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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital de la soprano Soile Isokoski accompagnée au piano par Marita Viitasalo à l’Opéra de Paris.
Une grande professionnelle
Souvent entendue à Paris au théâtre comme en concert, la soprano finlandaise Soile Isokoski s’est tirée en grande professionnelle de l’épineuse épreuve du récital au Palais Garnier, une salle qui se révèle au fil des soirées de ce type finalement peu adaptée à l’exercice. Une belle soirée de chant à la mise en route un peu difficile.
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N’est-ce finalement pas une erreur que de donner des récitals chant-piano dans ce lieu où tout est fait pour que s’établisse un rapport de force égal entre la somptuosité de la salle et la magie de la scène et de la fosse ? L’art du Lied et de la mélodie est par nature un genre intimiste. À Garnier, rien ne contribue à créer le moindre climat d’intimité.
Pour s’en sortir avec éclat, il faut une puissante présence physique, de préférence une grande voix, et une manière d’habiter ce que l’on chante sans pour autant trop en faire qui ne sont pas monnaie courante. On se rappelle ces derniers temps le cuisant échec d’un Ben Heppner et à l’inverse la réussite d’un Jonas Kaufmann, ou encore, mais il y a bien longtemps, celle d’une Leontyne Price. Ces deux derniers avaient à la fois le physique et le sens de la scène leur permettant de ne pas sembler perdus devant ce rideau et face à ces ors.
Consciente de tout cela ou seulement impressionnée par le face à face avec une salle aussi vaste et très honorablement remplie pour une soirée de dimanche 2 mai, Soile Isokoski, solide petite silhouette vêtue de couleurs nordiques et gaies, paraît peu à l’aise dans les six mélodies de Grieg qui ouvrent la soirée. On ne retrouve vraiment ni la pureté aérienne des aigus, ni la sûreté du médium de sa Desdémone, de sa Comtesse, de sa Daphné du Châtelet ou des Lieder de Strauss au Théâtre des Champs-Élysées.
Avec les quatre mélodies de Duparc qui suivent, la voix commence à se libérer, à phraser avec plus de souplesse, malgré une élocution française inégale. On sent que la cantatrice reprend peu à peu tout en main, elle-même et son public. Quatre Lieder de Brahms avant l’entracte, et nous y sommes quasiment. L’expression s’extériorise plus chaleureusement, le médium s’adoucit et les aigus fusent dans une belle lumière.
C’est après l’entracte, avec les cinq admirables mélodies de Britten, On this Island, que l’on retrouve tout ce qui fait de Soile Isokoski l’une des sopranos les plus appréciées de par le monde dans un vaste répertoire allant de Mozart à Marguerite de Faust notamment.
L’émission est sûre, les aigus maîtrisés, triomphants ou évanescents, mais d’une admirable matière, la musicalité sans faille. Un grand moment d’art de la mélodie, qui se poursuit avec les quatre pages de Strauss qui concluent le programme, même si une légère inégalité du médium se fait à nouveau sentir dans l’ultime et si difficile Cäcilie.
Une belle soirée de musique, mais qui eût certainement, avec l’accompagnement efficace mais discret de Marita Viitasalo, semblé plus à sa place ailleurs que dans ce temple qui réclame, pour soutenir une voix, les déploiements d’un orchestre, qu’il soit sur scène ou dans la fosse.
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Palais Garnier, Paris Le 02/05/2010 GĂ©rard MANNONI |
| Récital de la soprano Soile Isokoski accompagnée au piano par Marita Viitasalo à l’Opéra de Paris. | Edvard Grieg (1843-1907)
Sechs Lieder op. 48
Henri Duparc (1848-1933)
Chanson triste
L’invitation au voyage
Le manoir de Rosemonde
Extase
Johannes Brahms (1833-1897)
Die Mainacht
Der Tod, das ist die kĂĽhle Nacht
Das Mädchen spricht
Meine Liebe ist grĂĽn
Benjamin Britten (1913-1976)
On the Island, cinq mélodies
Richard Strauss (1864-1949)
Die Georgine
Meinem Kinde
Morgen
Cäcilie
Soile Isokoski, soprano
Marita Viitasalo, piano | |
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