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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Sir John Eliot Gardiner dirige les Cantates de Bach au Festival de Saint-Denis, France.
Un Bach torrentiel signé Gardiner
En dépit de quelques restrictions budgétaires, John Eliot Gardiner poursuit vaille que vaille la grande aventure musicale qu'il a entreprise pour célébrer le 250e anniversaire de la mort de Bach : un tour d'Europe des monuments religieux, scandé par l'exécution des cantates écrites par le Kantor pour le jour même du concert.
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Basilique, Saint-Denis
Le 02/07/2000
Yutha TEP
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Si le projet de Gardiner est colossal, ses options dans l'interprétation de Bach n'ont guère changé : c'est avant tout la lecture d'un chef, marquée par des tempi infernaux, notamment dans la cantate BWV10 connue aussi sous le nom de Magnificat allemand. Emporté par un torrent de doubles croches, les solistes, le choeur et l'orchestre participent d'un seul et même flux musical. Le continuo est sautillant et parfois cinglant, les articulations pareillement abruptes, et les chorals attaqués précipitamment et sans respiration. Ici, seuls l'élan et la pulsation priment. Dans ce contexte, distinguer les qualités individuelles des interprètes relève presque du contresens. Pourtant, il est impossible de ne pas admirer la cohésion des cordes et la rare justesse des vents (très belle prestation du trompettiste Gabriele Cassone, un Italien habitué du Concerto Italiano).
De son côté, le Monteverdi Choir est égal à sa légende : d'une précision clinique et d'un fondu des voix saisissant. L'homogénéité du quatuor de solistes - très sollicité par les tempi de Gardiner - appelle autant d'éloges. Déjà remarquée dans l'intégrale des cantates de Koopmann chez Erato, la soprano Lisa Larsson fait preuve d'une belle longueur de souffle et d'une remarquable sûreté technique, notamment dans les nombreux sauts d'intervalle que Bach multiplie à plaisir. Lorsque Gardiner lui en laisse le temps, elle expose un timbre lumineux et une diction à citer en exemple. À ses côtés, on retrouve sans surprise le professionnalisme de Daniel Taylor, timbre sans grand caractère, mais là encore, technique excellente et une qualité instrumentale de la voix qui répond parfaitement aux exigences du chef. On doit cependant la plus belle prestation de la soirée au ténor James Gilchrist. Son timbre est rond et soyeux à l'anglaise et se démarque du flegme cher à ses collègues britanniques. Enfin, même si le vibrato tend à devenir quelquefois excessif, la classe musicale de Stephen Varcoe reste intacte.
Quelle conclusion tirer de cette soirée ? Une passionnante expérience musicale assurément que ce Bach à 100 000 volts mais on peut facilement préférer les interrogations spirituelles façon Herreweghe ou Leonhardt.
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Basilique, Saint-Denis Le 02/07/2000 Yutha TEP |
| Sir John Eliot Gardiner dirige les Cantates de Bach au Festival de Saint-Denis, France. | Jean-SĂ©bastien Bach : BWV 2 : Ach, Gott, von Himmel sieh darein - BWV 10 : Meine Seel erhebt den Herren - BWV 76 : Die Himmel erzaehlen die Ehre Gottes - SchĂĽtz : Motet Meine Seel erhebt den Herren.
The Monteverdi Choir
The English Baroque Soloists
Sir John Eliot Gardiner, direction
Avec Lisa Larsson (soprano), Daniel Taylor (contre-ténor), James Gilchrist (ténor), Stephen Varcoe (baryton). | |
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