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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Patience de Gilbert et Sullivan dans la mise en scène de Donald Maxwell et sous la direction de Michael Rosewell à l’Auditorium du musée d’Orsay, Paris.
Soooo British !
On dit l’œuvre de Gilbert et Sullivan inexportable. Il ne l’a pas toujours été, mais il est vrai qu’aujourd’hui, pour voir le Mikado ou HMS Pinafore, il faut aller à Londres, au Canada britannique ou carrément en Australie. Cette année pourtant, dans le cadre du cycle les Préraphaélites, l’auditorium du musée d’Orsay a fait venir Patience, une rareté !
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Inclassable Patience, ou la Fiancée de Bunthome de Gilbert et Sullivan créé en 1881 à l’Opéra Comique de Londres dans l’ère victorienne et en proie aux modes esthétiques ? La preuve en est que le programme édité par le Musée d’Orsay, qui a invité le Royal College of Music de Londres à le donner en version scénique pour quatre représentations, le donne en page 1 pour une opérette, en page 2 pour un opéra et alors que l’analyse de l’œuvre deux pages plus loin l’intitule opéra-comique !
De fait, cette sixième collaboration de William S. Gilbert et Arthur Sullivan était à la création un comic opera, ce qui correspond bien à la terminologie de l’époque où l’œuvre, avec son alternance d’airs, ensembles et dialogues était après les Cloches de Corneville de Planquette la pièce légère la plus représentée à Londres.
La satire sociale y est férocement axée sur le Préraphaélisme, mouvement esthétique anglais des années 1870. S’agissant de porter au pinacle les valeurs esthétiques au mépris de toute autre forme artistique, les poètes idylliques de l’époque offraient une cible idéale. Deux poètes se partagent la scène, le charnel et emphatique Reginald Bunthorne et le plus simple et pastoral Archibald Grosvenor, clés pour des poètes en vogue de l’époque victorienne.
Face à eux, une bande des groupies virginales et excitées, en mal d’amour charnel, quelques éléments d’un bataillon de Dragons représentant force, fortune et virilité, censés être indemnes de préoccupations esthétiques – encore que… – et Patience, une laitière un peu godiche dont l’ingénuité renvoyait à l’époque au cliché de la jeune fille mariable dans cette société aux mœurs si codifiées.
Le livret de Gilbert s’empêtre parfois un peu dans le développement superflu, d’où quelques longueurs qui nuisent aux rebondissements, et la musique de Sullivan, même si elle exploite les habituels gimmicks rythmiques qui font le succès de ses plus grandes opérettes, compte des pages d’une légèreté toute pastorale.
La réalisation importée du Royal College of Music est parfaite pour l’Auditorium d’Orsay avec un petit ensemble orchestral de dix musiciens dirigé avec spiritualité par Michael Rosewell et des chanteurs jeunes mais déjà aguerris au jeu théâtral.
Éclairée par la présence d’un surtitrage qui s’inscrit intelligemment dans la toile de fond, n’obligeant pas le spectateur à une incessante gymnastique cervicale, la mise en scène de Donald Maxwell (l’excellent Alfred Doolittle de My Fair Lady au Châtelet l’an dernier) est très lisible et idéale pour un public français.
Si l’on en juge par la réactivité du public de l’Auditorium d’Orsay, la salle était garnie d’un public britannique et d’anglophones avertis. Beaucoup reste à faire pour la popularité de ces maîtres en France.
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Auditorium du Musée d'Orsay, Paris Le 05/05/2011 Olivier BRUNEL |
| Patience de Gilbert et Sullivan dans la mise en scène de Donald Maxwell et sous la direction de Michael Rosewell à l’Auditorium du musée d’Orsay, Paris. | William S. Gilbert & Arthur Sullivan
Patience ou La Fiancée de Bunthome, comic opera
Avec les Étudiants du Royal College of Music, London (U.K)
direction : Michael Rosewell
mise en scène : Donald Maxwell
Ă©clairages : Paul Tucker
costumes : Nicola Fitchett
arrangement : Eric Wetherell | |
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