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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 novembre 2024 |
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Récital les Reines du bel canto de Patrizia Ciofi et Laura Polverelli accompagnées par l’Orchestre national d’Île-de-France sous la direction de Paolo Carignani au festival de Saint-Denis 2010.
Rendez-vous de Reines chez les Rois
Semaine faste pour les aficionados de bel canto : alors que Joyce DiDonato et Juan Diego Flórez font délirer le Palais Garnier, le festival de Saint-Denis invite l’incomparable soprano Patrizia Ciofi – hélas trop rare à Paris – dans un beau programme d’airs et de duos rossiniens et donizettiens avec la mezzo Laura Polverelli.
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Lights, camera, action !
Vigueur et courants d’air
En passant par la mort
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Clin d’œil à l’histoire en même temps que fête vocale au festival de Saint-Denis accueillant une étonnante soirée de beau chant italien avec deux divas transalpines. Judicieusement composé, le programme met en présence une brochette de reines anglaises et écossaise. La Reine Elisabeth, première du nom of course ! Héroïne à la fois de Rossini dans Elisabetta Regina d’Inghiltera et de Donizetti dans Maria Stuarda où elle affronte la malheureuse Reine d’Écosse.
Également au rendez-vous, Ann Boleyn et Jane Semour, qui furent toutes deux les épouses d’Henri VIII et donc (brièvement) reines d’Angleterre. Le livret d’Anna Bolena de Donizetti est basé sur leur rivalité. Duos de reines, joutes de reines, Reines éplorées ou menaçantes, dans la basilique des Rois de France : une soirée historique inattendue et d’autant plus réussie que les deux cantatrices sont elles aussi des reines… du bel canto !
Sans doute l’art de Patrizia Ciofi, qui est actuellement unique parmi les sopranos de son répertoire, l’emporte-t-il sur les qualités moins exceptionnelles de sa partenaire. Laura Polverelli est certes une impeccable technicienne, mais son timbre est à la fois ingrat et plus uniforme au niveau des couleurs, d’où une expressivité limitée. Elle se montre néanmoins extrêmement convaincante dans l’air de Giovanna d’Anna Bolena, puis dans le magnifique duo avec l’Anna élégiaque de Ciofi.
Une Ciofi dont on admire une fois de plus l’engagement et une vocalità qui n’est jamais celle des effets gratuits mais toujours motivée par le texte et les sentiments exprimés par son personnage. Bref, l’expression véritable du bel canto, tel qu’il devrait toujours être, que ce soit dans ces pages donizetiennes ou dans l’air de Matilde Sento un interna voce d’Elisabetta Regina d’Inghilterra de Rossini.
Une occasion aussi de noter combien l’acoustique parfois ingrate de Saint-Denis est favorable à des voix aussi musicales et bien placées. Comme à Orange, ici, ce ne sont pas les grandes voix qui passent le mieux !
Compliments à la direction épatante de Paulo Carignani à la tête d’un Orchestre national d’Île-de-France irréprochable dans les airs, comme dans les ouvertures dont celle vive et alerte d’Elisabetta, célébrissime car reprise par le compositeur pour son Barbier de Séville !
Au passage, on regrettera donc que ce maestro n’ait pas été en charge de la Donna del Lago entendue la veille à Garnier !
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Basilique, Saint-Denis Le 22/06/2010 Monique BARICHELLA |
| Récital les Reines du bel canto de Patrizia Ciofi et Laura Polverelli accompagnées par l’Orchestre national d’Île-de-France sous la direction de Paolo Carignani au festival de Saint-Denis 2010. | Gioacchino Rossini (1792-1968)
Elisabetta Regina d'Inghilterra, extraits
Gaetano Donizetti (1797-1848)
Maria Stuarda, Anna Bolena, extraits
Patrizia Ciofi, soprano
Laura Pollverelli, mezzo-soprano
Orchestre national d’Île-de-France
direction : Paolo Carignani | |
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