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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Première partie de l’intégrale des Sonates pour piano et violon de Beethoven par Renaud Capuçon et Frank Braley au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Nouvelle lumière pour Beethoven
Après les deux premières soirées de cette intégrale des sonates pour piano et violon de Beethoven, il est évident que Renaud Capuçon et Frank Braley apportent un éclairage nouveau sur ces pages, l’éclairage d’une jeune génération parvenue aujourd’hui à maturité, qui avec un son constamment soigné ne délaisse aucune des spécificités de chaque opus.
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Ils sont l’un comme l’autre des solistes de haut vol avec chacun sa personnalité, ce qui ne les a jamais empêchés d’être aussi des chambristes passionnés, volontiers partenaires dans diverses aventures collectives.
Capuçon mène personnellement une grande et éclatante carrière de concertiste très médiatisée. Braley, musicien d’un extrême raffinement et d’une belle intelligence, préfère un parcours moins exposé mais tout aussi apprécié des vrais amateurs de musique authentique. Ce sont tous deux des artistes attachants, sincères, enthousiastes et les entendre ensemble dans ce répertoire était bien l’un des moments très attendus de ce début d’année.
De ces deux premiers concerts où l’on entendit d’abord les Sonates n° 1, 6, 2 et 5, puis n° 4, 3 et 9, alternance astucieuse d’œuvres très différentes, il ressort quelques traits bien particuliers d’une lecture à la fois très attachée à l’héritage patrimonial des illustres aînés, mais absolument revu par la sensibilité d’une autre génération, marquée par toute l’effervescence musicale de la fin du XXe siècle et du début du XXIe.
Ainsi, les trois premières Sonates op. 12, plus ludiques, encore peu marquées par les drames personnels du compositeur, sont-elles traitées dans des couleurs claires, fraîches, où priment le jeu instrumental et une sorte de plaisir sensuel du beau son au service de brillantes structures. C’est astucieux, vif, tonique, spontané, jeune sans être immature.
Avec les Sonates op. 24, op. 30 et à plus forte raison la célèbre Sonate à Kreutzer op. 47, l’univers beethovénien est en pleine mutation, l’écriture du compositeur aussi, comme témoignent déjà les quatre mouvements de la Sonate n° 5 baptisée « le Printemps » et dont les deux interprètes traduisent à la perfection les charmes lyriques et les inquiétudes latentes.
De la Sonate à Kreutzer, ils donnent une traduction très en rapport avec la structure complexe, voire contradictoire de cette œuvre dont la composition fut très morcelée. Beaucoup de fougue dans le premier mouvement, de l’élégance et un climat assez « siècle des Lumières » dans la variation du deuxième, une virtuosité épatante dans le troisième. Il y a toujours une clarté de lecture bien significative de cette génération d’instrumentistes très implantés dans leur temps, ouverts sur le monde entier et la vie qui les entourent.
N’oublions pas de rappeler la qualité du son des deux interprètes, Capuçon à la tenue d’archet magistrale faisant vivre son Guarneri del Jesu de manière grisante aussi bien dans les aigus les plus ténus et translucides que dans les graves les plus charnus ou les plus rageurs, Braley dosant avec clairvoyance la fluidité et la fermeté d’un toucher soyeux, riche, toujours expressif. On attend maintenant l’ultime séance, vouée aux Sonates n° 7, 8 et 10.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 02/02/2011 Gérard MANNONI |
| Première partie de l’intégrale des Sonates pour piano et violon de Beethoven par Renaud Capuçon et Frank Braley au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Intégrale des Sonates pour piano et violon
Renaud Capuçon, violon
Frank Braley, piano | |
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