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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre du festival de Budapest sous la direction d’Iván Fischer, avec la participation de la soprano Petra Lang à la salle Pleyel, Paris.
Vive Wagner !
Visite à Paris d’un orchestre symphonique hongrois en tournée qui porte bien ses quasiment trente ans (fondé en 1983 par Iván Fischer et Zoltán Kokcis) sous la direction de son chef permanent depuis la fondation, Iván Fischer. Programme quasiment entièrement wagnérien, un peu trop roboratif, mais succès assuré auprès d’un public conquis d’avance.
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On parlait il y a peu de l’influence des programmes sur le public. Celui concocté (on l’imagine sans trop de problèmes métaphysiques) par Iván Fischer pour l’unique concert parisien de son Budapest Festival Orchestra, est particulièrement hypocrite.
Le programme nous annonce que ce concert est organisé dans le cadre de l’Année Liszt mise en œuvre par l’Institut français et l’Institut hongrois à Paris, ce que l’on est bien en droit d’attendre de la part d’un orchestre hongrois en tournée en ce début d’année commémoratrice du bicentenaire de la naissance du compositeur.
Quant au public, on peut dire qu’il était conquis d’avance. Jamais, même à Bayreuth on a entendu un spectateur crier Vive Wagner ! juste avant que le maestro ne lève sa baguette ! Les banderoles n’étaient pas loin…
De Liszt, une originalité certes, la Danse à l’auberge du village, extraite des Deux épisodes du Faust de Lenau S. 110 (1861), qui n’est autre que la version orchestrale du tube du répertoire lisztien pianistique Méphisto-Waltz n° 1, qui permet de mettre en évidence les qualités instrumentales de l’orchestre et la minutie de la direction.
Puis un bien lourd programme wagnérien en complément de ce sacrifice à l’année Liszt. Il est vrai que quand on parle de Liszt, Wagner n’est pas très loin et vice-versa, mais est-il bien raisonnable, pour précéder l’impressionnante suite d’extraits du dernier volet de la Tétralogie, de jouer à la file l’Ouverture et Bacchanale de Tannhäuser et le prélude des Maîtres chanteurs de Nuremberg ?
Surtout que, on a le regret de le rappeler, ces œuvres ne sont pas conçues pour le podium et pour des effectifs aussi imposants, et que la somme de décibels déployés surtout par les cuivres les privent un peu de leur magie, autrement souterraine, de fosse, sans parler de leur fonction de préludes.
Même si techniquement, les musiciens du Budapest Festival Orchestra ont toutes les capacités d’aligner ces deux plats de résistance, la direction appliquée d’Iván Fischer manque un peu trop de jarret pour soutenir l’attention aussi longtemps sur deux pièces aussi rabâchées.
Finalement, le meilleur du concert était gardé pour la fin avec les extraits de Crépuscule des dieux qui permettaient à l’orchestre de montrer enfin de vraies qualités dramatique et d’exhiber des vents exceptionnels – le cor de Siegfried sans aucune défaillance, ce n’est pas tout les jours qu’on entend cela !
Petra Lang chante sans faillir, avec des graves aussi profonds que ses aigus sont précis, une Immolation de Brünnhilde franche et solide, un peu en deçà de l’émotion contenue dans le texte, mais le fait d’isoler cette grande scène dramatique est à double tranchant : la chanteuse n’est certes pas fatiguée, mais elle n’a pas dans le corps ni la voix l’émotion de porter en elle le personnage pendant une bonne dizaine d’heures.
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Salle Pleyel, Paris Le 05/03/2011 Olivier BRUNEL |
| Concert de l’Orchestre du festival de Budapest sous la direction d’Iván Fischer, avec la participation de la soprano Petra Lang à la salle Pleyel, Paris. | Franz Liszt (1811-1886)
Danse à l’auberge du village extraite des Deux épisodes du Faust de Lenau S. 110
Richard Wagner (1813-1883)
Tannhäuser : Ouverture et Bacchanale
Les Maîtres chanteurs de Nuremberg : Prélude
Crépuscule des Dieux : Marche funèbre de Siegfried et Scène finale (Immolation de Brünnhilde)
Petra Lang, soprano
Budapest Festival Orchestra
direction : Iván Fischer | |
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