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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Première au Théâtre du Châtelet de Show Boat de Jerome Kern et Oscar Hammerstein II dans la production de Janice Honeyman et sous la direction d’Albert Horne.
Mississipi-sur-Seine
Il aura fallu quatre-vingt-un ans au musical Show boat pour retrouver le Théâtre musical de Paris. Créée en 1927 sur la musique de Jérôme Kern et le livret d’Oscar Hammerstein II à New-York, il fut monté en français deux ans plus tard au Châtelet sous le titre de Mississipi. Un retour dans la langue originale et une production parfaitement ficelée.
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Complicité artistique
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Hommage au réalisme poétique
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Revoilà sans la moindre ride ce chef-d’œuvre de la comédie musicale américaine qui à son époque fut si novateur. Les chansons ne sont plus, comme cela se faisait alors, une succession d’airs séparés ; elles sont au contraire imbriquées dans l’action.
Elle ne manque pas de péripéties, cette saga d’une famille d’artistes où tant d’intrigues se croisent sans qu’on en perde le fil. L’histoire se déroule sur une quarantaine d’années et aborde des thèmes comme le racisme, la ségrégation sociale ou encore l’alcoolisme peu fréquents sur les scènes de Broadway.
La musique de très grande qualité a des réminiscences d’opérette viennoise tout en empruntant aux communautés qui bordent le Mississipi. Ainsi le blues, les spirituals et le début du jazz ont-ils remonté le fleuve avant de faire la conquête d’Harlem puis de Broadway.
La plupart des airs nous sont familiers et font partie de l’inconscient collectif. Le plus célèbre est bien entendu celui qui exprime le dur travail des noirs. Quand il est interprété par la formidable basse Otto Maidi, les spectateurs jubilent. Les chanteurs sont inconnus en France. En effet cette production très colorée n’arrive pas de New York mais de Cape Town. Elle est un modèle d’entrain et d’allégresse. Quant aux musiciens de l’Orchestre Pasdeloup, ils s’amusent autant que les chanteurs et comédiens.
Depuis qu’il dirige le Théâtre du Châtelet, Jean-Luc Choplin fait aimer la comédie musicale aux Français. Il y met les moyens. Pourquoi n’a-t-il pas monté le spectacle en français comme ce fut le cas en 1929 ? Trop cher : mieux valait faire venir celui-ci tout prêt et bien ficelé.
Après cette réussite on attend pour les fêtes de fin d’année la célébrissime My Fair Lady.
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