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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Orfeo triomphe des éléments
C'est Beaune qui, comme chaque année, a ouvert la ronde des festivals de l'été. Avec la fièvre monteverdienne de ce samedi 1er juillet où L'Orfeo était confié à l'inimitable savoir-faire de Jordi Savall à la tête de la Capella Reial de Catalunya et du Concert des Nations.
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Bons baisers d’Eltsine
Chambre déséquilibrée
Régal ramiste
[ Tous les concerts ]
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Le temps n'est pas exactement radieux en France en cette période estivale. D'entrée, un violent orage faillit nous priver de l'opéra fondateur du Crémonais, chassé de la Cour des Hospices fameuse pour n'être finalement donné qu'à minuit en la Basilique Notre-Dame !
Héroïque, le très nombreux public fut récompensé de son attente par une représentation installée, dès la toccata liminaire, dans l'excellence. Plus précisément, Savall s'implique ici dans un processus inexorable, à l'écoute des symboles et des signes (magiques, christiques) dont la musique est saturée ; et, en même temps, suprêmement attentif au rythme d'un recitativo inspiré, en toute occasion, de la parole et du pouvoir du mot.
De plus, il sait jouer en maître de l'espace a priori réducteur de la version de concert, pour livrer l'oeuvre à une urgence fondamentale qui dit aussi bien le vertige du drame que la fracture de l'affliction. Et son charisme fait le reste, fédérant les énergies et les ferveurs, d'abord à l'orchestre : celui, superbe de couleurs, de brio, du Concert des Nations, puis aux voix où vibre l'humanité de Furio Zanasi, chanteur si juste, diseur si vrai dans le rôle-titre. Un talent qui ne doit pas pour autant faire oublier la Messagère de Gloria Banditelli, le Charon au creux de l'abîme d'Antonio Abete, le Pluton altier de Daniele Carnovitch, et, bien évidemment, la Musica sublimée de Montserrat Figueras, telle une fragile image mystique.
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