depuis trois ans, l’Opéra Comique sous la direction de Jérôme Deschamps réhabilite les ouvrages qui ont fait sa popularité. Après Zampa d’Hérold ou, en début de saison, Fortunio de Messager, Mignon va séduire à nouveau le public de la salle Favart. La tragédie lyrique d’Ambroise Thomas est tirée des Années d’apprentissage de Wilhelm Meister de Goethe.
L’héroïne est une bohémienne sans famille. Elle retrouvera son père, un nom et un mari au cours de cette histoire à rebondissements dans laquelle intervient une troupe de comédiens. C’est alors du théâtre dans le théâtre particulièrement bien intégré à l’action avec un incendie qui enflamme la scène où les comédiens sont censés jouer le Songe d’une nuit d’été.
La fiction fut dépassée par la réalité à la 784e représentation. C’était le 25 mai 1887 : un véritable incendie ravagea la salle Favart. Elle renaîtra de ses cendres quelques années plus tard. Sans superstition, on reprendra Mignon qui put fêter sa millième représentation le 13 mai 1894 en présence du compositeur. Mais inutile de dire que lors du deuxième acte, aujourd’hui encore, chacun surveille…
Cette nouvelle production n’est pas le choc de la saison, mais Mignon fait fi de toutes les craintes de ringardise. Comment ce mélange de poésie germanique allégrement trahie en divertissement français peut-il passer la rampe au début du XXI siècle ? « Il y a trois sortes de musique : la bonne, la mauvaise et celle d’Ambroise Thomas », disait ironiquement Emmanuel Chabrier. Certes, Hamlet, opéra postérieur de Thomas, est un chef-d’œuvre que personne ne remet en cause. Sans être de la même veine, Mignon est une œuvre bien construite, facile, légère et mélodique.
Il était certes impossible d’actualiser une prose, une histoire et une musique aussi datées. Le metteur en scène, Jean-Louis Benoit, ne s’y est pas risqué et propose une lecture fidèle : c’est joli et sans prétention. La seule est celle de François-Xavier Roth qui a imaginé d’installer dans la fosse les musiciens à l’ancienne, face à la scène comme les spectateurs. Le chef a précisé qu’il souhaitait ainsi favoriser le dialogue entre les musiciens et les chanteurs.
C’est lui parfois qui le perd, risquant de temps en temps un regard par-dessus l’épaule pour lancer un coup d’œil aux chanteurs sur le plateau. C’est assez cocasse. Cela n’apporte ni ne détruit rien. Le chef, les musiciens du Philharmonique de Radio France et les chanteurs semblent suffisamment rodés pour supporter cette fantaisie dans une partition à laquelle est insufflé du charme, de la délicatesse et du romantisme.
La distribution est elle aussi pleine d’attraits, avec de jeunes voix qui ne sont pas des stars. Le ténor Ismael Jordi possède une diction un peu trop hispanisante mais son timbre est séduisant. La soprano Malia Bendi-Merad roucoule de jolies vocalises et la mezzo Marie Lenormand, dans le rôle-titre, donne à Mignon toute sa crédibilité.
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Opéra Comique - Salle Favart, Paris Le 10/04/2010 Nicole DUAULT |
| Nouvelle production de Mignon de Thomas dans une mise en scène de Jean-Louis Benoit et sous la direction de François-Xavier Roth à l’Opéra Comique, Paris. | Ambroise Thomas (1811-1896)
Mignon, opéra-comique en trois actes (1866)
Livret de Jules Barbier et Michel Carré d’après les Années d’apprentissage de Wilhelm Meister de Goethe.
Accentus
Orchestre philharmonique de Radio France
direction : François-Xavier Roth
mise en scène : Jean-Louis Benoit
décors : Laurent Peduzzi
costumes : Thibaut Welchlin
éclairages : Dominique Bruguière
Avec :
Marie Lenormand (Mignon), Ismael Jordi (Wilhelm Meister), Malia Bendi-Merad (Philine), Nicolas Cavallier (Lothario), Blandine Staskiewicz (Frédéric), Christophe Mortagne (Laërte), Frédéric Goncalves (Jarno), Laurent Delvert (un serveur). | |
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