|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
|
Partitas pour clavier de Bach par le pianiste András Schiff dans le cadre de Jeanine Roze Production au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Un retour monumental
Retour attendu au Théâtre des Champs-Élysées du pianiste hongrois András Schiff, qui n’y avait pas donné de récital depuis de nombreuses années, avec un lourd programme qui est un tour de force : l’intégrale des Partitas pour clavier de Jean-Sébastien Bach. Triomphe mérité après un long concert d’une grande intensité.
|
|
Bons baisers d’Eltsine
RĂ©gal ramiste
L'Étrange Noël de Mrs Cendrillon
[ Tous les concerts ]
|
TCE bien rempli et public étonnamment concentré pour un programme ardu alignant les six Partitas pour clavier de Bach par András Schiff. Ce formidable musicien boudait les salles de concert parisiennes après de cuisants articles de presse, fait d’une cabale organisée contre lui.
On ne l’avait pas vu avenue Montaigne pour un récital depuis 1994, et les inconditionnels dont nous sommes devaient prendre l’Eurostar pour l’entendre à Londres où il réside et joue régulièrement au Wigmore Hall. Il y a fêté il y a deux ans ses trente ans de carrière avec les Variations Goldberg qu’il avait jouées pour ses débuts sur cette scène illustre.
On ne sait qu’admirer le plus dans l’art de Schiff, particulièrement dans Bach qu’il joue et enregistre depuis ses débuts dans son pays d’origine, la Hongrie. Certainement la sérénité de son jeu, reposant sur une attitude au clavier d’un immobilisme et d’une rigueur absolus.
La façon aussi dont il module son toucher pour donner les couleurs que refuse l’instrument d’origine à ces « Exercices pour le clavier » tels qu’ils ont été nommés, le quasi premier opus publié à ses frais par Bach et conçu pendant le temps de son cantorat à Leipzig entre 1725 et 1730 « pour la récréation de l’esprit des amateurs ».
Tout repose sur une conception rythmique impeccable à laquelle s’ajoute une liberté sans fantaisie gratuite dans l’ornementation et la dynamique de ces pièces. Il adopte un ordre qu’il ne justifie pas, mais qui semble bien être une volonté de les présenter selon leur degré de sophistication et de virtuosité.
Débutant par les n° 5, 3, 1 et 2, il réserve pour la seconde partie les deux plus riches et élaborées sur le plan contrapunctique que sont la Quatrième et la Sixième Partita. Sans vouloir oser la moindre comparaison, il faut remonter à Sviatoslav Richter et Tatiana Nikolaïeva pour se souvenir d’une telle clarté dans l’exposé du contrepoint de ces deux opus.
Vingt-cinq ans séparent les deux enregistrements que Schiff a réalisés de ces Partitas et dont le dernier est une nouveauté du mois. Plus que de maturation, c’est certainement de continuité qu’il faut parler pour caractériser l’évolution de son jeu. Ce retour annonce-t-il une suite ? Schiff ne figure pas au programme des pianistes invités de la déjà riche saison de Jeanine Roze au Théâtre des Champs-Élysées pour 2010- 2011.
| | |
|
Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 10/04/2010 Olivier BRUNEL |
| Partitas pour clavier de Bach par le pianiste András Schiff dans le cadre de Jeanine Roze Production au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Johann-Sebastian Bach (1685-1750)
Intégrale des Partitas pour clavier
András Schiff, piano | |
| |
| | |
|