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CRITIQUES DE CONCERTS |
22 décembre 2024 |
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Création française de Magdalena de Villa-Lobos dans une mise en scène de Kate Whoriskey et sous la direction de Sébastien Rouland au Théâtre du Châtelet, Paris.
Une curiosité au Châtelet
Chatoyante création au Châtelet : Magdalena, curiosité entre opéra, comédie musicale et folklore, et qualifiée de musical adventure par son auteur, le compositeur brésilien Heitor Villa-Lobos, n’avait jamais été donnée en France. Une belle réussite encore pour Jean-Luc Choplin, grand défenseur des ouvrages rares.
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Jean-Luc Choplin, directeur du Châtelet, a le don de découvrir des œuvres rares. Musical adventure, tel est le sous-titre donné à Magdalena par son compositeur. Cette pièce créée à New York en 1948 est quasiment inconnue à Paris où pourtant elle se déroule en partie. Villa-Lobos adorait Paris où il séjourna à plusieurs reprises. Il habitait place Saint-Michel, fut ami avec Blaise Cendrars dont il partageait l’esprit de vagabondage romanesque, bourlinguant l’un et l’autre dans des aventures qui n’ont jamais existé.
D’ailleurs, quand Villa-Lobos évoque les grandes forêts amazoniennes, on sait qu’il n’alla dans les bois que sur les hauteurs de Rio ! À Paris, il portait un culte à l’impressionnisme ravélien et, en retour, le public parisien adorait le primitivisme musical de celui qui s’appelait volontiers l’Indien blanc.
Tout cela se retrouve dans la musique, une partition melting pot, vrai pot pourri où l’on retrouve quelques mélodies empruntées à ses œuvres précédentes, notamment à ses célèbres Bachianas brasileiras, mais aussi au folklore de son pays. Tout cela avec une ampleur, une opulence magnifiquement colorée.
Créée par le metteur en scène Jules Dassin, l’œuvre qui fut la plus chère de l’époque à Broadway, joua de malchance en raison d’une grève des techniciens et ne rencontra guère de succès. Même si Leonard Bernstein devait y piocher des éléments pour West Side Story, c’est le livret qui fut peu apprécié.
Il évoque un caudillo d’une Colombie fantaisiste, une aventureuse cuisinière parisienne maîtresse du tyran, le conflit entre l’église catholique et les religions locales, l’exploitation des Indiens dans des mines d’émeraude par les colonialistes, les amours entre un Indien et une convertie. Tout cela dans une lutte pour la justice, la nature.
Aujourd’hui, le livret un peu naïf paraît plutôt écolo et donc d’actualité. Le décor et les costumes très colorés relèvent du livre d’images et la mise en scène rythmée souligne la fantaisie d’un musical qui ne se prend pas au sérieux. Il est fort bien chanté, notamment par les deux sopranos Aurélia Legay et Marie-Ève Munger. Méconnaissable en obèse Général Carabaña, François Le Roux est irrésistible.
Un seul regret : la sonorisation puissante – comme trop souvent au Châtelet – enlève un peu de poésie à la musique.
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Théatre du Châtelet, Paris Le 18/05/2010 Nicole DUAULT |
| Création française de Magdalena de Villa-Lobos dans une mise en scène de Kate Whoriskey et sous la direction de Sébastien Rouland au Théâtre du Châtelet, Paris. | Heitor Villa-Lobos (1887-1959)
Magdalena, musical adventure en deux actes (1948)
Livret de Frederick Hazlitt Brennan & Homer Curran
Adaptation et Lyrics de Robert Wright & George Forrest
Chœurs du Châtelet
Orchestre symphonique de Navarre
direction : Sébastien Rouland
mise en scène : Kate Whoriskey
décors : Derek McLane
costumes : Paul Tazewell
chorégraphie : Warren Adams
Avec :
Mlamli Lalapantsi (Pedro), Marie-Ève Munger (Maria), Aurélia Legay (Teresa), François Le Roux (Général Carabaña), Harry Nicoll (The old One), Matthew Gonder (Docteur Blanco), Victor Torres (Padre Jose), Vincent Ordonneau (Zoggie). | |
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