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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 novembre 2024 |
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Première à l’Opéra de Nice des Dialogues des Carmélites de Poulenc mis en scène par Robert Carsen, sous la direction de Michel Plasson.
Les Carmélites ressuscitent Nice
Soirée de grâce à l’Opéra de Nice qui après avoir végété trop longtemps retrouve enfin sa vocation de grande scène internationale avec des Dialogues des Carmélites de Poulenc de miraculeuse perfection. Une véritable résurrection pour une maison rendue à son prestige grâce à une exécution musicale de premier ordre et à la mise en scène anthologique de Robert Carsen.
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Lights, camera, action !
Vigueur et courants d’air
En passant par la mort
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Surnommé la petite Scala tant sa salle évoque la prestigieuse sœur milanaise, l’Opéra de Nice a été pendant des décennies un théâtre de renommée internationale affichant des productions ambitieuses avec les plus glorieux artistes : Del Monaco, Windgassen, Domingo, Pavarotti, Gedda, Van Dam, Crespin, Jones, Meier… Au sommet de leur gloire, Caballe et Carreras y venaient chaque saison.
Après une période de routine provinciale, le premier spectacle de la prestigieuse saison programmée par Jacques Hédouin, l’administrateur général, préparée avec Alain Lanceron comme directeur artistique, replace d’emblée Nice parmi les meilleures scènes lyriques européennes. D’abord par le choix de l’ouvrage : Dialogues des Carmélites est avec Pelléas et Mélisande LE le chef-d’œuvre du répertoire français du XXe siècle.
Ensuite par celui de la production de référence signée par Robert Carsen à l’Opéra d’Amsterdam en 1997, avant son triomphe à la Scala, au Real de Madrid et à Anvers, mais qui n’avait jamais été présentée en France. Même souci de perfection au niveau de la direction musicale confiée pour ses débuts à l’Opéra de Nice à Michel Plasson, spécialiste émérite de la musique française et de Dialogues des Carmélites en particulier.
Last but not least, une distribution à la fois prestigieuse et idiomatique que Carsen lui-même a avoué être la meilleure qu’il ait jamais eue, et comportant trois prises de rôles majeures : Blanche, Mère Marie et Madame Lidoine.
Après sa récente Mélisande à l’Opéra Comique, Karen Vourc’h s’affirme comme une artiste de premier ordre. Sa Blanche investie et habitée, d’une musicalité parfaite, bouleverse la salle. Sophie Koch est d’une indomptable fierté en Mère Marie dont elle atténue la rigidité par l’ardeur de sa conviction vocale et dramatique. Il fallait oser confier à June Anderson un rôle aussi éloigné de son répertoire que Madame Lidoine.
Pour son grand retour à l’Opéra de Nice, où elle avait débuté en 1985 à l’aube de sa glorieuse carrière dans I Puritani, la diva américaine est étonnante de vérité, de simplicité et de naturel par le ton comme par l’expression. Sylvie Brunet confirme sa totale adéquation à Madame de Croissy avec un portrait d’autant plus déchirant que son articulation parfaite permet de saisir chaque mot de l’admirable texte de Bernanos. Hélène Guilmette est idéalement Sœur Constance.
Bravo à Jean-Philippe Lafont qui compose un Geôlier sidérant après avoir incarné le Marquis de la Force. Luxe suprême : Paul Agnew en Aumônier et le jeune ténor canadien Frédéric Antoun, exceptionnel Chevalier de la Force. Sous la direction inspirée et admirablement nuancée de Michel Plasson, qui parvient à ne jamais couvrir les voix, on retrouve l’Orchestre philharmonique de Nice de la grande époque, et les chœurs très sollicités par la mise en scène donnent le meilleur d’eux-mêmes.
Robert Carsen a supervisé lui-même sa production adaptée à la personnalité de chacun de ses nouveaux interprètes. D’une admirable rigueur, son spectacle fluide et épuré est non seulement un des meilleurs du grand metteur en scène canadien, mais il est déjà anthologique, avec sa bouleversante scène finale sans guillotine.
Heureux de retrouver son Opéra d’antan, le public niçois a longuement acclamé tous les protagonistes d’une soirée qui a semblé en osmose avec l’engouement général rencontré par le film Des hommes et des dieux.
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Opéra, Nice Le 07/10/2010 Monique BARICHELLA |
| Première à l’Opéra de Nice des Dialogues des Carmélites de Poulenc mis en scène par Robert Carsen, sous la direction de Michel Plasson. | Francis Poulenc (1899-1963)
Dialogues des Carmélites, opéra en trois actes et douze tableaux (1957)
Texte de la pièce de Georges Bernanos porté à l’opéra avec l’autorisation d’Emmet Lavery
Chœurs de l’Opéra de Nice
Orchestre philharmonique de Nice
direction : Michel Plasson
mise en scène : Robert Carsen
décors : Michael Levine
costumes : Falk Bauer
Ă©clairages : Jean Kalman
Avec :
Jean-Philippe Lafont (le Marquis de la Force / le Geôlier), Karen Vourc'h (Blanche), Frédéric Antoun (le Chevalier), Paul Agnew (L'aumônier du carmel), Sylvie Brunet (Madame de Croissy), June Anderson (Madame Lidoine), Sophie Koch (Mère Marie), Hélène Guilmette (Sœur Constance), Julia Brian (Mère Jeanne), Bérengère Mauduit (Sœur Mathilde), Richard Rittelmann (Officier), Thomas Morris (Premier commissaire), Bernard Imbert (Second commissaire), Ioan Hotensche (Thierry), Thierry Delaunay (M. Javelinot). | |
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