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CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
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Nouvelle production des Mamelles de Tirésias de Poulenc dans une mise en scène de Macha Makeïeff et sous la direction de Ludovic Morlot à l’Opéra Comique, Paris.
Des Mamelles dégonflées
Bric-à -brac d’idées échevelées et d’une fantaisie saugrenue, les Mamelles de Tirésias de Francis Poulenc reviennent à l’Opéra Comique aux côtés du Bœuf sur le toit de Darius Milhaud et du Foxtrot de la Jazz suite n° 1 de Dimitri Chostakovitch, dans une mise en scène de Macha Makeïeff qui se révèle plus Deschiens que Dada.
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Complicité artistique
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Hommage au réalisme poétique
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Pourquoi n’adhère-t-on pas avec enthousiasme à cette production foisonnante et burlesque, dans cette salle Favart où les Mamelles de Tirésias furent crées en 1947 par Francis Poulenc, sur le texte écrit par Guillaume Apollinaire un an avant sa mort ? Douée de bonnes intentions et d’une connaissance encyclopédique de la fantaisie bouffe, Macha Makeïeff en met plein la vue. Elle multiplie les gags. Mais trop c’est trop, et malgré les rires, on se perd un peu entre ces Mamelles dégonflées.
Comme la pochade est fort courte, moins d’une heure, Makeïeff l’a associée à un bijou foxtrot, la Jazz suite de Chostakovitch. Puis fait son entrée un très massif bœuf en chair et en os. Il évoque évidemment le Bœuf sur le toit de Darius Milhaud. Cette musique samba est alors jouée allègrement par l’orchestre de l’Opéra de Lyon sous la direction du chef Ludovic Morlot. Bonne idée, puisque Poulenc avait dédié ses Mamelles à Darius Milhaud.
Le bœuf traverse paisiblement la scène comme plus tard un toutou en tutu et le basset hound de l’inspecteur Columbo. Les animaux distraient les spectateurs, a toujours répété Hugues Gall, qui les avait exclus de toutes les mises en scènes de l’Opéra.
Ici, ils ne créent que la confusion dans une multitude d’allusions à l’univers du cirque et du music hall auquel se réfère Macha Makeïeff : un clown blanc en maître de cérémonies, une pulpeuse Joséphine Baker toutes bananes dehors – c’est un homme – des acrobates poivrots, ou encore le directeur de théâtre portant un bandage à la tête comme Guillaume Apollinaire qui fut trépané.
Dans ces Mamelles mises en musique beaucoup plus tard par Francis Poulenc, le poète a anticipé la dérision et les provocations du mouvement Dada. L’intrigue, fort mince, est une satire antiféministe sur l’importance donnée aux femmes qui prirent la place des hommes pendant la Grande Guerre. Elle s’inspire du mythe de Tirésias.
Ainsi, l’héroïne Thérèse (rayonnante Hélène Guilmette) ne veut plus se soumettre à son mari. Elle se débarrasse de ses seins (un énorme soutien-gorge à paillettes s’envole alors dans les cintres) et se colle une moustache. La voilà transformée en homme qui pourra devenir soldat. Elle est Tirésias. Son mari (Ivan Ludlow), devenu femme, s’essaie à enfanter sans elle et avec l’aide du gendarme (l’inspecteur Columbo chanté par l’épatant Werner Van Mechelen). Elle donne naissance en un jour à 40 000 enfants, qui piaillent de partout.
Tout cela dans des jeux de mots et des coqs-à -l’âne que l’agitation du plateau ne permet pas de savourer. Certes, c’est drôle, dans un univers au premier degré à la Deschiens, ces savoureux personnages inventés jadis pour la télévision par Macha Makeïeff et son mari Jérôme Deschamps.
Ce qui manque à ces Mamelles, c’est l’humour et la poésie sur lesquels sont fondés Dada et le surréalisme. Sont également trop diffuses la malice, la fantaisie et l’émotion de la musique de Poulenc où l’on devrait percevoir déjà la gravité et l’intensité de Dialogues des Carmélites.
Reste un divertissement désopilant qui annonce la nomination de Macha Makeïeff à la tête du Théâtre de la Criée de Marseille où elle doit mélanger les genres en programmant du théâtre, de l’opéra et de la danse.
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Opéra Comique - Salle Favart, Paris Le 07/01/2011 Nicole DUAULT |
| Nouvelle production des Mamelles de Tirésias de Poulenc dans une mise en scène de Macha Makeïeff et sous la direction de Ludovic Morlot à l’Opéra Comique, Paris. | Francis Poulenc (1899-1963)
Les Mamelles de Tirésias, opéra-bouffe en un prologue et deux actes
Texte de Guillaume Apollinaire (1947)
Darius Milhaud (1892-1974)
Le BĹ“uf sur le toit, ballet sur un argument de Jean Cocteau (1920)
Dimitri Chostakovitch (1906-1975)
Jazz suite n° 1 : Foxtrot
Chœurs et Orchestre de l’Opéra de Lyon
direction : Ludovic Morlot
mise en scène, décors et costumes : Macha Makeïeff
Ă©clairages : Pascal Merat
Avec :
Hélène Guilmette (Thérèse / La Cartomancienne), Ivan Ludlow (le Mari), Werner Van Mechelen (le Directeur de théâtre / le Gendarme), Christophe Gay (Presto), Loïc Felix (Lacouf), Thomas Morris (le Journaliste parisien), Marc Molomot (le Fils), Jeannette Fischer (la Marchande de journeaux), Pei-Min Yu (la Dame élégante), Marie-Lys Langlois (une grosse dame), Paolo Stupenengo (un monsieur barbu), Sabine Hwang, Celia Roussel-Barber (les Sœurs siamoises), Hidefumi Narita (le Clown). | |
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