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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre du Capitole de Toulouse sous la direction de Tugan Sokhiev, avec la participation du pianiste Nicholas Angelich à la salle Pleyel, Paris.
Le Tsarévitch Sokhiev
Les hasards du calendrier ont permis d’entendre le lendemain de Valery Gergiev au Châtelet son ancien assistant Tugan Sokhiev, à la tête de l’Orchestre du Capitole qui vient de prolonger son contrat. C’était salle Pleyel, dans le cadre d'une tournée des musiciens toulousains. Après le Tsar, le Tsarévitch : même aura, même ampleur de battue, même sonorité.
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Le plaisir, l’enthousiasme et le désir, voilà les sensations que l’on retient du concert de l’Orchestre du Capitole avec Tugan Sokhiev. Entre le chef ossète et les musiciens toulousains, contre toute attente, l’alchimie a opéré. Et un peu plus de quatre ans après leur première rencontre, Sokhiev vient d’être reconduit à la tête de l’Orchestre du Capitole.
Les musiciens étaient très anxieux. Leur chef n’est-il pas sollicité par le monde entier ? Sokhiev a tranché. Il a dit un nouveau oui à Toulouse : un coup de foudre. À 33 ans, il s‘impose par sa maîtrise, sa sensibilité, ses exigences et sa prudence. Les musiciens toulousains, après le départ de Michel Plasson qui pendant trente-cinq ans a régné sur le Capitole, ont plébiscité Sokhiev.
Il n’est pas parti de rien mais d’un orchestre magnifique sculpté dans la finesse et la transparence de la musique française. Formateur d’orchestres, Plasson s’en est allé depuis en Asie. À Pékin, il donne à l’orchestre national une couleur subjugante. Quand il propose une œuvre symphonique, ses musiciens asiatiques lui disent qu’ils ont écouté ses enregistrements dans cette même pièce. Ils savent déjà ce qu’il souhaite. Allez donc imaginer cela en occident !
Sokhiev à Toulouse s’est imposé dans sa musique, évidemment russe. Il dit d’ailleurs avoir « cuisiné dans la même casserole que les chefs Temirkanov et Gergiev », comme pour s’excuser. Peu à peu, il s’en affranchit. Il déborde, il envahit tout l’univers musical.
Retour sur image et sur son concert de ce 3 novembre : en ouverture, le Deuxième Concerto de Rachmaninov. Ce tube romantissime est tellement célèbre que, devenu musique de fond de tant de téléfilms et de longs métrages, il faut, en concert, le réinventer. Au piano, le géant délicat Nicholas Angelich s’y escrime : son jeu est puissant, généreux, sensible, intériorisé et olympien. C’est un magnifique dépoussiérage.
Les Tableaux d’une exposition de Moussorgski orchestrés par Ravel sont emblématiques à la fois du répertoire russe et de la musique française. Dans les contrastes violents, la combinaison des timbres et la référence à une palette orientaliste, la virtuosité fascine. Sokhiev hypnotise son orchestre dans une intériorité puis une puissance et une fulgurance inouïes.
Timbres somptueux, éloquence maîtrisée des vents : c’est splendide. Après deux bis, d’abord les notes magiques de Pagliacci puis la frénésie du Trepak de Casse-Noisette, le public libère son enthousiasme : Sokhiev est un chef aussi inventif et fulgurant dans tous les répertoires.
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Salle Pleyel, Paris Le 03/11/2010 Nicole DUAULT |
| Concert de l’Orchestre du Capitole de Toulouse sous la direction de Tugan Sokhiev, avec la participation du pianiste Nicholas Angelich à la salle Pleyel, Paris. | Sergei Rachmaninov (1873-1943)
Concerto pour piano n° 2 en ut mineur, op. 18
Nicholas Angelich, piano
Modest Moussorgski (1839-1881)
Tableaux d’une exposition
Orchestration de Maurice Ravel
Orchestre de l’Opéra national de Toulouse
direction : Tugan Sokhiev | |
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