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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 novembre 2024 |
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Nouvelle production d’Hamlet de Thomas mise en scène par Vincent Boussard, sous la direction de Nader Abbassi à l’Opéra de Marseille.
Un Hamlet de référence
Patrizia Ciofi (Ophélie)
L’Opéra de Marseille clôture sa saison avec un Hamlet qui réhabilite définitivement l’ouvrage injustement sous-estimé d’Ambroise Thomas, grâce à une production de Vincent Boussard d’une subtile intelligence respectant le caractère dix-neuvième de l’adaptation shakespearienne, et une brillante interprétation musicale comme vocale.
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Lights, camera, action !
Vigueur et courants d’air
En passant par la mort
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Le temps du purgatoire est-li enfin révolu pour Ambroise Thomas ? Après la redécouverte de Mignon grâce au spectacle exemplaire présenté salle Favart, l’Opéra de Marseille propose un Hamlet sur tous les plans sensationnel. Un sans-faute autant au niveau de la cohérence théâtrale d’une production qui permet d’oublier Shakespeare sans trahir l’essentiel, que de l’étonnante qualité musicale prodiguée à la fois par un orchestre dont les sonorités et les couleurs n’ont pas toujours été aussi lumineuses et par l’homogénéité du plateau.
Il n’est pas inutile de rappeler que ce même Hamlet a triomphé au Met de New York en mars dernier, malgré la défection de Natalie Dessay pour qui l’ouvrage avait été monté, avec un Simon Keenlyside magistral dans le rôle-titre. L’Opéra de Washington vient également de l’afficher en mai, avec Plácido Domingo au pupitre et Elizabeth Futral remplaçant Diana Damrau, dans l’attente d’un heureux événement.
Dans la cité phocéenne, l’événement est d’abord la première Ophélie de Patrizia Ciofi. Certes, on avait salué la délicate Manon de la soprano transalpine la saison dernière en Avignon. En Ophélie, qui comme Lucia correspond idéalement à ses moyens et à son art de belcantiste émérite, elle se révèle simplement divine de grâce et de poésie, son chant subtilement irisé exprimant la fragilité et le désarroi d’une âme égarée, gagnée progressivement par la démence, notamment dans une scène de la folie anthologique s’achevant par des aigus étoffés et percutants.
Même victime d’un coup de mistral qui, d’évidence, lui a fait perdre une partie de ses moyens, surtout dans la seconde partie de la soirée, Franco Pomponi est un Hamlet de classe. Plus encore que sa partenaire, son élocution du français est impeccable. Sans doute ce beau ténébreux fougueux et viril est-il plus proche du jeune Antonio Banderas que de Kenneth Branagh, mais son ardeur et son expressivité font mouche.
Le Claudius élégant et séduisant de Nicolas Cavallier s’impose également. Sans démériter, la Gertrude provocante et pulpeuse de Marie-Ange Todorovitch est plus convaincante sur le plan scénique que vocal, avec un chant généreux en décibels mais stylistiquement débraillé et des aigus déchirés. Les seconds rôles sont irréprochables : mention au Laërte de Christophe Berry et à Patrick Bolleire en Spectre du roi.
Le décor unique de Vincent Lemaire, avec ses symboliques murs nacrés judicieusement éclairés créant une atmosphère fantomatique et oppressante, est indissociable de la réussite de la production. Même compliment aux costumes XIXe raffinés, dont la sublime mousseline blanche d’Ophélie, signés par Katia Duflot.
Intelligence dramatique, justesse de la direction d’acteurs – en particulier la lascivité érotique unissant le couple royal – caractérisent la mise en scène à la fois respectueuse et originale de Vincent Boussard, qui utilise toujours avec pertinence la salle pour l’entrée d’Hamlet et sa fuite au II mais aussi les loges d’avant-scène, et ose montrer un spectre marchant sur le mur et Ophélie se noyant dans sa baignoire. En toute logique, dans le contexte contemporain d’Ambroise Thomas du spectacle, la fin choisie est celle de l’original parisien de 1868, où Hamlet est couronné roi.
Révélation absolue de la soirée, le chef Nader Abbassi, qui est depuis 2001 directeur artistique et chef principal de l’Opéra du Caire, galvanise son orchestre en défendant la partition avec un raffinement, une délicatesse et une conviction irrésistibles. Coproducteur de cet Hamlet, l’Opéra du Rhin le présentera fin 2011 avec Stéphane Degout dans le rôle-titre.
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Opéra, Marseille Le 01/06/2010 Monique BARICHELLA |
| Nouvelle production d’Hamlet de Thomas mise en scène par Vincent Boussard, sous la direction de Nader Abbassi à l’Opéra de Marseille. | Ambroise Thomas (1811-1896)
Hamlet, opéra en cinq actes et sept tableaux (1868)
Livret de Jules Barbier et Michel Carré d’après Shakespeare
Chœur et Orchestre de l’Opéra de Marseille
direction : Nader Abbassi
mise en scène : Vincent Boussard
décors : Vincent Lemaire
costumes : Katia Duflot
Ă©clairages : Guido Levi
Avec :
Patrizia Ciofi (Ophélie), Marie-Ange Todorovitch (Gertrude), Franco Pomponi (Hamlet), Nicolas Cavallier (Claudius), Christophe Berry (Laërte), Patrick Bolleire (Le Spectre du roi), Bruno Comparetti (Marcellus), Alain Gabriel (Horatio), Antoine Normand (Polonius), Jean-Jacques Doumène (premier fossoyeur), Kévin Amiel (deuxième fossoyeur), Philippe Chevrier (double du spectre). | |
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