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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Deuxième concert du San Francisco Symphony Orchestra sous la direction de Michael Tilson Thomas au festival de Lucerne 2010.
Lucerne 2010 (3) :
Du savoir-faire à l'anthologie
Après un premier programme plutôt décevant, Tilson Thomas propose un concert allemand qui montre davantage sa capacité à transcender le répertoire du vingtième siècle. Et s’il demeure un chef dans le fond assez peu habité par des visions enthousiasmantes, son Concerto à la mémoire d'un Ange avec Tetzlaff restera d'anthologie.
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Michael Tilson Thomas, après avoir plutôt déçu cette année dans Mahler, aura davantage séduit lors de sa deuxième apparition. L'interprétation qu'il donne de l'ouverture du Vaisseau fantôme séduit par son acuité et la puissance de ses cuivres. Certes, l'œuvre n'est pas habitée par une vision extrêmement personnelle, mais la lecture fait son effet en ouverture de concert.
On trouvera cependant l’acmé de cette soirée dans Berg, où MTT sait rendre une lisibilité bienvenue à une partition touffue au plan polyphonique, mais aussi rendre la trajectoire de cet ouvrage complexe à suivre dans son déroulement, d'autant que chaque timbre est soutenu par l'expression adéquate.
La collaboration avec Christian Tetzlaff est par ailleurs une complète réussite, dans une leçon d'équilibre orchestre-soliste. Tout est parfaitement senti, vivant, et la partie soliste est portée par un soliste aussi sensible que techniquement irréprochable : chaque note est intensément vécue, pour rendre un discours lyrique jusqu'à devenir brûlant, viennois dans ses courbes. Dans une partition où beaucoup de grands artistes échouent, Tetzlaff assoit sa pertinence technique et musicale pour donner une interprétation anthologique.
La lecture de Tilson Thomas de la Cinquième Symphonie de Beethoven appelle une remarque préalable. Il ne viendrait pas à l'idée d’un architecte de construire une cathédrale en commençant par la toiture au lieu des fondations. Dans cette optique, nous avons souvent été gênés dans le passé par un manque de grave dans l'image sonore du San Francisco Orchestra.
Or, pour une fois, le chef américain plonge véritablement dans la matière avec ce Beethoven, en charpentant davantage son discours. Ce faisant, il se situe dans la filiation des interprètes prenant en compte l'aspect révolutionnaire de la Cinquième, partition qui, pour la première fois dans l'histoire de la musique, travaille très clairement sur la densité sonore.
Les cordes du San Francisco ressortent ainsi comme jamais, et globalement, l'orchestre affiche une excellente tenue, au gré d'une lecture cursive suffisamment bien menée pour que l'on ne décroche jamais. On reste néanmoins sur sa faim. Et ce, un peu pour les mêmes raisons que la veille, à ceci près qu'à la différence de Mahler, le parti pris dans Beethoven est pertinent.
Somme toute, cette lecture tout à fait honnête et vivante demeure sans surprise. Pas une prise de risque ne vient ni perturber ni éventuellement permettre la transe nécessaire à chaque recréation musicale. L'ensemble transparaît paradoxalement comme un magnifique joyau orchestral sans éclat.
À défaut d'une expérience artistique authentique, on se contentera d'un excellent savoir-faire et on restera sur l'interprétation de Berg, indubitablement plus à même de répondre à cette attente.
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Konzertsaal, Kultur- und Kongresszentrum, Luzern Le 12/09/2010 Benjamin GRENARD |
| Deuxième concert du San Francisco Symphony Orchestra sous la direction de Michael Tilson Thomas au festival de Lucerne 2010. | Richard Wagner (1813-1883)
Der fliegende Holländer, ouverture
Alban Berg (1885-1935)
Concerto pour violon « à la mémoire d'un ange »
Christian Tetzlaff, violon
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie n° 5 en ut mineur op. 67/I>
San Francisco Symphony Orchestra
direction : Michael Tilson Thomas | |
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